Ellisson

E

Je me lève de mon lit, j'éteins mon réveil et je commence à m'habiller, le corps sans réelle joie de vivre. Je met un jogging noir, un sweat noir avec l'inscription « I'm lost without you, you're my compas » et j'enfile des chaussettes hautes noires elles aussi. Je descends dans la cuisine pour petit déjeuner mais l'envie n'est pas présente. Je remonte donc dans ma chambre et je m'assois à mon bureau qui est dans un désordre total.
Mes pensées se bousculent dans mon esprit et je n'arrive pas à les ordonner. Dans un mouvement de colère, j'envoie valser tout ce qui se trouve sur mon pupitre. Maintenant mon sol est recouvert de feuilles et de stylos. J'ai envie de pleurer, je tape du point sur mon bureau et mes larmes commencent à dévaler mes joues. Je me lève afin de me moucher, je prends une feuille quadrillée propre, un stylo bleu et je commence à écrire.

Ma chère Ellison,

J'ai tout le corps qui tremble et mes larmes ne s'arrêtent pas. Je continue à écrire d'une main tremblante.

Tu étais, pour moi, bien plus que ma meilleure amie.
Tu étais ma confidente, ma psychologue, ma sœur de cœur et bien d'autres.

Je souris à travers mes pleurs en me rappelant tous ces moments où elle m'a aidé, où on s'est tapé des fous rires, où on était si complices. Je poursuis.

Je dois te dire que je ne sais plus quoi faire.
Je suis perdue sans toi tu m'entends !
On s'était promis que, quoi qu'il en coûte, on resterait ensemble, cependant tu es partie sans moi.

Mon sourire s'efface et laisse place à une profonde tristesse. Mes pleurs redoublent d'intensité et ma vue se brouille à cause de mes larmes. Je renifle et souffle par la bouche pour me donner du courage.

Comment puis-je continuer si tu n'es plus à mes côtés hein ?!
J'ai sans cesse l'impression d'entendre ta voix me murmurer des paroles insensées, de te voir partout où je vais.
Tu hantes mon esprit.

Je pose mon stylo et je souffle bruyamment.

Je m'embrouille souvent avec moi-même, avec mes pensées farfelues.
Vois-tu, je ne sais plus comment penser, je n'ai plus d'esprit critique, j'ai arrêté de donner mon avis sur les choses parce que j'ai peur.
J'ai peur du regard des autres car tu n'es pas avec moi, j'ai peur de leurs critiques parce que tu n'es pas là pour me défendre et m'aider, je suis effrayée de dire des bêtises alors j'ai décidée de m'enfermer dans le silence.

Mes lèvres et mes mains tremblent de plus en plus. Je pense abandonner mais je me dis que je DOIS écrire cette lettre.

Je sais que tu ne liras jamais cette lettre mais ça me fait du bien (et du mal) de t'écrire.
Depuis que tu es partie, j'ai pris l'habitude de coucher sur papier tous mes ressentis, ça me permet de me libérer et d'être honnête avec moi-même.
Tu ne peux pas savoir comment je t'en veux !

Je suis en colère contre pour m'avoir laissée seule dans ce monde de fous et pour ne m'avoir pas demandé de la suivre.

Bon... Je vais devoir aller au lycée, je t'écrirais encore, je te le jure.

Ta meilleure amie qui t'aime,
Aénna... ✩

Je le lève et mets la lettre dans une enveloppe blanche comme neige. J'écris dessus de mon stylo à plume bleu « Ellisson ».