17-Payakan

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Les plantes nous entourent, nous dissimulant du prédateur. Du moins, croyions-nous. Le destin nous prouve le contraire lorsque ce monstre marin décide de nous foncer dessus à pleine vitesse, toutes dents dehors.

Au moment où nous pensons que notre vie touche à sa fin, une autre bête encore plus colossale le saisit dans ses machoîres et l'envoie voler dans une paroi de coraux à proximité.

C'en est fini de notre rythme cardiaque, d'ailleurs. On a dû apprendre à inspirer et expirer avec les locaux. J'ai bien failli trucider Tsireya en la voyant poser une main sur le torse de Lo'ak. Ainsi que les autres qui rigolaient parce que son rythme cardiaque augmentait. J'avais envie de distribuer une claque à toutes les personnes présentes, particulièrement à Ao'nung et, comme mentionné précédemment, à sa chère soeur.

La question maintenant est: Pourquoi je pense à ça dans une situation aussi dramatique que celle là? Lo'ak me fait des geste de mains comme quoi il ne tiendra pas longtemps lui non plus. Je le vois tenter de regagner la surface de toutes ses forces, évitant de peu la queue de la créature, secoué de spasmes.

Je ne peux empêcher ma respiration de se faire erratique à son tour et m'efforce de le rejoindre remuant les membres de toutes mes forces. Malheureusement, c'est peine perdue, comme lui comme pour moi. Je le vois sombrer dans les abysses qui nous entourent et c'est la dernière chose que je vois avant que l'obscurité ne s'empare de mes sens.

***

Je me réveille sur une surface inconnue, écrasé par un poids chaud et qui ne m'est pas tout à fait inconnu. Étonnament, je n'ai beau pas être tactile ( et c'est peu de le dire ) ce contact imprévu ne me dégoûte pas. Ce n'est qu'en ouvrant entièrement les paupières et en papillonant un peu des yeux que je réussi à comprendre la source de ce poids suplémentaire.

Lo'ak est littéralement allongé sur moi, sa tête enfouie dans mon cou, ses doigts pianotant doucement contre mes côtes. Je dois me mordre les lèvres de toutes mes forces pour m'empêcher d'émettre des sons étranges. Je n'ai pas trop envie de me dégager de cette étreinte imprévue, mais j'aimerais tout de même comprendre la situation dans laquelle je me trouve.

Après quelques contorsions, je réussis à m'extirper, non sans regrets, des bras de Lo'ak. Lorsque j'observe mon environnement, je réalise que nous marchons sur le dos de la plus grosse créature, qui s'avère nous avoir sauver la vie plus tôt. Je me penche pour lui tapoter le front doucement du plat de ma main.

-"Merci ! Mon...Mon ami et moi sommes très reconaissants de ton aide" Je dis avec quelques gestes pour qu'il comprenne.

Un petit son heureux me confirme qu'il a entendu et apprécié mon message. Quelle autre bestiole qu'un des Tulkun sacré des Metkanyia pourrait bien nous avoir sauver? Sauf que du peu que je sais à ce sujet...Ils vivent en groupes, non? Alors pourquoi celui-là est seul ? Avant que je n'aie le temps de lui poser ma question, mon compagnon de voyage remue dans tout les sens, puis se réveille en sursaut, haletant.

-"Noaki !" Hurle-t-il en se redressant fouillant l'horizon d'un air paniqué.

-"Devant toi, espèce de cervelle d'Ilu" Dis-je en réponse de mon ton plat et dénué d'émotions habituel.

-"Ah...On vient de frôler la mort et tu n'as pas plus de réactions?!"

-"Bof, tu sais...J'ai vu pire"

Son regard tombe sur mes cicatrices avec un air désolé. Ça a le don de me frustrer lorsque les gens m'observe de cette façon. Je ne suis pas le genre de personne à m'apitoyer sur mon sort.

-"C'est lui que tu devrais remercier pour avoir sauver tes fesses" Je maugrée en pointant notre moyen de transport du doigt.

Lo'ak fait un saut de la mort en voyant que la surface sur laquelle il se tient est en fait le dos d'un Tulkun. Il court le remercier et lui demande si nous pouvons lui rendre la pareille de quelque façon que ce soit. Pas bête je n'y avais pas penser. Il semble vraiment y avoir une connexion particulière entre lui et notre sauveur. Son enthousiasme m'arrache un sourire en coin.

La beauté du moment retombe toutefois lorsque nous voyons le vieil harpon rouillé enfoncé dans la nageoire du Tulkun ainsi que ses nombreuses blessures, dont son autre nageoire, réduite à un moignon blanchit par le temps. L'absence du reste de sa tribu est également alarmante. Nous l'aidons malgré tout à retirer l'atrocité qui perce sa jumelle.

Il cligne des yeux, apparement soulagé. Lo'ak, souriant, lui apprends nos noms et lui demande si nous pouvons être amis. Le mastodonte accepte avec plaisir et nous tends un de ses ailerons, nous invitant à nous y agripper.

Ainsi passons-nous tout l'après-midi à exécuter des pirouettes dans l'eau avec lui, à échanger des idées et à parler de tout sauf de nos problèmes respectifs. Le temps passe si vite que nous nous trouvons bientôt la nuit, allongé sur son dos à lui parler du ciel. Lo'ak lui montre l'étoile qui représente la terre de ceux qui viennent du ciel.

À cette mention, je serre les dents et me raidis sans même en prendre conscience. La main de Lo'ak vient doucement serrer la mienne, renvoyant mes souvenirs douloureux au fond de mon crâne. Nous restons ainsi, plongés dans ce silence cotonneux pendant un long moment encore. Jusqu'à-ce que la réalité reprenne son cours sur le rêve.

-"Oh non! Vite mon ami, ramène nous à Awa'atlu, s'il-te plaît! Ooooh mon père va être furieux!"

Je sens mon sang ne faire qu'un tour rien qu'à la mention de Jake. Je l'avais oublié, celui-là. Le Tul'kun fait docilement le trajet. Lorsque le village est en vue, nous voyons des Na'vis courir sur les quais en hurlant le nom de Lo'ak, brandissant des torches en tout sens.

-"Va! Va, je te promets que nous reviendrons te voir demain!"

Notre nouvel allié nous fait un signe d'au revoir et s'éloigne sans un bruit. Nous sautons sur des Ilus non loin, et à peine les deux pieds sur le quai que je sais que les prochains instants ne seront pas agréables.

Lo'ak x oc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant