♡CHAPITRE 71♡

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— Il a vraiment dit ça ?

— Oui...

— Wouah, c'est vraiment un con.

— Ouais... Il est marié maintenant. S'il ne l'a pas assumé avant, c'est pas maintenant qu'il va le faire...
Hanta acquiesça simplement et resta silencieux, sirotant sa boisson comme s'ils avaient tout le temps du monde et qu'il n'y avait pas de travail le lendemain.

Les événements de la veille tournaillaient dans l'esprit d'Eijiro comme un film remis en boucle infiniment. Il avait eu le temps de décortiquer chaque phrase, de suranalyser chaque action et de se lamenter pour sa passivité. Tant de choses qu'il avait rêvé de dire ou faire avaient été jetées aux oubliettes dès l'instant où Takahiro avait prononcé son nom. Le reste de la rencontre semblait lointaine, malgré les vifs souvenirs qu'il en avait, comme s'il avait juste été spectateur et non acteur de sa propre vie –ce qui n'était pas totalement faux.

— Et Izuku ? Comment il a pris tout ça ?

— C'est Izuku... Il n'a pas hésité une seconde à me défendre. Dit-il en continuant de ressasser l'entièreté de la journée. « Mais il était tellement en colère... C'est rare de le voir ainsi. Comme s'il était prêt à prendre le 1er train pour aller remonter les bretelles à ma famille. » C'était drôle et réconfortant quand il y pensait. En dépit de tout, il savait qu'il pouvait compter sur Izuku et Hanta. Il n'était pas seul. Et même si ses proches le rejetaient, la douleur ne pourrait jamais l'emporter sur l'amour et la quiétude qu'il expérimentait chaque jour.

— Ça se comprend, même moi je bouillonne rien qu'en écoutant tout ce qui s'est passé. Les années ont beau passer, mais les mentalités restent les mêmes... Dit-il remonté. Ses sourcils ne se défroncèrent pas même après avoir terminé son verre d'un coup.
« Mais tout ça, c'est derrière toi. Plus besoin de te torturer l'esprit pour eux. »

— Oui...

La soirée se poursuivit avant qu'ils ne soient rattrapés par le gong, chacun prit la route de son domicile priant de rattraper les derniers transports. En se séparant de Hanta pour prendre la direction de l'appartement d'Izuku, la réponse de ce dernier revint dans son esprit une énième fois. Elle le hantait tant, mais après mille et une théories, il ne savait toujours pas quelle conclusion en tirées.
Cela était on ne peut plus vrai qu'ils vivaient ensemble. Ils partageaient le même espace chaque jour. Eijiro avait commencé à contribuer pour certaines dépenses et il ne faisait aucun doute dans son esprit que sa maison était désormais sous le même toit qu'Izuku et pas au-dessus de l'appartement de Hanta. Ses pieds l'y conduisaient sans qu'il n'ait à y réfléchir plus que ça. Pourtant certaines choses demeuraient incomplètes : il payait toujours le loyer et les factures de son "ancien appartement" qui tombaient chaque mois. Il partait de temps en temps aérer les pièces et dépoussiérer les meubles, son cerveau lui soufflant à chaque fois que c'était juste "au cas où". Oui, mais "au cas où" quoi ? Au cas où ils se disputeraient ? Au cas où Izuku en aurait marre de le voir H24 envahir son espace ? Ou alors au cas où ils viendraient à se séparer ?

Autant, il faisait tout son possible pour ne pas penser au pire, autant ses pensées virevoltaient toujours autour de cela. Plus on tient à une chose, plus on a peur de la perdre et la rencontre d'hier était le carburant parfait pour alimenter ses peurs. Il avait déjà eu à rêver. Aussi candide était-il, son amour avait été si sincère et passionné qu'il le consumait toujours aujourd'hui. S'il avait pu aimer Takahiro et en souffrir de la sorte, alors il ne souhaitait jamais découvrir ce qu'il adviendrait de lui si les choses ne marchaient pas avec Izuku. Il refusait d'admettre qu'une fin autre qu'un "happy ending" était possible pour eux.

Ses pensées marinèrent jusqu'à son arrivée au domicile, et même des jours après pendant lesquels il n'osait pas aborder la question avec Izuku qui semblait plus déborder que jamais. L'année tirait à sa fin donc ses heures supplémentaires se multipliaient. Entre les vacances en famille à planifier, la recherche d'appartement pour sa mère et le mariage de sa collègue qui approchait à grands pas sans qu'il n'ait trouvé ni un cadeau ni une tenue pour le grand jour, chaque jour Izuku rentrait exténué, si bien qu'ils avaient à peine le temps d'échanger quelques mots avant qu'il ne s'écroule pour recommencer la même torture le jour suivant.

Une semaine s'écoula ainsi, dans la frénésie, l'épuisement, l'inquiétude et le doute. Eijiro ne put partager une part de ses tribulations avec son homme avant que la liste ne s'allonge une fois de plus.

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@Takahiro Itō_77

Salut
On doit parler
Retrouve-moi devant le supermarché de la dernière fois
Aujourd'hui à 18h.

Reçu aujourd'hui à 14h13

Je veux t'aimer ♡ KIRIDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant