N. C. - "Hold me while I'm crying."

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Destinataire : Maquereau.

Oiiii, 'spèce de débile !! T'es ? -

Trois minutes plus tard.

HEY !!! TU FOUS QUOI ?! -

Le rouquin soufflait bruyamment. Eh voilà, l'autre s'amusait à faire son... Son... Eh bien, son Dazai ! Il était sûrement en train de se pendre quelque part... Oh et s'il pouvait ne pas se rater, cette fois, ça lui ferait du bien au petit homme ! Il pourrait enfin avoir un partenaire moins emmerdant - et moins compétent mais ça, il faudrait passer sur le corps de Chûya pour qu'il crache cette vérité.

Il revenait de mission. Tout simplement. Et là, on lui en confiait déjà une autre sans qu'il n'ait le temps de souffler. Une chose habituelle si on ne lui rajoutait pas cet horripilant être recouvert de bandages ! "Il faut vraiment que vous soyez à deux sur cette mission, blablabla, bla. Blabla. Bla !" Chûya avait beaucoup de respect pour son boss. Mori lui avait permis de retrouver cette "famille" de son lui originel et le choix avait été laissé. Au final, le roux était resté du côté des criminels. Sa réelle famille...

Mais respect ou pas, quand on le saluait en lui fourrant une mission avec le suicidaire dans les pattes, il écoutait aucune des instructions !

Le rouquin tapotait, un de ses gants entre ses dents - ça lui évitait de trop grogner et ça lui permettait surtout d'écrire sur son écran tactile -, et il continuait de harceler le brun de messages. Encore et toujours. Jusqu'à se rendre compte d'un détail... Aucun n'était arrivé à destination. Tous avaient la mention d'échec de l'envoi... Non ? Il aurait réussi à... Non, ça n'aurait pas fait quelque chose à son téléphone. Sauf s'il se noyait. Il aurait été capturé ? Peut-être ? Soit on gardait le téléphone allumé pour permettre une demande de rançon, soit on l'éteignait pour éviter un traçage. Vu Dazai et sa réputation... Il ne fallait pas beaucoup de jugeote pour savoir qu'éteindre l'appareil était la meilleure option.

Il remettait le téléphone dans la poche de son manteau avant d'enfiler à nouveau son gant. Il devait mettre cette histoire au clair. Savoir ce qui avait pu être offert comme mission pour que le brun soit en retard et injoignable. Une seule personne pouvait lui répondre. La personne qui lui avait tout appris. Qui ne lui mentirait jamais.

"Ane-san ?"

Son poing tapotait légèrement à la porte du bureau de Kôyô. Derrière, des plaintes pouvaient être entendues. Rien de bien étrange. Que ce soit parce qu'ils étaient dans un bâtiment géré par la Mafia ou parce que la femme gérait les tortures. Un "J'arrive" exaspéré - jamais il n'arrêtera de l'appeler par ce petit nom, il en était trop fier et il la considérait réellement comme sa grande sœur ! - lui répondait et il ne fallut que quelques minutes pour que la porte ne s'ouvre sur la femme habillée de son kimono habituel, ses doigts se frottant contre un bout de tissu blanc aux teintes rouges.

"Déjà rentré ? Comment cela s'est-il passé ?
- Bien, bien... grommelait Chûya, comme si c'était une évidence et que lui demander était une insulte. Je dois trouver l'autre glandu mais j'arrive pas à le joindre. T'as une idée de ce qu'il se passe ?"

Le rouquin se figeait. C'était instinctif. Il voyait le regard de celle qu'il considérait comme sa grande sœur... Un regard qu'il n'avait jamais connu. Il n'avait jamais vu un tel doute dans les yeux rouges, normalement si confiants ! Il s'était donc bien passé quelque chose avec Dazai...

"Chûya. Personne ne te l'a dit ?"

Était-il mort ? Capturé et torturé ? Lui qui avait toujours hurlé sur tous les toits qu'il ne souhaitait que cette fin pour cet abruti... Il sentait ses jambes qui se mettaient doucement à trembler. Son poids devenait presque insoutenable, un comble pour un utilisateur de la gravité.

"Quoi ? Il a encore tenté de se suicider et est en soins intensifs ? grognait-il, se montrant le plus détaché possible."

N'était-ce pas la réaction qu'il devrait avoir ? Ne pas être touché par une telle nouvelle ?

"Chûya."

Le jeune homme se sentit tressaillir lorsque la main de son aînée se posait sur son épaule. Que se passait-il ? Pourquoi sa voix était aussi grave que son regard ? Pourquoi lisait-il dans ses yeux tant de compassion mais aussi tant de tristesse ?

"Dazai a trahi la Mafia."

Il clignait plusieurs fois des yeux... Impossible. Plus corrompu que son partenaire, il n'y avait pas. Pourquoi serait-il parti ? Pourquoi... Au fond de lui, une question, si faible mais si vraie : pourquoi l'avait-il abandonné ? Ils n'étaient que des partenaires de mission mais... Ils avaient ce lien, non ? Ils se détestaient mais ils étaient... Ils étaient à deux ?

Pourquoi son cœur le faisait tant souffrir, pourquoi il avait l'impression qu'on venait de lui arracher cet organe si important... Pourquoi quelques larmes se mettaient à couler le long de ses joues ?

Sa gravité allait s'activer tout naturellement, le petit n'ayant qu'une envie : se cacher et cacher cette faiblesse... Jusqu'à sentir les bras réconfortants de la rousse autour de lui.

"Je sais. Je sais très bien ce que ça fait."

Oui, Kôyô le savait. Comme elle savait que rien ne ferait jamais taire cette douleur si puissante...

BSD - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant