Deux ans plus tard, Luce eut la chance de bénéficier d'un traitement expérimental. Quand les médecins ont proposé cette alternative aux tonnes de médicaments pour freiner la maladie que Luce devait prendre, Magalie a dit oui tout de suite, mais la jeune femme, elle, n'avait pas l'air enchantée. Elle croyait que ce nouveau traitement allait entraîner de nouveaux soucis d'adaptation aux nouvelles substances. Mais au bout de trois semaines, sa mère avait réussi à la convaincre que si elle n'essayait pas, elle ne pouvait pas savoir comment elle réagirait, et que ça pourrait probablement lui permettre de remarcher. La jeune femme finit donc par accepter pour que sa mère lui fiche la paix, disait-elle. Il lui fit un temps d'adaptation pour ce traitement, mais elle s'y fit plutôt rapidement et reprit des forces peu à peu, elle pu tenir debout sans difficultés au bout de quelques mois passés dans un service spécialisé. Dans ce service, elle rencontra un jeune homme, il avait le même âge qu'elle.
Ils se virent pour la première fois dans la salle d'attente pour recevoir les feuilles de soins.
« - Salut...
- Salut..
- T'es là pourquoi toi ?
- Myopathie de Duchenne, et toi ?
- La même... Ça fait combien de temps que tu le sais ?
- J'avais sept ans, donc ça fait neuf ans. Et toi ?
- Ça va faire six ans le mois prochain. Mais j'en déduis qu'on a le même âge.
- Monsieur est perspicace ! Au fait, moi c'est Luce ! Et toi ?
- Enzo ! Mais t'es une fille toi...
- Belle observation ! Pourquoi ?
- Cette merde touche très rarement les filles.
- Faut croire que je suis l'exception.
- Qui confirme la règle.
- Exactement ! »
Ils se serrèrent la main en souriant.
« - T'es là pour le traitement expérimental aussi ?
- Ouais, enfin je suis surtout là parce que sinon ma mère n'allait pas me lâcher !
- Mère poule ?
- Absolument !
- T'inquiètes, ça va probablement lui passer... Enfin espérons !
- T'as des frères et sœurs ?
- Ouais, j'ai un grand frère qui a vingt ans, il s'appelle Ylane. Et toi ?
- Une grande sœur de dix-sept ans qui s'appelle Noémie et un petit frère de six ans, ce troll s'appelle Basile.
- Et tes parents ils font quoi ?
- Ma mère est rédactrice en chef pour un magazine de mode. Et les tiens ?
- Père au foyer et l'autre est directeur marketing dans une agence de pub. T'as juste une maman ?
- Mon géniteur est mort il y a un peu plus de trois ans.
- Ah merde, excuses moi...
- Nan nan t'inquiètes pas, c'était un vrai connard.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que c'était le cas, mais bref, c'est pas le sujet. T'as deux papas toi ?
- Ouais, pourquoi ?
- Pas trop relou le regard des autres ?
- T'inquiètes, j'ai l'habitude.
- Désolée pour toi.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Le ton que tu as employé laisse penser que t'en baves par rapport à ça.
- Un peu mais on s'en fou.
- Mec, on s'en fou pas.
- Mais t'inquiètes pas je t'ai dis ! J'ai pas besoin de pitié.
- Ah oui ok, du coup je vais m'arrêter là. Pour une fois que j'arrive à sympathiser avec quelqu'un, ce serait con de tout gâcher !
- Effectivement !
- Bon sinon t'es là pour combien de temps ?
- Je sais pas encore. Ça craint un peu...
- Mais non, faut pas dire ça, je suis là moi.
- Oui enfin si on se retrouve que tout les deux, on va se faire chier.
- J't'emmerde ! J'suis super fun moi ! Enfin quand j'arrive à bouger toute seule.
- Hahaha ! Arrêtes tes conneries, je vais avoir des crampes.
- Comme si c'était pas ton cas ?
- Si si complètement !
- Et ben voilà ! Mais t'inquiètes pas, entre cabossés, on va se soutenir.
- Parfait alors !
Quand l'infirmière est arrivée, les deux jeunes étaient en train de rire comme des enfants, ce qui n'était pas arrivé à Luce depuis bien longtemps. C'est d'ailleurs ce qui a rassuré Magalie. Elle savait maintenant que sa fille pouvais réussir à sociabiliser avec d'autres êtres humains, et qu'elle pourrait être soutenue même si sa famille n'était pas avec elle. Noémie trouvait ça ridicule et se moquait ouvertement de sa sœur, ce qui mettait Magalie hors d'elle. Vous vous rendez compte, avoir une sœur condamnée qui réussissait à attirer l'attention de votre mère une fois de plus pour une simple discussion. Comment ne pas être jalouse ?
- Alors les enfants ? Moi c'est Laura ! Comment ça va ?
- Bien m'dame ! Moi c'est Enzo et elle c'est Luce ! s'exclama Enzo
- Ça va, ça va. répondit Luce
- Oula, ça n'a pas l'air d'aller ma belle. Je me trompe ?
- Non, je suis juste un peu inquiète pour l'essai clinique..
- Oh ne t'inquiètes pas pour ça, le docteur est très compétant. Ça fait plus de dix ans que je travaille avec lui, il est vraiment doué. Tu peux lui donner une confiance aveugle.
- À ce point là ?
- Oh oui, tu peux me croire !
- Fais lui confiance, j'ai déjà eu des rendez-vous avec lui, il est cool ! rétorqua Enzo
- Bon ok, mais si je l'aime pas, ce sera de votre faute à tout les deux ! dit Luce en ricanant
- Je prendrais ça pour moi ! s'exclama Laura
- Très bien, alors j'irai le voir.
- Parfait, ça me va !
- Oui moi aussi !
La réponse de Luce enjoua Laura et Enzo. L'infirmière les quitta pour rejoindre son poste.
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Du début à la fin (tome 1)
General FictionPrologue Dans la campagne de Hennebont, Luce, quatorze ans, vit avec ses parents, sa grande sœur et son petit frère. Elle passe le plus clair de son temps avec son meilleur ami, Sasha, à sillonner les bords de route dans l'espoir de pouvoir respire...