Le lendemain de cet exploit surhumain que j'avais accompli sur le dos du Tarn, je me réveillai gelé sur la natte-lit dans l'angle de mon appartement. C'était peu avant l'aube. J'étais entrain de boucler ma ceinture quand Tarl l'aîné entra. C'était le meilleur ami de mon père avec qui j'avais fêté la veille dans plusieurs tavernes de la cité.
- Nous allons à la chambre du conseil, m'annonça t'il. Je le suivis.
La chambre du conseil est la salle où les représentants élus par les hautes castes de Ragnar tiennent leurs séances. Chaque cité à une chambre semblable. Elle se trouvait dans le plus vaste des cylindres et sa hauteur sous plafond était six fois celle d'un étage normal. Les murs étaient de cinq couleurs, disposés en bandes latérales, représentants chacune des hautes castes, soit, en commençant par le haut : le blanc des initiés, le bleu des scribes, le jaune des constructeurs, le vert des médecins et enfin, le rouge des guerriers. Par ailleurs, je n'approuvai pas le fait que les initiés aient le statut le plus élevé car il me semblait être les membres les plus improductifs de la société.
Au milieu de l'amphithéâtre, se trouvait un siège de cérémonie et sur ce trône, revêtu de son costume officiel, un simple tissu de couleur marron, siégeait l'administrateur de la cité de Ragnar, ancien chef de guerre et Ubar ,mon père, Matthew Cernus . A ses pieds, se trouvaient, une épée, un bouclier et un casque.- Approche, Thierry Cernus, dit mon père, et je me plaçai devant son trône, me sentant le point de mire de toute l'assistance.
Puis Tarl l'aîné parla.
- Moi, Tarl , soldat de Ragnar, donne ma parole que cet homme est prêt à devenir membre de la haute caste des guerriers.
Mon père lui répondit, employant les formules rituelles.
- Aucune tour de Ragnar n'est plus solide que la parole de Tarl soldat de notre cité. Moi , Matthew Cernus de Ragnar , j'accepte sa parole.
Puis, en commençant par la caste de statut le plus élevé, chaque membre du conseil parla à son tour, se nommant et déclarant que lui aussi acceptait la parole du soldat blond. Quand ils eurent fini, mon père prit les armes à ses pieds, suspendit l'épée d'acier à mon épaule, attacha sur mon bras gauche le bouclier rond et enfonça lentement le casque sur ma tête.
- Observeras-tu le code des guerriers ? Demanda mon père.
- Oui, dis-je
- Quelle est ta pierre du foyer ?
- Ma pierre du foyer est la pierre du foyer de Ragnar
- Est-ce à cette cité que tu voies ta vie, ton honneur et ton épée ? Demanda encore mon père.
- Oui!
- Alors , reprit-il en posant solennellement ses mains sur mes épaules, en vertu de mon pouvoir d' Ubar et en présence du conseil des Hautes castes, je te déclare Guerrier de Ragnar !
Mon père souriait. J'ôtai mon casque, plein de fierté en entendant l'approbation du conseil, traduite tant verbalement que par l'applaudissement yorkéen, le frappement rapide et répété sur l'épaule gauche avec la paume de main droite. Je quittai la chambre du conseil en compagnie de Tarl l'aîné et entrai dans une autre salle pour y attendre mon père. A l'intérieur, il y avait une table et sur celle ci une série de cartes. Tarl l'aîné se dirigea immédiatement vers les cartes et m'appella à ses côtés.
- Ici c'est la cité d'Ar, ennemie héréditaire de Ragnar, ville centrale de Marlennus, qui se propose de devenir Ubar de tout York.
- Cela a t-il un rapport avec la mission ?
- Oui. Tu vas te rendre à Ar et voler la pierre du foyer d'Ar pour la rapporter à Ragnar.
Le lendemain matin, après une longue soirée à me balader dans les tavernes en compagnie de Tarl l'aîné, j'enfourchai mon Tarn, ce féroce et magnifique oiseau noir. Mon bouclier et ma lance étaient fixés à la selle par des courroies, mon épée accrochée en bandoulière à mon épaule, côté dos. Ma sacoche contenait l'équipement de base d'un tarnier, notamment des rations, une boussole, des cartes, des liens de fibres et des cordes d'arc de rechange pour mes flèches. Attachée devant moi sur la selle, droguée, tête entièrement recouverte par un capuchon d'esclave bouclé son menton, se trouvait une jeune femme. C'était Arénas, l'esclave que j'avais vue le jour de mon arrivée sur York.
Je fis un signe d'adieu à Tarl l'aîné, mon père et Vika, tirai sur le rêne un et m'envolai, tirant sur le rêne six, réglant ma direction sur Ar. J'étais troublé et furieux, consterné par les affreux détails du projet que je devais mener à bien. Les raisons d'un tel projet étaient multiples et majoritairement fondées. L'une des raisons était politique, car depuis le siècle dernier, la cité d'Ar dirigé par Marlennus avait réussi à réunir, par la guerre, près de douze pierres du foyer, rassemblant ainsi les anciennes cités en un empire aussi solide et compact que l'empire romain. Vu la grandeur des rêves de Marlennus, l'empereur ne voulut pas s'arrêter là et continua à conquérir chaque cité qu'il rencontrait sur son chemin malgré leurs résistances acharnées. Évidemment, tôt ou tard, ce serait le tour de Ragnar d'affronter les hommes de l'empereur ; la seconde raison venait directement des prêtres roi qui avaient, par un message adressé au grand initié de la cité de Ragnar, demander de m'envoyer chercher leur pierre du foyer sans pour autant m'indiquer quoi faire après ce vol. En ce qui concernait le plan, il était plus ou moins simple, bien que celui-ci entrainerait la mort de la petite esclave que je conduisait. Il fallait, d'après le plan du conseil, que je descende juste au moment de l'offrande de la fête de plantation en l'honneur des prêtres roi, sur la tour où sera posé la pierre du foyer d'Ar, qui se tiendra à la 20e ehn (minuit heure terrestre) , tuer la fille de l'Ubar qui viendra accomplir le rituel, emporter le corps et le jeter dans un marécage près de la cité, et échanger les places de l'esclave et la fille de l'Ubar en la faisant porter les vêtements de cette dernière. Il faudrait probablement au moins quelques minutes avant qu'on ne découvre sa vraie identité. Le simple fait de penser que ces deux filles doivent mourir pour me permettre de m'échapper me faisait vomir. C'est alors qu'après un vague moment de réflexion, je me retrouvais à quelques kilomètres d'Ar que j'apercevais néanmoins nettement. La ville était magnifiquement décorée en l'honneur de la fête qui s'y préparait. On pouvait apercevoir et apprécier la beauté architectural de la ville qui était semblable à un château fort imprenable mais rempli et paré d'or et de lanternes étincelantes C'est à cet instant que je compris pourquoi l'on la surnommait Ar la glorieuse. Pendant que je contemplait encore la ville, j'entendis la voie rauque d'un chef de patrouille de Tarn d'Ar qui dit :<< Nous le tenons ! >>.
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LE MONDE DE YORK
ParanormalThierry Cernus, jeune professeur d'histoire part camper en solitaire . Un voyage qui le mènera vers son véritable destin : la planète York , cette anti- terre cachée de l'autre côté du soleil. A peine remis du choc de cette découverte, Thierry suivr...