Chapitre 14

88 16 10
                                    


Archiduc/Azazel


Une tasse brûlante fut posée sur la petite table face à moi. Rue travaillait d'arrache-pied sur ses devoirs et je trouvais cela particulièrement admirable de sa part. Elle m'avait demandé aide et conseille et j'avais pris grand plaisir à l'aider. Rue était une jeune fille très joviale et familière et je reconnaissais, dans son attitude, des similitudes avec Faust. Cela me faisait sourire. Cependant, l'absence de ce dernier m'inquiétait. Cela devait faire plusieurs heures qu'il m'avait laissé chez lui.

Bénec, opéhuei de Faust, venait de s'installer avec nous. Elle m'avait très bien accueilli, mais avait visiblement dû s'occuper d'autres choses. J'espérais pouvoir discuter avec elle et elle sembla du même avis au vu du sourire qu'elle m'offrit. Je saisis la tasse fumante et portai le contenu à mes lèvres. La chaleur réchauffa ma bouche et des frissons se hérissèrent sur mes bras. C'était bon : sucré et avec une touche d'amertume que j'appréciais tout particulièrement.

— Tu as dû connaître mieux comme accueil, n'est-ce pas ? Nous avons été particulièrement mal élevés.

Je secouai la tête. Après avoir vu Lian, mahéuei de Faust, sauter dans les bras de son fils, il avait été aisé de savoir que quelque chose n'allait pas. Et je savais malheureusement à quoi cela pouvait être lié. Ce fut le cœur lourd que je jouais l'innocence face à cette famille meurtrie par l'état de Lian.

— Je suis contente que Faust t'ait présenté à nous. On a beaucoup entendu parler de toi. Tu es brillant, au moins autant que Faust.

— J'ai eu... des années avant de devenir « brillant ». J'ai moins de mérite que Faust. Il est jeune, mais il est la preuve que la force s'acquiert dans les jeunes années, complimentai-je.

Bénec eut un sourire amusé et hocha la tête. Je crus que la conversation serait légère, mais la mine grave qu'elle prit par la suite me fit me redresser. Je posai ma main sur son genou pour l'inviter silencieusement à me parler de ce qui pouvait tant la tourmenter. Je voyais mal Lian lui parlait des doutes qu'il avait eus sur Le Rux, alors qu'est-ce qui pouvait le faire agir ainsi ?

— Je suis sincère Azazel : je suis heureuse que tu sois rentré dans la vie de mon fils. J'espérais que tu pourras l'aider à se détacher de Lian.

Je ne m'y étais pas attendu. J'étais profondément surpris par sa demande. Se « détacher » ? Que voulait-elle dire par là ?

— Je m'inquiète pour eux. Je sais que les gens trouvent que c'est une relation magnifique, mais je sais que ces deux-là peuvent se mettre dans de sacrés dangers pour l'autre. J'ai un mauvais pressentiment.

— Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous attendez de moi...

— « Attendre », je ne sais pas si on peut dire ça, mais je voudrais que Lian et Faust prennent des distances. Je pense à eux. C'est pour eux que je le dis, confia Bénec.

Rue comprit que les propos de son opéhuei étaient trop flou pour moi et elle décrocha de ses devoirs pour se mêler à notre conversation. Je posai une main sur son épaule pour l'encourager à son tour.

— Mahéuei et Faust sont toujours en retrait. Ils ont leur monde juste à eux, au point où opéhuei et moi n'existons plus. Ce soir encore : ils sont partis tous les deux et nous ne sommes au courant de rien !

— Je crois que la psychose de Lian en ce moment pourrait toucher Faust et je ne veux pas que ça arrive, mais je ne peux pas les séparer, soupira Bénec. Est-ce que tu vois ce que je veux dire ?

LE CHÂTIMENT D'ER - LUCIFÉRIEN (TOME 4/EN COURS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant