D. O. - "Why did you left me ?"

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Toujours là. Ça ne partait pas. Il avait beau essuyer avec un gant, avec un essui, avec une éponge... Les doigts se frottaient entre eux frénétiquement pour essayer... Pour enlever ce rouge encore et toujours présent sur cette peau diaphane.

Le sang s'était mélangé à l'eau, au point de rougir le lavabo et d'y laisser des gouttes rosées... Maintenant, l'eau était devenue aussi translucide qu'à son état naturel... Mais non, aux yeux du jeune homme, le sang était toujours là, toujours présent... Ses doigts étaient toujours les preuves de ce à quoi il venait d'assister. De ce qu'il venait de... De subir... De ce qu'il niait encore et toujours. Les heures étaient passées et pourtant...

Pour la première fois dans sa vie, il souffrait réellement. Dazai sentait ce vide dans son torse avoir été rempli par une vague de douleur. Ce cœur n'avait jamais rien ressenti et, le voilà, là, en train de contorsionner, de se tordre dans des sens inhumains et anormaux. Il avait envie de vomir, comme si cette souffrance essayait de s'évader par un chemin ou l'autre. Il avait l'impression d'étouffer, de suffoquer... Même s'il n'avait qu'une envie : hurler. Hurler sa peine, hurler sa tristesse. Mais rien ne sortait, rien...

Il y avait juste ses sanglots étouffés, ses larmes qui coulaient depuis qu'il avait dû porter le corps de son meilleur ami... Lui qui n'avait aucune force, lui qui était faible... Il avait tout fait pour soulever son ami, pour le porter, pour l'éloigner de là où il était... Le lieu où... Où il avait... Où...

Le déni. Rien que le déni au milieu de ce flot de larmes. Dazai ne savait même pas que faire : l'enterrer, lui montrer les respects qu'il méritait, cet homme dont le cœur n'avait pas la place dans la Mafia... Mais comment faire ? Comment s'en sortir ? Seulement le transporter avait été une réelle épreuve pour le jeune homme. Alors, creuser un trou et lui offrir des funérailles dignes de ce nom ? Non, il ne saurait pas... Mais il avait l'argent. Il avait les moyens d'offrir les plus belles obsèques à son meilleur ami.

La Mafia lui avait pris la vie. La Mafia paierait pour qu'il ait la plus belle des fins.

La Mafia... La Mafia... Cette organisation avait tout offert au jeune homme. Sans passé, il avait reçu une raison de vivre aux côtés de ces criminels, il avait réussi à voir un potentiel sens à la vie grâce à un colérique roux. Il avait tout gagné grâce à ça. Mais on venait de tout lui arracher !

La douleur se muait en une réelle rage... Une colère brûlante tant elle était froide.

Les mains se posaient sur les rebords de l'évier, le regard rouge se reflétait dans le miroir... Les larmes avaient cessées de couler, seul leur sillon était encore là, empreint sur ses joues.

Son poing partait dans le miroir, les éclats s'éparpillaient sur le sol, des débris s'enfonçaient dans la chair... Et, à cet instant, il prenait la décision :

Après avoir offert à Odasaku les plus belles funérailles qu'un mortel puisse espérer, il suivrait ses derniers mots. Ses derniers conseils.

Adieu, la Mafia. Adieu, ces traîtres. Personne ne lui manquerait. Personne !

BSD - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant