𝗔 𝘁𝗿𝗮𝘃𝗲𝗿𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗼𝗺𝗯𝗿𝗲𝘀

⁵/₆ - 𝙻'𝙰𝙲𝙲𝙴𝙿𝚃𝙰𝚃𝙸𝙾𝙽

Définitions

Mots imposés -

Indolence : absence de passion
Réversion : Retour à un état antérieur
Sérendipité : Capacité à faire des trouvailles heureuses sans avoir
planifié sa découverte.
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Termes complexes -

*Catafalque : Estrade décorée sur laquelle on expose un cercueil
*Chtonien : relatif aux divinités infernales
*Cascatelle : petite cascade
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Etape du deuil :
l'acceptation - étape qui peut s'entrecouper de phases
dépressives, durant laquelle la personne endeuillée prend conscience
de l'aspect définitif du décès de son proche, et comprend qu'iel va devoir
vivre avec.

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Deux mois supplémentaires s'étaient encore écoulés quand ils entreprirent, ensemble, la première grande révolution du deuil d'Izuku. 
C'était un jeudi soir. 
Dehors il faisait nuit, mais la pleine lune éclairait le jardin et les fenêtres, elle leur apportait son soutien et ses encouragements, elle aussi tenait à assister à ce moment, si pénible et douloureux soit-il. 

La télé tournait sans être vraiment regardée, diffusant avec indolence un téléfilm sans grand intérêt, que Katsuki écoutait paresseusement d'une seule oreille depuis le fond du canapé. 
Vingt trois heures venaient tout juste de sonner, mais en dépit de l'horloge, personne ne dormait dans la maison. 
En proie à la menace d'une réversion depuis quelques jours, Izuku peinait énormément à trouver le sommeil ces derniers temps, et plutôt que de le laisser s'enfermer sans dormir dans le catafalque qui lui servait de chambre, il préférait rôder avec lui pendant le tour de garde des étoiles nocturnes. 

Au même moment, Izuku, lui, tournait en rond autour de la table du salon, passant et repassant devant les cadres qui accueillaient d'anciennes photographies de son couple avec Hanta. 
A chaque cycle, il se faisait violence pour ne pas les prendre dans ses mains, tandis que des larmes discrètes mais corrosives envahissaient ses paupières. 
Il arrivait encore parfois qu'il perde pied dans son processus de guérison, et que les démons du déni s'invitent espièglement dans ses efforts pour lui mordre les chevilles. 
Du reste, au détriment de tout le chemin déjà accompli, Izuku continuait de conserver toute une collection de biens appartenant à son défunt fiancé.

Par-dessus le dossier du canapé, Katsuki l'observait avec attention. 
Depuis qu'il avait décidé de prendre en main l'avancement de son processus de deuil, il prêtait une grande attention à ses paroles et ses actes dans les moments décisifs, conscient des risques qu'il prenait en s'exprimant d'une mauvaise manière. 
Le cœur de son ami demeurait extrêmement sensible, aussi fin et fragile que de la dentelle. Il était si simple de le déchirer, même accidentellement, qu'il devait minutieusement veiller à ne pas le froisser de trop. 
Alors, avant de dire ou de faire quoi que ce soit, il analysa longuement sa démarche angoissée, sa manière de changer de direction à chaque coin de la table, ainsi que les gestes tremblants de ses mains contre sa poitrine. 

_ Izuku, viens t'asseoir, s'il te plait. se lança t-il finalement après plusieurs minutes de réflexion précises. 

Surpris dans son infini tourbillon, Izuku s'arrêta plus lentement qu'il ne l'aurait cru, se tournant péniblement vers son interlocuteur en séchant, par automatisme, l'eau sur ses joues. 
Puis, malgré un instant d'hésitation, il accepta sa requête pour le rejoindre sur le canapé, et prit place à ses côtés, positionné légèrement de trois quarts pour mieux lui faire face. 

_ Parle moi. lui intima alors son ami. Dis-moi ce qui se passe dans ta tête. 

Avant de prendre la parole, Izuku tritura ses mains de nervosité, semblant chercher à mettre des mots sur ses émotions si difficiles à exprimer. 
Les sentiments qui circulaient en lui depuis le décès d'Hanta prenaient des formes et des couleurs qu'il n'avait jamais vues auparavant, et trouver des termes humains à poser dessus relevait le plus souvent de l'impossible. 
Alors il prit son temps, et Katsuki ne le pressa pas.