ESTRELLA - BRAHMAN PARADISE TOME 02

𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟓

Lewy

Cette famille est adepte d'une chose, c'est certains ; le silence.

Ils aiment trop rester là, sans rien dire, pendant des heures, sans ressentir le moindre gène ou la moindre pression. Perso, moi, ça m'angoisse à m'en donner mal au ventre.

Ça fait plus d'une heure et demi, que personne n'a ouvert la bouche. Dara a refait des crêpes, Yael a descendus le pack de bière entier, Swann joue à Fifa avec le père des Perez, comme si tout était normal.

Alors que non, ils prennent juste le temps de tout diriger, d'accepter les vérités qui ont éclaté, avant d'en discuter, et bordel c'est entrain de me rendre fou.

Quand Dara s'assoit à côté de moi et ouvre enfin la bouche, je suis soulagé d'un poids lourd au-dessus de ma tête.

-Tu en veux une ? me demande-t-elle.

-S'il te plait.

Je la laisse m'étaler le nutella sur ma crêpe avant de la plier en triangle. Je ne lui dis pas que pour moi, ça se roule, mais la remercie en souriant comme je peux.

Il est dur de rester neutre après toutes ces révélations.

Une part égoïste tout au fond de moi, regrette de ne pas avoir été au courant. J'aurais aimé être l'oreille à laquelle Alyah aurait pu raconter ses pires blessures, lui dire qu'elle n'y est pour rien, que rien n'est sa faute. Car je la connais, tout le monde la connait comme ça, elle est du genre à se sentir coupable pour tout. Selon elle, le problème, c'est toujours elle.

Alors que le seul fautif, c'est ce Dylan.

Qu'importe ce qui a pu se passer après, Alyah reste une victime. Victime de ces monstres qui utilisent leur force pour abattre les plus fragiles qu'eux. Ce n'était qu'une enfant, et penser aux mains de ce connard sur elle, encore innocente, me fout la gerbe.

Je savais qu'elle avait vécu le pire, mais plus j'en apprends, plus je suis époustouflé de la force qui la maintient encore debout. Je suis admiratif. Tellement fier de ce qu'elle est, de voir que malgré tout, elle a réussi à vivre. Car après avoir vécu une agression, et enterré un corps aussi jeune, peu de gens auraient été capable de tenir comme elle. Personnellement, je n'aurais pas tenu le coup.

-J'aurais fait la même chose, tu sais ?

Enfin, Dara s'adresse à son cousin. Yael, qui boit surement sa dixième bière, la fixe d'un regard vide et aussi profond que sa douleur. Une lueur passe un instant dans ses iris quand Dara le regarde. Les deux ont une relation particulière, Yael est très rancunier, et a mis longtemps à ne plus la détester d'être parti. Mais je vois toujours cette lueur, à chaque fois qu'elle lui adresse la parole comme une grande sœur.

-J'aurais fait pareil, si on en s'était pris à dolce, ou même à vous. Tout le monde aurait fait pareil.

Il pose sa bouteille sur la table, avant de poser un instant ses yeux sur moi. Se demande-t-il si mon avis a changé ? Je suis sûr que c'est ce que sa sœur se demande également.

-Kai aussi, j'en suis persuadée.

-Non, Kai aurait été plus intelligent. Kai n'aurait pas réagi sur un coup de tête. Maman, n'aurait pas fait ça.

Par terre, sur les oreillers, son père se retourne vers lui en se rapprochant de la table basse.

-Arrêtes de toujours te comparer à eux. Et puis crois moi, Yael, tu as tords.

Leur relation reste complexe, mais Yael prend la peine de l'écouter depuis quelques temps, et c'est déjà une grande avancé. Je sais que là, c'est surtout car ça parle de sa mère.