— Jay, supplié-je. Arrête !
Les coups de poing pleuvent de part et d'autre, mais Jay prend rapidement le dessus. Lorsque son pied s'écrase sur la poitrine de mon ex-petit ami, je le contemple, immobile sur le sol.
— Dégage, avant que je ne t'achève ! crache Jay. C'est la dernière que tu la touche sans sa permission et la dernière fois que tu viens la voir sans qu'elle te contacte elle-même. T'as compris ?
Mon ex se relève en me jetant un regard haineux.
— Vas-t-en, Fred. Ne reviens jamais, dis-je froidement.
Je regarde quelques secondes le dos de Fred qui s'éloigne, puis fixe Jay, pétrifiée. Mes genoux saignent, mon pantalon est déchiré. Je lui retiens encore le bras pour être sûre qu'il ne poursuivra pas Fred.
— Elle est où ta répartie, Bob l'Éponge ? Depuis quand tu te laisses insulter ?
— Tu n'aurais pas dû...
— Le voir te traiter comme ça, ça m'énerve. J'étais de mauvais poil, il est juste tombé au mauvais moment... Tu n'avais pas envie de le tuer, toi aussi ?
— Tu as raison... En fait, je suis une mauvaise personne.
— Quoi ?
— J'aurais pu me relever plus tôt, mais... je n'ai pas eu cette force. Je crois... que ça m'a fait du bien que tu le frappes. Je t'ai laissé faire. Quelque part, je crois que ça m'a soulagée ! Je suis méchante ! C'est mal, n'est-ce pas ?
— Mince, alors j'aurais pu lui refaire un peu plus le portrait, tu sais ?
J'essuie mes larmes en riant. Jay fouille dans la poche de son blouson et me colle un paquet de mouchoirs sur le front.
— Alors, comme ça, on est une mauvaise fille ? T'es pas crédible deux secondes avec tes genoux écorchés et tes larmes de gamine. Tu t'en rends compte, au moins ?
Il se fiche de moi en riant !
— Si tu étais si mauvaise, ce mec serait encore là à subir mes coups et tu serais hilare en le voyant agoniser. Au lieu de ça, tu t'en veux de ne pas t'être relevée plus vite pour m'arrêter ? C'est ridicule ! Tu as le droit d'être en colère et de vouloir tout casser. Arrête de te retenir, bon sang ! D'ailleurs, c'était qui ce crétin ? Ton ex ?
Je hoche la tête en me mouchant.
— La prochaine fois, ne te laisse pas insulter comme ça ! Et ne me prends pas pour ton chevalier, OK ? C'est juste que j'étais énervé et que sa tête ne me revenait pas, dit-il en détournant les yeux, un peu gêné.
Jay avise le sachet blanc qui vole à quelques centimètres de nous, l'attrape et commence à ramasser les objets éparpillés sur le trottoir.
Ce sont les miettes de mon couple avec Fred et je n'en veux plus. La seule chose importante dans tout ça, c'était la photo de Fred, Laurine et moi lors d'une expo que nous avions fait ensemble. Je la chérissais car je pensais qu'ils étaient mes amis.
Jay me regarde serrer la photo écornée. Elle est tombée dans le caniveau et a un peu pris l'eau.
— C'est tes amis ?
— C'était, je le corrige avant de déchirer la photo.
Je jette tout dans une poubelle à proximité. De nous trois, je ne garderai rien. De mon couple, je n'ai besoin d'aucun souvenir. Je reviens vers Jay et nous montons ensemble l'allée vers chez Roxanne.
— Merci, Jay ! Tu n'étais pas obligé de prendre ma défense. Tout ça, c'est de ma faute ! Je croyais que je pouvais pardonner et qu'on pouvait me demander pardon aussi, mais mes espérances étaient un peu trop hautes. Pardon de t'avoir mêlé à tout ça.
— Tu vas faire quoi ?
— Oublier et reprendre ma vie en main. L'amour, je n'en veux plus.
Jay lève les yeux au ciel et hausse les épaules.
— Tu ne vas même pas te venger... Jamais tu ne seras « mauvaise », ma pauvre, c'est peine perdue !
— C'est un compliment ou un reproche ? je grimace dans la montée, les écorchures frottent sur les bords du jean troué par ma chute.
Il soupire et me soulève dans ses bras. Mes pieds ne touchent plus terre.
— Pas la peine de me porter, Jay ! Je ne suis pas blessée à ce point !
— Blanche, parfois tu dois compter sur tes amis. Tu ne peux pas toujours penser que tu es seule.
Je rougis. Comment fait-il pour comprendre ce que je ressens ? Je n'ai jamais eu d'ami garçon, à part Fred avant que nous soyons en couple, mais Jay ressemble un peu à celui que j'aurais aimé avoir.
— Ne dis rien, dit-il. Je suis nul pour faire la conversation et tu pèses une demi-tonne.
— Crétin, pose-moi... je souris.
— Mon surnom, c'est Grincheux ! Demande donc à Stella, à qui tu as vendu la mèche.
Roxanne pousse un cri quand nous arrivons dans le salon.
— Mais tu saignes ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Rien, elle suis juste tombée, répond Jay.
— Vraiment ?
Roxanne se précipite vers moi et Jay me dépose sur le canapé.
— Je vais acheter de la glace aux trois chocolats, annonce Jay.
— De la glace ? s'étonne Roxanne.
Nous regardons Jay sortir de la pièce sans un mot.
— Mais de quoi il parle ? demande Roxanne.
— C'est... Ce n'est rien.
— Blanche, nous sommes amies, alors s'il te plaît, dis-moi la vérité. La glace aux trois chocolats, c'est ce que Jay va m'acheter quand j'ai un coup de déprime. Raconte-moi.
— Peut-être aussi que j'ai rompu avec la personne que je croyais être mon petit ami.
— Oh ! je vois...
— Et peut-être que Jay est intervenu.
— Il s'est battu, pas vrai ?
— Un peu... Je... je suis désolée.
— Ne t'inquiète pas. Je suis sûre que Jay a adoré taper sur un imbécile, dit-elle en mimant Jay boxer un type imaginaire.
Je souris malgré la situation.
— Bon, je vais nous préparer une soirée tranquille, mais d'abord on va s'occuper de tes genoux.
Elle pose une couverture sur mes épaules et court à la salle de bains pour chercher la trousse à pharmacie. Elle est si gentille. Est-ce ça d'avoir une amie ? Une vraie, je veux dire ?
Dans le couloir, je l'entends soudain discuter avec quelqu'un et je ne comprends que « dans le salon, prends donc la trousse et aide-la ». Qui vient d'arriver ?
VOUS LISEZ
Blanche-Neige Online
ChickLitLe site "Pomme-d'amour.com" réalise vos voeux et Blanche n'a rien à perdre... depuis qu'elle a été trahie par sa meilleure amie. Une princesse peut-elle s'en sortir avec pour seules armes : sa répartie et son téléphone ? Entrez dans le Paris de la m...