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Quelqu'un tout à la porte de ma chambre. Je me lève de ma chaise, j'en trouve la porte et je vois mon père. Je lui claque la porte du nez. Hier il m'a engueulé en ne me faisant que des reproches et aujourd'hui il pense que je vais faire comme si de rien n'était ! Il se trompe ! Je me rassois sur ma chaise et je commence à écrire pour évacuer ma colère.

Salut Ellisson.

Je suis froide. Mais je ne veux pas l'être avec elle.

Tu sais, hier mon père m'a dit que c'était des bêtises que je n'aille plus au lycée, que je reste dans ma chambre et que je ne parle plus. Il m'a aussi dit que ce n'était plus l'heure du deuil et qu'il fallait que je passe à autre chose. Comme si tu n'avais pas existé !

Je suis vraiment enragée pour ce qu'il a dit. Il fait comme si de rien n'était et ça me soule !

Alors voilà.
Ça fait 9 mois et 16 jours que tu es décédée.

Précisément. Je ne peux m'empêcher de compter les jours sans toi.

Ça fait environ 7 mois que je me suis murée dans le silence.
Ça fait environ 6 mois que j'ai rechuté.
Et enfin, ça fait presque 6 mois, également, que je songe à te rejoindre.

...
Que dire de plus ?

Tu sais, maintenant que je ne vais plus au lycée, mon quotidien se résume à me lever entre 7h et 9h, sortir vite fait de ma chambre pour aller chercher de quoi me nourrir, lire des mangas et des romans ou regarder des films et des séries, manger (ça dépend si j'ai faim ou pas...), dessiner, divaguer sur mon téléphone (ou sur mon ordi) ou continuer à lire ou à regarder la télé, manger en évitant le plus possible mes parents et ma sœur parce que dès que je les vois, ils me font la morale, aller dormir mais ne pas réussir (va savoir pourquoi mais maintenant je suis insomniaque...) et enfin ne rien faire et attendre le sommeil ou faire un truc en attendant le sommeil (ça varie)

Ce n'est vraiment pas une routine très intéressante et productive, ça c'est sûr.

Je dois t'avouer que je n'en peux plus de cette vie...
J'ai envie de me casser loin de cette ville de malheur et de ne plus voir personne.

Même si je ne sors que la nuit, toutes ces rues que je parcours en quête du sommeil sont chargées de souvenirs douloureux.

Je suis tellement nulle que je ne sais pas quoi t'écrire.
Bon.
Bah du coup je te laisse.
Tu me manques vraiment beaucoup.
Bisous,
Aénna... ✩

J'ai faim alors je pioche dans ma réserve de gâteaux dans un des tiroirs de mon bureau. Des mikados. C'est bon les mikados. Je glisse la feuille de papier dans une enveloppe jaune moutarde sur laquelle je dessines des fleurs et des abeilles. J'ouvre ma fenêtre et je descends le plus silencieusement possible dans le but de me rendre au cimetière.

EllissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant