Chapitre 10

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Faust


— Tu es sûr de toi ?

Lupin hocha vigoureusement la tête. J'avais un petit pincement au cœur en voyant ses valises toutes faites. Ce n'était pas la première fois qu'il les faisait, car nous rentrions chez nous lors des grandes vacances, lorsque nous passions au grade au dessus, mais aujourd'hui... c'était définitif. Nous avions fini nos tests et les résultats ne seraient que dans trois mois. Lupin rentrait chez lui et voir sa chambre vide n'était pas une chose qui me plaisait particulièrement.

— Cette chambre en aura vu de toutes les couleurs ! Merde... je pensais pas que ça allait autant me manquer.

Il se tourna vers moi, les yeux humides et je ne reniflai, moi aussi touché. Je me relevai et le pris dans une étreinte. Je tapotai affectueusement son dos, souriant à travers mon chagrin, car même si nous n'avions pas gagné morür de la façon dont j'avais tant désiré, je ne regrettais pas mon choix. J'étais venu en aide à Lupin et Azazel et rien ne pouvait avoir plus de valeur, d'autant plus que les paroles du Rux m'avaient galvanisé !

— Mec, arrête, tu vas me faire chialer encore plus ! On se reverra ! Peut-être même qu'on travaillera ensemble si on est accepté !

J'acquiesçai avec un sourire et le relâchai. Je l'aidai à mettre ses valises dans notre salon et il hésita avant de fermer la porte de sa chambre. Nous avions cinq belles années ici et ça n'était pas les souvenirs qui nous manquaient.

— Tu sais, même si ça a été dur parfois... souvent même... J'y penserais toujours comme les plus belles années de ma vie. Je chérirais ce lieu et ces souvenirs jusqu'à ma mort, confia Lupin.

— Moi aussi. Je n'ai que de bons souvenirs ici et c'est surtout grâce à toi. Tu sais, si tu voulais rester avec moi durant ces trois mois, je ne serais pas contre hein.

Lupin ferma sa porte et se retourna vers moi avec un sourire taquin.

— Non. Ce sera encore plus dur et la plupart d'entre nous rentrent chez eux. Il n'y a que toi, quelques autres et surtout Azazel qui restaient. Je sais que tu restes pour ce petit bout à croquer !

Nous rîmes ensemble et je levai les yeux au ciel.

— J'ai tenu un an. J'ai eu la force de suivre et de me concentrer sur mon avenir alors qu'Azazel était là. On devrait me donner une médaille pour ça. Je ne tiendrais pas encore trois mois surtout que je ne peux plus contrôler ce qu'il se passe quant aux résultats, me justifiai-je.

— Espèce d'affamé. Aller, aide-moi à trainer mes valises dehors, cette merveilleuse petite demeure avant que je n'assiste à quelque chose que je ne veux pas voir ! Surtout qu'Azazel doit être dans le même état que toi.

Je lui assénai un coup de pied dans les fesses et je poussai ses valises jusque devant la porte d'entrée. Lupin eut une petite seconde d'hésitation. Il se retourna à nouveau et balaya notre petit appartement du regard. Nous avions accueilli nos camarades ici. Nous avions enfreint les règles ; nous avions ri et pleuré de fatigue. Ce lieu renfermait des années de soutien, de fraternité, d'amusement et d'épuisement ; des choses si importantes pour nous.

Je posai ma main sur l'épaule de Lupin pour le ramener au présent. C'était dur.

— Hé, l'interpellai-je doucement, dans une trentaine d'années, on reviendra. Quand nos vies seront posées et qu'on aura la tête à se souvenir des bonnes choses, c'est ici qu'on viendra, d'accord ? Et puis toi et moi, on se forgera d'autres souvenirs entre temps.

LE CHÂTIMENT D'ER - LUCIFÉRIEN (TOME 4/EN COURS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant