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William

Elle avait un de ces visages que l'on n'oublie pas. Elle me regardait avec ses beaux marons si expressifs et semblait me poser silencieusement des questions auxquelles je répondais de la même façon. Je m'attendais à voir une femme violente, bagarreuse, une femme que la prison aurait rendue agressive. Mais au contraire, je suis tombée sur une fleur, une douceur, une âme en peine, une enfant blessée à qui la vie n'a pas fait de cadeau.

Elle avait l'air si absente, si effacée même si je ne voyais qu'elle. Comme si les gens autour de nous n'existaient plus et que seuls nous communiquions à travers le silence. Elle semblait ne pas réaliser ce qui lui arrivait. Je ne peux pas dire que je la comprends, parce que je n'ai jamais vécu le quart de ce qui lui est arrivé. Je n'ai jamais été accusé injustement d'avoir ôté une vie, je n'ai jamais été enfermé et réduit au silence.

Elle a couru en direction de la sortie, comme si elle n'y croyait pas. Comme si on allait lui arracher cette opportunité si elle ne la saisissait pas dans la seconde. J'ai eu mal au cœur de la voir ainsi se tortiller sous la douleur, pieds nus.

Je suis assis sur une chaise en face de son lit, attendant impatiemment qu'elle se réveille. J'ai eu tellement peur lorsqu'elle s'est évanouie. Je me suis demandé si c'était l'émotion la fatigue ou si ces chiens lui avaient déjà injecté un produit létal. Je l'ai de suite emmenée à l'hôpital en laissant mes avocats se charger du reste. Mais avant j'ai pris le temps de prévenir Mr Jones qu'il aurait de mes nouvelles si jamais quelque chose de mal arrivait à la jeune femme.

Malgré la tenue peu flatteuse qu'elle portait et ses cheveux mal coiffés, Rosalia Mendes restait la plus belle femme que j'ai vu de toute ma vie,... Ses traits particuliers, ses lèvres roses et ses yeux. Bon sang! ses yeux étaient si brillants.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qu'ils ont pu lui faire pour la rendre ainsi. Où est sa famille? Où sont ses amis? Pourquoi personne n'est jamais venu la voir...

Plus j'y pense, plus je suis en colère contre tous ceux qui ont pu lui faire du mal. Je bouillonne intérieurement en pensant à ce que je pourrais leur faire si jamais elle me le demandait. Mais pourquoi le ferait-elle?

-Ah William tu es là dit mon collègue et accessoirement meilleur ami en me tirant de mes songes.

-Salut Dani lui dis-je en me levant pour répondre à son accolade.

-Comment va-t-elle?demanda-t-il inquiet.

-Son état s'est stabilisé, elle devrait se réveiller d'ici quelques heures répondis-je.

-Je l'espère... Et toi mon frère, comment ça va? Tu n'as pas quitté cette chambre depuis deux heures.

-Je vais bien, je ne veux juste pas qu'elle se réveille ici dépaysée et fasse une crise d'angoisse lui dis-je.

-Je comprends et tu as parfaitement raison. Mais tes autres patients ont aussi besoin de toi et ils se plaignent depuis ce matin que tu ne sois pas venu leur dire bonjour...

-Je sais, je sais Dani. Mais je n'ai pas envie de la laisser seule. Je ressens le besoin d'être ici tu comprends?me défendis-je.

-Bien sûr, mais tu as des responsabilités Will et comme tu l'as dit, son état est stable. Elle ne se réveillera pas avant quelques heures donc tu as le temps d'aller faire quelques visites et...

-Aujourd'hui je suis dans la peau d'un homme simple au chevet d'une proche, et je n'ai pas vraiment la tête à faire autre chose.

-Allez viens dit-il en me forçant à le suivre hors de la chambre.

BRUISEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant