Du début à la fin (tome 1)

Chapitre - 3

Luce ne fit plus qu'une apparition par jour après l'enterrement de l'homme qui prétendait être son père. Elle était désagréable avec tout le monde, reprochait des faits dont personne n'était responsable et mettait fin aux séances de psy que sa mère l'avait obligée à suivre. Elle essayait sans trop d'efforts de poursuivre le cours de sa vie. L'aide de Sasha l'importait plus qu'elle ne le prétendait. C'est comme si sans ce garçon, elle n'était plus rien, comme si elle perdait tout. Avec cette promesse de mariage qu'ils s'étaient faite, pour le meilleur et pour le pire. Mais son état empirait, elle ne voulait plus prendre son traitement qui l'aidait à limiter l'avancée de la maladie. Elle ne supportait plus rien. Mais elle n'avait pas l'air très chamboulée d'être privé d'un père qui n'avait finalement jamais été très présent pour elle. Elle connaissait mieux son grand-père qui était mort deux ans avant la naissance de son frère. L'homme qui lui avait tout apprit et qu'elle aimait plus que tout. Mais qui avait donné vie à un être cruel. Elle ne lui en voulait pas, mais en voulait à son géniteur, lui qui n'avait jamais été présent pour elle et qui lui reprochait des actes dont elle n'était même pas responsable.

Quant à Noémie, elle, tentait de rester elle-même pour soutenir sa mère dans ce qu'elle traversait. Elle faisait ce qu'elle pouvait pour rester le plus impartiale possible auprès de ses amis et de son petit ami pour ne pas les alarmer. La jeune fille essayait de ne rien laisser paraître pour éviter les questions indiscrètes de la part de ses camarades de classe qui pourraient faire remonter des souvenirs potentiellement douloureux à propos d'un père qui avait été très irresponsable. Elle en voulait à sa sœur d'avoir poussé leur père à bout. Elle la tenait pour responsable de ce qui s'était passé ce soir là, mais elle se disait que sa sœur n'avait pas eu tout à fait tort de réagir de cette façon, elle avait touché des points sensibles qui remontaient à un certain temps. Ces points là qui prouvaient un tas d'incriminations de Luce envers son père.

Basile, lui, ne se rendait pas compte de la gravité de la situation, il était encore trop jeune pour réaliser. C'était quelque chose qui arrangeait plutôt l'entourage du petit garçon. Il continuait de grandir, posait de temps à autres quelques questions comme : « Quand est-ce qu'il rentre papa ? » ou bien « Il est où papa ? ». Dans ces moments là, c'était Luce qui lui répondait en lui disant qu'il ne reviendrait pas et que c'était mieux pour tout le monde, avec cet air cynique qui rendait sa mère dingue. L'enfant était perdu entre ses sœurs qui ne s'entendaient pas à la limite de la haine, et sa mère qui essayait de le surprotéger d'un danger qui n'était plus présent. Il n'avait presque pas connu son père et c'était probablement mieux comme ça.

Magalie ne savait plus comment gérer sa fille, elle avait beau tout essayer, elle n'en pouvait plus. Luce était devenue invivable. Plus ça allait, moins ça allait. Mais personne ne pouvait y faire grand-chose. Elle commençait même à douter de son mariage. Avait elle fait le bon choix il y a dix-sept ans ? Devait elle s'en vouloir d'avoir eu des sentiments pour cet homme pendant tout ce temps ? Elle se remettait en question par rapport aux affirmations de sa fille qui la blessait, mais qui au final ne lui semblait pas si absurdes. Elle se devait d'en vouloir à sa fille d'avoir osé dire la vérité sur l'homme qui partageait leurs vies.

C'était une femme forte qui s'affaiblissait au cours du temps.