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Rosalía

J'ouvre difficilement les yeux et la lumière m'éblouit, ce qui m'oblige à les refermer aussitôt. J'ai mal à la tête et les douleurs au ventre reviennent. Il faut dire que ça fait trois jours que je n'ai rien avalé en dehors de ma propre salive. J'essaie de me toucher la tête, mais quelque chose me tiraille le bras...

Non c'est pas possible pensai-je. Je pensais être enfin sortie de cet endroit. Mais je sais à coup sur que ce lit est trop confortable pour être l'un de ceux qui ornent la prison. Je me réveille et remarque qu'il y a une aiguille plantée dans mes veines et une sorte de liquide qui coule.

Je suis dans un hôpital, vu les agitations dans le couloir et les voix des personnes que j'entends. L'odeur du serum, de l'alcool et cette chambre éveillent mes souvenirs.

Ces souvenirs que j'aurais voulu faire disparaître de ma tête depuis ce jour.

Flashback

"Mon bébé! Mon bébé! Où est mon bébé ? Je crie et pleure en demandant aux infirmières mais personne ne me répond... qu'ont-ils fait à mon enfant?"

Fin du flashback

J'étais dans une cellule normale au début de mon incarcération. Une détenue dangereuse et folle à lier m'a poignardé dans le ventre pendant que je dormais... je me suis réveillée dans un hôpital. Menottée des mains aux chevilles et mon ventre n'était plus arrondi. Je n'étais qu'à mon cinquième mois, mais j'aimais cet enfant plus que tout. C'était le seul moteur qui me tenait forte, mais lui non plus je n'ai pas su le protéger.

Je n'ai pas eu d'explications sur ce qui était arrivé à mon bébé. J'ai juste été emmenée en cellule d'isolement dès que ma blessure a guérit.

Tous ces souvenirs me font mal et je crie de douleur, je pleure ma peine. Dans la foulée je me lève et retire l'aiguille et les appareils auxquels je suis reliée. Je ne veux pas rester dans cet endroit, je marche prestement et sort de la chambre. Je croise une infirmière qui me demande qui je suis et ce que je fais dehors... elle me regarde avec mépris et m'ordonne de retourner dans ma chambre... Je me sens humiliée même si ce n'est pas la première fois que je suis traitée de la sorte... après tout je ne suis qu'une criminelle.

Je cours, mais deux bras me rattrapent par-derrière, je commence à paniquer encore plus. M'ont-ils fait sortir de prison pour m'interner en psychiatrie? Alors l'ange que j'ai vu hier n'était pas réel!?

Où est-il lorsque j'ai besoin de lui? Pourquoi n'est-il pas resté ici?
Pourquoi le serait-il d'ailleurs? Tu ne le connais même pas me lance ma conscience...

Je suis recroquevillée sur moi-même alors que des gens se sont attroupés pour me regarder telle une bête de foire... quelques instants plus tard, je ne sais pas ce qui ce passe mais ils se dissipent tous d'un pas pressé. Peut-être qu'ils se sont enfin lassés du spectacle pitoyable que j'offrais.

Je pense à comment m'enfuir et regarde la porte au loin avant d'apercevoir l'ange au loin. Il est là... je ne sais même plus quoi penser et je me recule lorsqu'il s'approche de moi. Devrais-je lui faire confiance?

Non j'ai déjà trop donné pensai-je. Mes propres parents m'ont abandonnés. Mon mari m'a sacrifié pour sa liberté et la réputation de sa famille, mes amis m'ont oubliés. La prison m'a brisé et personne ne m'a jamais rien donner sans attendre en retour. Alors non je ne lui ferai pas confiance. Je ne veux plus qu'on m'enferme dans une boite ou dans une cage. Je veux être libre, libre de respirer, de marcher, libre de regarder le ciel sous toutes ses couleurs.

Même si je ne sais pas où aller, même si je vais devoir errer dans les rues et fouiller dans les poubelles pour me nourrir, je ne veux pas être enfermée. Je laisse sa main en plan et me lève vertigineuse. Il me regarde l'air inquiet et désolé... il essaie de me parler mais je n'entends rien. Comme si mon corps était là attendant que mon âme la réintègre.

BRUISEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant