♡CHAPITRE 42♡

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— Arrêtes, tu exagères la coupe est pas mal.

— Non c'est faux, c'est super court, ça me va pas du tout !
Harassé, Katsuki soupira profondément, tout en roulant des yeux alors qu'il tentait, tant bien que mal, de se focaliser sur la route.

Lorsque la coiffure d'Izuku s'était terminée, ce dernier avait paru livide en s'observant dans la glace. Au moment de quitter l'établissement il n'avait adressé qu'un sourire faux à la dame mûre, fière de son œuvre, puis il s'était muré dans le silence jusqu'à leur embarquement dans le véhicule.

Katsuki se maudissait intérieurement, car c'est lui qui avait crevé l'abcès au début du trajet. Il aurait dû laisser Izuku dans sa consternation au lieu d'attiser la flamme. Résultat, le vert n'avait cessé de se plaindre. Une fois les mèches du devant étaient beaucoup trop courtes, une autre son visage rond était beaucoup trop découvert.

« Je n'aurai pas dû m'endormir, j'aurai dû rester vigilant. » S'apitoya une fois de plus le passager. S'il était resté éveillé, Izuku serait sûrement sorti avec la même coupe qu'il traînait depuis ses trois ans. Alors, selon le conducteur, c'était une bonne chose qu'il se soit endormi. La coiffure le changeait complètement, lui donnant un air plus mature.

— Pour ça tu as dormi comme une masse. Lança le blond, de but en blanc, pour changer de sujet. Il implorait presque tous les dieux intérieurement, pour qu'Izuku morde à l'hameçon. Se jeter hors du 4x4 serait une alternative plus alléchante que d'écouter, une énième fois, les lamentations sans fondements de son meilleur ami.

— Ouais j'ai fait un service de nuit et j'ai seulement pu prendre une douche avant qu'Eijiro ne me traines à l'aéroport. De plus mon cerveau était trop actif dans l'avion pour que je puisse fermer l'œil. Un cri de victoire se répercuta fortement dans l'esprit de l'homme au regard rubis, à tel point qu'il crut l'avoir dit à haute et intelligible voix. Izuku avait attrapé la perche à pleine main et il fallait que cela reste ainsi.

— Ajoute aussi que ça t'a fait du bien de te faire chouchouter. Ça se voyait que tu n'avais pas pris soin de toi depuis longtemps. Continua Katsuki d'un ton monotone et laxiste, qui s'opposait diamétralement à sa joie expansive intérieure.

Izuku ne dit rien, mais concéda dans son for intérieur.

Cela lui avait fait du bien. Le voyage dans son ensemble semblait avoir un effet assez apaisant sur son être. Il avait l'impression de réapprendre à respirer, de relâcher tout ce qu'il s'était efforcé à retenir depuis beaucoup trop longtemps.

Les intentions d'Eijiro semblaient plus claires aux yeux du puériculteur maintenant. Il avait tellement voulu tout gérer au cours des années qu'énormément de choses avaient fini par l'encombrer. Elles s'étaient entassées sur ses épaules dalles après dalles. La dernière année, pendant laquelle il avait dû porter sa relation à lui tout seul, avait été la charge de trop. Le vert ne s'était pas rendu compte à quel point son mode vie l'avait éreinté jusqu'à présent. À quel point la montagne russe émotionnelle qu'avait représenté ces précédents mois, l'avait drainé de toute son énergie. Sa manie de vouloir tout prendre sur lui avait absorbé son temps et ses efforts, à tel point qu'il n'en avait plus eu assez pour d'autres choses essentielles.

À quand remontait sa dernière soirée entre collègues ? Quelle était la dernière fois qu'il avait mis le pied dans un salon de coiffure, ou même simplement d'autres établissements d'esthétisme ? À quel moment remontait son dernier rire authentique ? Un rire qui n'avait pas d'arrière-goût insupportable.
Enfin, à quelle nuit remontait son dernier sommeil insouciant ?

Finalement, ce minuscule voyage était une aubaine, un arrêt sur le temps, une bouffée d'air fraiche, un moyen de réapprendre à vivre pleinement sans être régie par ses choix de vie parfois trop encombrant. Suite à ce constat, Izuku se fit la promesse qu'il profiterait pleinement de ce cadeau. Il savourerait jusqu'à la moindre petite miette, avant de repartir, requinqué, vers ce qui constituait son quotidien.

— Katchan ? Chantonna le marmonneur qui sortait à peine de ses longues réflexions.

— Hum ? Répondit le propriétaire du surnom enfantin. Rien qu'à l'entente du ton qu'avait employé son interlocuteur, il savait déjà que sa prochaine prise de parole l'ennuierait.

— Tu vas cuisiner quoi pour ce soir ? Demanda Izuku sur le même ton qui se voulait innocent et enfantin au possible.

— Je sais pas, ça dépend de ce qu'elles vont rapporter comme courses. En effet leurs doublons quinquagénaires respectifs manquaient à l'appel, car elles s'étaient éclipsées en plein milieu de la séance capillaire d'Izuku –et de sa sieste improvisée– prétextant qu'elles iraient faire les courses afin de gagner du temps. L'excuse tenait la route, mais le comportement de la maman Midoriya avait été tellement flagrant que Katsuki avait tout de suite su que les deux femmes cachaient quelque chose.

— Je veux un Katsudon* ! Quémanda le vert.

— T'es pas fatigué de manger la même chose à chaque anniversaire ?

— Jamais ! On ne se fatigue jamais de manger le meilleur plat du monde !

Et c'était reparti pour un tour... Maintenant qu'il s'était lancé dans le sujet, le défenseur autoproclamé du Katsudon ne s'arrêterait jamais de parler. Katsuki soupira encore, résigné, avant de se concentrer sur la route qui paraissait anormalement longue avec une pipelette à ses côtés.


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* Le Katsudon est un mets japonais qui consiste en un bol de riz chaud surmonté d'une tranche de porc d'abord panée, puis cuite avec un œuf battu.

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant