♡CHAPITRE 69♡

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De retour à l'appartement, les courses furent toutes rangées avant qu'Izuku et Eijiro ne s'affalassent sur le canapé, exténué. Eijiro fixait le plafond tout en reprenant son souffle. Il savait qu'il faudrait en parler, qu'il devrait parler de son ressenti –même si Izuku le devinait déjà, mais plus il prenait du temps pour amorcer la conservation, moins il se sentait capable d'affronter le regard du vert. Lui avouer à quel point la rencontre avec Takahiro l'avait ébranlé signifierait faire face à ses émotions et il n'était pas prêt pour cela. Pas assez pour reconnaître que ces cinq années loin de sa ville natale n'avaient vraisemblablement pas suffies à le guérir de ses maux et encore moins pour être le témoin, et la cause, du désarroi de son petit ami.

— Eiji, ça va ? Demanda Izuku dans un ton et muni d'un regard qui se voulait toujours compréhensif. Il serra sa main dans la sienne une énième fois, puis continua « Si tu veux en discuter je suis là, sinon c'est pas grave. Mais je serai là pour toi, d'accord ? » Ces émotions menaçant de le submerger une nouvelle fois, Eijiro ne put qu'acquiescer.

— Merci. Chuchota-t-il lorsqu'il fut sûr que sa voix ne flancherait pas. Il devança Izuku qui comptait caresser sa tête et le prit dans ses bras, serrant fortement ses hanches et le nez contre son cou. « Est-ce qu'on peut juste rester comme ça ? ». Demanda-t-il, d'une voix étouffée, à laquelle le plus vieux acquiesça sans hésiter. Ils se rajustèrent sur la longueur, Izuku supportait tout le poids de son amoureux tout en tenant fermement. Eijiro se laissa porter par les caresses du vert dans son dos, la fatigue se fit enfin sentir et la relaxation rentra dans ses os. Il s'assoupit en quelques minutes, bercé par les caresses d'Izuku et les mouvements de sa poitrine montante et descendante.

Lorsqu'Eijiro se réveilla, il était tout seul sur le canapé, emmitouflé dans une couette légère. La pièce autrefois éclairée par la lumière du jour, baignait dans une obscurité uniquement perturbée par l'éclairage du couloir. Sans qu'il ne puisse l'anticiper, l'anxiété d'Eijiro refit surface. Comme un animal effrayé, il se dirigea vers la lumière à la recherche de son compagnon, son cœur tambourinant dans sa poitrine, contre son gré. Son rythme cardiaque se calma lorsqu'il ouvrit la porte de la cuisine pour y trouver Izuku. Le cuiseur de riz était en marche et les casseroles fumaient sous la chaleur des plaques de cuisson. Izuku ne le remarqua pas immédiatement, trop occupé par les légumes qu'il découpait et Eijiro se tint là, sur le pas de la porte, penaud. Son corps avait précédé sa pensée et maintenant, il se sentait stupide à se tenir là, épiant les faits et gestes de son copain sans savoir quoi faire.

— Ah, tu es réveillé ! La remarque du vert extirpa Eijiro de sa torpeur.

— Oui... Répondit Eijiro par automatisme.

— Tu me cherchais ? Tu avais l'air vraiment fatigué, j'ai préféré te laisser dormir un peu plus.

— Je... Eijiro ne savait que dire, ni que faire de ses membres. Devait-il avouer qu'il avait agi sous impulsion, celle-ci nourrit par ses angoisses ? Ses vieux réflexes refaisaient surface, ses démons revenaient encore et toujours des tréfonds de son passé. Comme un rappel, une promesse qu'il resterait toujours dans cet état de stagnation, brisé, voué à décevoir, puis à perdre ses proches qui ne sauraient quoi faire de lui. « Oui, je te cherchais... » Dit-il finalement pour meubler le silence qui s'allongeait. Il se racla la gorge afin de se redonner une contenance, avant de continuer : « Tu cuisines quoi ? »

— Du Gyudon*, on vient de faire les courses, alors autant se faire plaisir et manger un peu de viande. Plaisanta Izuku tout en retournant à sa préparation. « C'est presque prêt, tu veux manger ici ou devant la télé ? »

— Ici c'est mieux. Répondit Eijiro, tout en s'asseyant. Les minutes filèrent dans un silence qui prédisait une longue nuit. Le rouge continua son observation, tandis qu'Izuku s'activait aux fourneaux. Lorsque les casseroles cessèrent enfin de fumer, ils firent la table et débutèrent leur repas sous un calme pesant.

Malgré la sérénité apparente du vert, Eijiro ne pouvait s'empêcher de frétiller, l'anxiété bouillonnante sous sa peau. À sa troisième gaffe, après la chute des couverts et le verre d'eau renversé, Izuku posa sa paume au-dessus de la sienne pour tenter de l'apaiser.

— C'est bon Eiji, respire. Ce dernier suivi les recommandations d'Izuku, inspirant un bon coup pour tempérer le tumulte sous sa peau. Quelque peu calmer, il tint la main d'Izuku dans les siennes, la malmenant en espérant sans doute qu'elle lui souffle ses prochains mots.

Izuku ne le brusqua pas. Il attendit patiemment que le rouge rassemble son courage et organise ses idées. Et quand il y arriva, la seule phrase qu'il put prononcer était « Je suis désolé ».


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*Gyudon : Plat japonais comportant un bol de riz chaud, des lamelles de bœufs, de l'oignon et parfois de l'œuf.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant