Chapitre 3

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Je ne pouvais pas le croire... c'était tout bonnement impossible ! Le regard plongé dans le vide, j'essayais par tous les moyens de comprendre le pourquoi du comment. Quelque chose clochait dans cette disparition ; celle-ci a eu lieu au moment des recherches sur les lycanthropes, et, même si cela pouvait paraître insensé comme lien et un peu trop tiré par les cheveux pour les autres, au fond de moi je savais que tout cela faisait sens. Une sensation désagréable ressemblant à un tiraillement au niveau de mon ventre me confortait dans mes pensées. M. Spencer avait disparu et je me devais de découvrir la raison de cette disparition et le lien avec les lycanthropes.

Dans un élan de courage, qui s'apparentait plutôt à un coup de tête, je me retrouvai devant le bureau du proviseur, attendant le moment propice pour pouvoir y pénétrer. Je le savais, cela était complètement insensé et risqué de s'introduire sans autorisation, mais j'étais comme poussé par une force invisible à commettre ce que jamais dans ma vie je n'aurais commis. Tout à coup, un court instant de lucidité me fit l'effet d'une douche froide, rendant mes muscles aussi durs que de la pierre, empêchant tout mouvement de se faire. Et si je me faisais prendre, que se passerait-il ? Quelle explication donner ? Je ne pouvais tout de même pas dire la vérité, on me prendrait pour un fou ! Que diraient mes parents s'ils apprenaient cela ? Toutes ces questions fusaient dans ma tête aussi libres que des colombes qui s'envolaient dans le ciel limpide, me faisant l'effet de coups de massue dirigés directement sur mon cerveau.

Ma respiration devint erratique, une sensation de brûlure envahie ma gorge alors que des larmes commençaient à couler, laissant sur leur passage une chaleur amèrement agréable, et finissaient leur voyage sur mon pantalon tandis que je m’accroupissais sentant mes jambes flancher, devenues du coton. Mes mains se posèrent instinctivement sur mes oreilles, pour taire ces pensées qui se multipliaient et se répétaient dans une boucle infernale. Plus les minutes avançaient, plus mon état empirait : ma vision se troublait de façon inquiétante et plus aucune pensée n'était cohérente, tout n'était plus que brouillon de noirceur qui prenait possession de mon esprit sans que je ne puisse faire quoi que ce soit.

Je crus mourir d'asphyxie quand une lueur éclaira faiblement les démons qui m'entouraient. Elle était si fragile mais si inatteignable qu'elle paraissait une divinité qui ne pouvait être vaincue ; alors je m'accrochai de toutes mes forces à celle-ci puisai mes dernières forces pour la faire grandir et ainsi effacer ces ténèbres. Une sensation plaisante m'envahit, je me sentis flotter, comme si tout cela n'était qu'un mauvais rêve dont j'allais m'échapper. Cette sensation était si agréable que rien au monde ne pouvait la remplacer.

Pourtant, je retrouvai mon calme et mes esprits en ouvrant les yeux, que j'avais fermés sans m'en rendre compte. Et là, tout me revint en mémoire, M. Spencer avait besoin de moi, au diable les conséquences ! Malgré mon élan d'énergie, je devais encore attendre que mes battements de cœur reprissent un rythme normal avant de pouvoir me lever sans provoquer un tournis monstre.

Ce fut au bout de quelques minutes que je décidai de me relever et de me diriger une bonne fois pour toute à la porte du bureau pour entrer. Je soufflai un dernier coup avant d'actionner la poignée qui s'abaissa dans un clic qui me paraissait beaucoup trop fort à mon goût, me faisant grimacer. Je poussai la porte lentement, créant un grincement digne d'un film d'horreur qui me fit regarder autour de moi, de peur qu'une personne ne m'ait entendu. Voyant que ce n'était pas le cas, j'ouvris complètement la porte d'un mouvement brusque pour minimiser le bruit et ainsi être plus discret. J'entrai enfin dans le bureau en pensant bien à refermer la porte derrière moi puis me dirigeai rapidement vers les différents casiers collés au mur perpendiculaire à la porte et fouillai chaque tiroir jusqu'à trouver le dossier de M. Spencer.

En le feuilletant, je m'aperçus que M. Spencer était professeur seulement depuis cette année mais qu'aucune information n'était donnée sur son passé, ce qui me paraissait assez étrange. Pour vérifier si cela était le cas pour tous les autres professeurs, je décidai d'en ouvrir un autre. Que ne fut pas ma surprise quand je découvris que les métiers passés des autres professeurs étaient bels et bien indiqués ! Pourquoi diable celui de M. Spencer était-il aussi incomplet ?

Le Loup Aux Yeux D'Or Où les histoires vivent. Découvrez maintenant