La rivière de perles

Chapitre 2 : Traque au point du jour

A dix-sept ans, j'ai pu réussir mon diplôme de gemmologue haut la main tant j'étais passionné. J'ai également appris, durant mes courtes mais instructives années d'études, que les pierres avaient des propriétés magiques exploitables seulement par les Mages Minéraux. Intrigué, je me suis penché sur cette filière assez atypique, en effet aucun habitant originaire du village ne semblait être mage.
Finalement, c'est à vingt ans que je décidais de quitter le village pour entreprendre mon premier voyage. J'avais pris un grand sac à dos où je mettais mes habits, la nourriture, et bien sûr mes trouvailles que je rangeais dans une plus petite boîte pour ne pas les abîmer. Ma première trouvaille fût une magnifique Malachite, j'enchaînai vite une belle petite collection ; Lapis-lazuli, Azurite, Topaze, Amétiste, pierre de Jade, Grenat, Péridot, Morganite, Pyrop, Kunzite, pierre de Cuivre et et bien sûr l'un des plus communs le Quarts. N'ayant pas oublié les paroles du doyen je cherchais un peu partout, dans les montagnes, dans les vallées, aux alentours des petits villages comme le mien, mais je ne trouvais rien.

Je me rendis donc au village, non loin de la capitale, où même certains célèbres savants et scientifiques trouvaient leur bonheur, le village de Shiru* (village du Savoir). En visitant les lieux je finis par arriver à l'entrée du Hon no Rakuen* (Le Paradis des Livres). Je demandais à la bibliothécaire de m'indiquer où je pourrais trouver des livres sur les pierres précieuses. Au bout de cinq heures de recherches, je trouvais un livre dans lequel on pouvait trouver les meilleurs géologues du monde. Enfin je trouvais le célèbre géologue dont le doyen parlait, celui qui détenait presque toutes les pierres. Dans ce livre, il était écrit que l'homme aurait découvert une variété de pierres encore jamais vues, mais il n'a pas été pris au sérieux car il n'avait aucune preuve ; "l'homme fît alors la promesse de ramener l'une des ces pierres mais jamais il ne revint..." Quand je vis la page suivante arrachée, je compris alors que je n'étais pas le seul au courant pour la rivière. Je suis alors allé signaler sa dégradation à la bibliothécaire tout en lui demandant à quoi ressemblait les dernières personnes ayant emprunté le livre. Je ne me doutais pas que, tapi dans l'ombre, celui que la bibliothécaire était en train de décrire, m'observait très attentivement depuis que j'avais commencé mes recherches. Je suis allé passé la nuit dans une auberge à prix raisonnable, le lendemain je repris ma route. Mais non loin de la sortie du village, je me retrouvais face à un homme à capuche entièrement vêtu de noir. C'était celui qui avait arraché la page, il correspondait à l'un des profils qu'avait décrit la bibliothécaire.

-Tu aimes lire à ce que je vois, mais ne t'a-t-on jamais dit que la curiosité est un vilain défaut ? Je t'ai observé, je sais que tu cherches cette rivière, mais sois gentil ne viens pas fourrer ton nez dans les affaires des autres.

Je compris que je n'étais pas en sécurité quand j'aperçu des couteaux de chasse à la ceinture du mystérieux homme en noir. Je fis demi tour et me mis à courir, je sorti du village par là où j'étais arrivé la veille avant d'arriver à l'entrée d'une grotte. J'entrais, toujours poursuivi par le chasseur vêtu de noir. Une fois bien enfoncé dans la grotte, le chasseur dégaina son arc qu'il avait caché sous son manteau noir, l'arma d'une flèche et avança lentement.

Étant passé par cette grotte pour arriver au village de Shiru j'avais l'avantage du terrain.

-Dis moi mystérieux chasseur connais tu la particularité de cette grotte ? On l'appelle Sen no Hansha ga Aru Dôkutsu* (la grotte aux mille reflets) parce que ses murs font office de miroir.

Le chasseur tira sa flèche en se rendant compte une seconde trop tard qu'il avait affaire à l'un de mes reflets. C'est alors qu'une scène anormale perturba le chasseur. Au lieu de retomber au sol, la flèche toucha à peine le miroir du bout de sa pointe avant de faire demi tour et de repartir à toute vitesse sur le chasseur, qui eut une chance incroyable de s'en sortir avec seulement une petite ouverture sous l'œil gauche. Ayant réalisé qu'il risquait de se donner la mort à cause de son arc, il le rangea et sortit ses couteaux de chasse avant de continuer sa traque. De mon côté, je m'aventurais dans une partie plus sombre de la grotte que je n'avais pas encore visité. J'arrivai dans une impasse circulaire où il y avait des restes de cadavres humains. Mon rythme cardiaque commençait à accélérer, j'avais compris que cette grotte était en fait le repaire d'une chose immonde. J'eus à peine le temps de me retourner que la peur prit possession totale de mon corps, de mon âme, de mon être. J'eus des sueurs froides en apercevant la créature qui, en face de moi maintenant, réclamait ma mort d'un cris terrible et inouï inconnu au niveau zoologique. Elle devait faire à peu près deux cents cinquante kilos et un mètre cinquante de hauteur à quatre pattes pour deux mètres de longueur. À présent, elle grognait montrant les crocs prêts à déchiqueter sa proie. Elle avança avec ses grosses pattes aux griffes acérées, ce qui me fit reculer jusqu'à ce que je heurte la paroie de la grotte avant de tomber assis sur le sol apeuré, horrifié. Je n'avais plus d'échapatoire, c'est alors que je me levai et dis ;

-Mes excuses horrible créature, mais je n'ai pas pour projet de mourir ici, on ne peut rien face aux vertus que les pierres nous apportent, le chasseur en a déjà fait l'expérience, maintenant c'est à ton tour.
Déclarai-je en tremblant.