Chapitre 13: Nath, Maman!

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Cela ne fait que quelques jours que je n'ai pas vu ma mère et pourtant j'ai l'impression d'aller rendre visite à une parfaite inconnue. Ces dernières vingt-quatre heures, j'ai enfin ouvert les yeux sur ce dont est capable celle qui m'a mise au monde. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la prise de conscience est douloureuse. Non seulement elle m'a menti et m'a manipulé en usant de notre lien, mais en plus, elle s'est alliée à la pire garce de la terre pour m'arracher mon bonheur. Je ne sais pas encore si j'arriverais à lui pardonner ça un jour, mais en attendant je veux entendre toute la vérité de sa bouche. 

Il est un peu plus de neuf heure quand je passe le porche de son immeuble sur Madison avenue. C'est moi qui lui ai offert cet appartement. Elle voulait être proche de central parc et pas trop loin de chez moi pour que je puisse venir la voir régulièrement. J'emprunte l'escalier et monte rapidement les trois étages qui me séparent de son loft. A l'époque,  elle avait insisté pour prendre celui-ci parce qu'elle aimait le style haussmannien de l'immeuble et qu'elle trouvait le lieu lumineux. Depuis lors elle n'a cessé de se lamenter sur les trois étages qu'elle doit monter et descendre quotidiennement pour sortir de chez elle. J'ai toujours pensé qu'elle faisait ça pour que je l'invite à emménager chez moi. Evidemment, j'avais beau aimer ma mère de tout mon coeur, sa présence chez moi était incompatible avec mon mode de vie de l'époque. J'ai donc toujours refusé de céder. Enfin... Jusqu'à cette histoire d'achat et de rénovation de Brownstone. Comment ai-je pu une seule seconde m'imaginer vivre avec elle dans cette nouvelle maison. Le manque que Bright avait laissé en moi devait être encore plus destructeur que je ne le pensais. 

Par habitude, je glisse la clé dans la serrure, toque trois fois et entre. Tout ici est en ordre. Ma mère a décoré le lieu à son image. C'est à la fois coquet, chic et loufoque. Les murs sont blancs, les meubles sons dans des tons beiges et le sol en parquet sombre donne tout son caractère à une spacieuse pièce de vie. Celle-ci présente une cuisine équipée moderne et un salon  composé de deux canapés en lin qui se font face, séparés par une table en verre. Il y a également un coin repas prêt à accueillir toutes ses amies du club de gym ou de golf.  Sa touche fantaisie, ce sont ses rideaux roses qui encadrent les larges baies. Les quelques tableaux abstraits qui habillent les murs donnent également un peu de couleur à l'intérieur. Ma mère m'a avoué un jour qu'elle n'aimait pas particulièrement ces peintures mais que d'après ses amies c'était très chic d'en posséder. 

L'arrivée de Kiki qui sort de la chambre et trottine joyeusement vers moi m'indique la présence de ma mère. Elle ne sort quasiment jamais sans son chien. En tout cas elle ne le laisse jamais seul ici. 

-Maman! T'es là?

Sa présence se confirme lorsqu'elle sort de la pièce et se dirige vers moi de manière théâtrale en criant et en agitant ses bras dans tous les sens.

-Nathanaël! Mon chéri!  T'es là! J'étais tellement inquiète! 

Toujours en en faisant des tonnes, elle m'attrape le visage et me regarde droit dans les yeux. Je ne la repousse pas.

-Tu vas bien mon chéri? J'ai essayé de t'appeler des centaines de fois. Où étais-tu passé? 

-J'étais à Paris maman. J'ai fait l'aller-retour en avion. C'était difficile de te répondre. 

-Tu as vu ce qui se passe? Cette horrible vidéo! Et cette photo? Dis moi que c'est un montage, dis moi que tu n'as pas revu cette ordure de chinois!

Je reçois instantanément ses mots comme une gifle. Immédiatement, la colère et le dégoût monte en moi. J'attrape ses mains et les retire brutalement de mon visage. Pourquoi n'avais-je jamais vu à quel point ma mère est odieuse?

Notre maître chanteur (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant