Le feu mourrait aux premières lueurs du jour, on avait retrouvé un cheval au bas de la colline. Thaliûu reconnu instantanément Arachnar ; le canasson était maître en l'art de la fuite mais revenait toujours à son monteur. Apparemment, l'homme avait réussi à le chevaucher, le cheval, lui, n'avait en rien arrêté la recherche de son propriétaire, l'emmenant avec fougue jusqu'à la forêt proche des Hauts-Des-Galgals.
Arwel, s'étant faufilé près du feu au fil de la nuit, roulait des yeux vers les tendres cendres fumantes. Astalos, à son côté, tendait l'oreille. Il s'apprêtait enfin à lui raconter le jour de la cérémonie...et comment les calamités les ont tous frappés.
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Il y avait de nombreux rituels à effectuer, le jour de la rencontre. Tout d'abord, il fallait se lever tôt, à l'aube. Arwel était le seul à choisir de ne pas s'endormir. Le lac était silencieux, seulement quelques lents remous venaient brouiller sa surface. Les arbres, et petites bêtes nocturnes qui l'environnaient, murmuraient le plus bas que possible.
Il était assis au bord de l'eau, ses vêtements presque entièrement imbibés. Lorsque la lune se tenait le plus haut dans le ciel, Arwel sentit ses yeux s'embuer. Une petite voix dans sa tête chuchotait " prenez moi à sa place. Ne nous laissez pas tomber. " Il tremblait, les sanglots l'accablaient, il sortait un canif de sa poche mouillée.
Duinhir, pour la première fois, avait été appelé lorsque le sang d'un Homme s'était répandu dans le lac.
Arwel tendait son bras vers la lune, la main suppliante, et laissa la lame délicate dessiner une longue trainée sur sa peau. Il ferma les yeux de douleur et laissa reposer son corps entier dans l'eau. Au contact du liquide froid, le sang s'éparpilla. Arwel attendit jusqu'à ce qu'il semble perdre la raison.
Prenez moi. Laissez la partir. Je vous en supplie, comprenez nous. Comprenez sa douleur, comprenez la nôtre. Je me dévoue de mon plein gré, à vous, je vous appelle et vous supplie. Prenez moi.
Il sentit sa blessure se refermer et la lune éclairer entièrement la surface du lac. Mais Duinhir ne vint pas. Arwel était toujours seul.
Lorsque le soleil pointait au bout de l'horizon, tout le monde s'était rassemblé sur la grève. On dansait en faisant voler l'écume du lac , chantait en suivant les eaux de la rivière, se partageait le plus grand poisson pêché de la matinée, et appelait Duinhir en un langage presque éteint.
Arwel avait pris part aux festivités avec la boule au ventre. Il savait que c'était sans espoir. Alors qu'il chantait avec sa petite sœur des chansons de leurs aïeuls , il ne pouvait pas résister de fixer les eaux du lac, tout aussi muettes que lorsqu'il s'était donné à Duinhuir. Il se demandait s'il l'avait réellement entendu, et surtout pourquoi il ne s'était pas montré à lui dans ce cas.
Sa main bronzée agrippait une longue toile qu'il faisait virevolter en l'air, plus il pensait à ce qu'il allait arriver, plus il serrait fort. Il ne s'arrêtait pas de chanter, même si sa voix tremblait un peu.
-Veillez sur nous, et on se dévoue. Veillez sur nous, la nature a votre goût, nous vivons grâce à vous. Et flottera sur les eaux l'amour et la joie.
Arwel chanta comme ça jusqu'à l'heure fatidique. Quelques récoltes et fleurs avaient étés déposés sur l'eau, flottant grâce à des planches liées entre elles. L'homme espérait encore voir apparaitre Duinhir au milieu du lac. La mère de Viranhir parla, drapée de bleu et aux joailleries resplendissantes comme le reflet du soleil sur l'eau :
- Entendez la supplique d'une mère. Venez et puissiez dialoguer avec nous. Nous ne vous laisserons jamais déçu, Duinhir.
Le temps passa, le soleil déclina entièrement, certains avaient regagné en larmes leurs maisons, d'autre s'apprêtaient à renouveler le rituel bien qu'ils voulaient s'enfuir au fond d'eux. Arwel était resté là, le regard perdu, ne pouvant se remettre à l'idée qu'ils avaient étés abandonné. Une seconde, il pensa que ce n'était pas assez, qu'il fallait plus pour appeler la divinité capricieuse.
Il voulu se tuer sur le champ.
Son canif avait malheureusement pour lui trouvé sa place au fond du lac, et son idée se tarit lorsqu'il pensa à sa sœur qui n'aurait alors plus personne à ses côtés. Alors, jetant, seul, un dernier regard sur le lac, il laissa tomber ces mots avant de retourner chez lui :
- Je n'oublierai pas.
Le lendemain, il découvrit le visage horrifié de sa sœur. Des Hommes revenaient des champs et de la rivière pour parler de "malédiction". La jeune fille, à peine rentrée dans l'adolescence, ne pouvait s'empêcher de tourner en rond chez eux, incapable de sortir.
Elle laçait éternellement ses cheveux rayonnants lorsqu'Arwel vint lui parler :
- Tu as peur, n'est-ce pas ?
Elle ne bougea pas.
- Oui.
- Ne t'inquiète pas, il passera à autre chose. Il est là pour nous protéger, non pas pour nous détruire.
- Oui, tu as raison, merci.
Dehors, les gens fusaient, tous habillés à la manière de la mère de Viranhir, répétant au bord du lac encore et encore les mêmes paroles. Arwel préférait rester à l'intérieur, il avait perdu tout espoir. Sa sœur répétait, nouant encore ses cheveux et les décorant pour aller rejoindre les autres :
- Oui, tu as raison.
Quelques jours plus tard, le feu frappait les habitations. Personne ne comprenait. Ils avaient tout fait pour ne pas empirer sa colère. Pourquoi eux ? Pourquoi ce jour-là ? Pourquoi elle ? Les implorations cessèrent, il ne resta plus rien.
Arwel survécu, il savait pourquoi. Il avait peur tout autant qu'il était en colère.
***
Hello :)
Juste petite parenthèse par rapport à ce chapitre ; il est vrai que le cadre d'un dieu et de ses croyants est en effet associé en un sens au thème de la religion. Mais en aucun cas je n'essaye de le relier à des faits réels ou à critiquer quoi que ce soit, je ne veux pas accuser une quelconque croyances mais seulement dépeindre la vie de personnages pris dans une situation compliquée, sous le courroux d'une divinité à la fois protectrice et destructrice.
En bref, ça n'a pas de rapport avec un dieu en particulier ni une religion en particulier. J'avais juste cet idée de "mode de vie" en-tête depuis un bout de temps et je trouvais ça intéressant à dépeindre.Kiss :)
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Et je ne suis jamais rentré... - T.2 - Sauveur de ce monde -
FanficSur les traces de son passé, et en quête de son futur, Astalos continu son aventure accompagné de nouveaux acolytes ! Le jeune elfe devra trouver un équilibre entre désir et responsabilité, tout en découvrant chaque jour une nouvelle facette de ses...