SKK - "Don't leave me." 1/3

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Les mains se tenaient au col de cette chemise normalement blanche. Mais elle n'avait plus qu'une vague teinte claire car les saletés - nourriture, usure, boisson - s'étaient accumulées sur le tout. Le jeune homme n'avait jamais été des plus regardants mais il s'était toujours montré impeccable lorsqu'il le fallait...

Là, le brun était sale. Il avait des cernes sous les yeux - les deux découverts, une chose si rare. Les cheveux étaient emmêlés, gras.

"T'schlingues !"

Le rouquin le repoussait sans une once de douceur, son cadet se laissant retomber comme une marionnette à qui l'on venait de couper les fils. Il serrait les poings. Autant en colère, que répugné par ce qu'il sentait et ce qu'il voyait, que blessé. Être blessé en le voyant ainsi ? Qui l'aurait cru ? Mais oui... Son cœur se serrait face à cette vision de cet homme qui n'en était plus un. Il n'en avait que l'aspect... Son âme ? Elle était sûrement comme son regard. Complètement éteinte.

"D'où c'est par Ane-san qu'j'apprends que... Que t'es parti ?! T'es tombé sur le crâne ? Ou t'as serré trop fort ta corde ?!"

Mais seul le silence lui répondait. Dazai était au sol, se laissant au sol, dans sa crasse et les cadavres de bouteilles d'alcool. Il ne bougeait pas... Il ne répondait pas... Où était passé cet homme, si arrogant, si sûr de lui ? Ce partenaire qui lui tapait sur le système de par sa nonchalance, sa supériorité cachée sous son idiotie... Il était le plus intelligent, le plus immoral, le plus... Le plus...

"Tch !"

Chûya serrait les dents en s'énervant sur le brun. Sans même le prévenir, il le reprenait du sol où il se laissait aller et il le traînait vers une autre pièce. Il lui fallut quelques minutes et quelques essais avant de trouver la salle de bain, d'y mettre le déchet humain et d'ouvrir le jet de douche. Son poing était agrippé à ses cheveux, l'autre servait à viser l'eau froide directement sur son visage.

"Stop... grognait mollement Dazai, tournant la tête pour éviter le jet. S-stop !
- Oh non, tu pues, t'es pire qu'une arme biologique alors j'vais te récurer le cul à grands coups de brosse !"

Le brun se débattait, comme s'il reprenait petit à petit du poil de la bête, comme si l'eau froide le ramenait de cet endroit où Chûya ne semblait pas pouvoir l'atteindre autrement que par la violence. Mais le roux ne se laissait pas faire. Il le bloquait, le bras sur sa gorge, appuyant pour bloquer sa tête contre le rebord de la baignoire... L'eau glissait sur les vêtements sales, sur le sol de la salle de bain, de la saleté s'y mêlant.

"Laisse-moi ! Sale nabot !"

Le regard toujours éteint, se posait par moment sur le visage de son ainé, il croisait le bleu de ses yeux. Il voyait la colère et ce qu'il n'avait jamais vu chez lui qu'une seule fois : lorsqu'il avait perdu les Flag. Lorsqu'il avait perdu sa famille adoptive...

"Non ! J'te lâche pas ! Y te prend quoi ?! T'veux vraiment crever, c'est ça ?! Dans ta crasse ou buté car t'es un putain de traître ?! Drôle de suicide mais j'vais pas te laisser faire !"

Il sentait les mains de son partenaire se poser sur ses bras, les ongles essayant de s'enfoncer dans la chair du mafieux. Son manteau était tombé lors de son arrivée en force, défonçant d'un grand coup de pied et ne se préoccupant pas de son apparence. Trop en colère. Trop en rage. Trop blessé. Il partait ! Il voulait l'abandonner ! Alors oui, il s'était fichu de son entrée en matière et il se fichait bien d'être blessé par les ongles de son cadet si frêle, bien plus qu'avant.

Finalement, ils y arrivaient et, entre la saleté et l'eau, le sang venait se rajouter pour offrir une légère teinte rosée, sa quantité peu importante par rapport au reste.

"C'est pas la douleur qui m'fera te lâcher !
- Va-t-en ! Tu me détestes, non ?! Alors, laisse-moi ! Laisse-moi !
- Non ! J'te laisse pas !"

Les gesticulations devinrent plus importants. Il se mit à s'attaquer son visage, les ongles griffant, les doigts essayant de s'enfoncer dans ses yeux. Chûya relâchait le pommeau de douche pour venir le bloquer, pour tenir ses mains et éviter d'être aveuglé ou pire. Le roux le secouait un grand coup, le plaquait ensuite avec force contre le rebord de la baignoire. De quoi assommer un temps le brun, le maîtriser et laisser le temps de prendre le bain douche. Il l'en aspergeait et faisait mousser le tout grâce au pommeau de douche.

Le voir ainsi, était encore plus douloureux que d'avoir appris son départ de la Mafia... Il n'était plus qu'un pantin sans âme. Il cherchait la mort. La mort par l'alcool, par la Mafia... Chûya souffrait réellement. Son regard bleu devenu si gris, si ombrageux comparé à ce qu'il était en temps normal... Qu'allait-il devenir s'il partait réellement ? S'il le perdait ? S'il perdait le jeune homme qu'il détestait ?

"T'es vraiment qu'un putain d'égoïste..."

Dazai avait perdu quelques secondes connaissance, les yeux papillonnant tandis que sa conscience revenait doucement. Pourquoi ? Pourquoi le roux était-il venu le rechercher ? Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi était-il en train de le laver ? Pourquoi ? Pourquoi...?

Son regard rouge essayait de se fixer sur la silhouette floue de son aîné. Il le voyait en double...

"Pourquoi...? Tu m'détestes... Laisse-moi...
- J't'ai toujours pas prouvé que c'est toi, qui a perdu notre pari."

Le froid l'envahissait quand il venait le rincer, quand, de sa main libre, il lui retirait les fripes lui servant de vêtements. Tout ça pour finir de le rincer, retirer la mousse et le restant de crasse, avant d'être recouvert par une grande serviette et enlevé de la baignoire.

Le brun fermait les yeux quand il frottait ses cheveux, quand il le secouait un peu pour ne pas qu'il soit trop trempé, pour ne pas qu'il tombe malade. Au travers de la serviette sur sa tête, il sentait les doigts qui se serraient, qui se cramponnaient légèrement...

"T'es qu'un idiot, Dazai... Un putain d'idiot..."

Sa tête rencontrait ce qui devait être le torse du plus petit. Il sentait sa respiration grâce à ce simple contact, ses yeux fixaient la serviette lui couvrant le visage et bouchant sa vision. Le rouge avait une légère étincelle. Une lueur dans ses pupilles si ternes depuis la mort d'Odasaku. Une lueur qui, aussitôt, disparaissait, un soupir s'échappant d'entre ses lèvres :

"Tue-moi."

Les doigts exerçaient une force autre, un tremblement faisant vibrer le corps du roux. Pourquoi ? Pourquoi réagissait-il ainsi ? Pourquoi ne partait-il pas ? Pourquoi s'occuper de lui ?!

"Non."

Pourquoi ?

BSD - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant