non daté

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Et bien, vous avez déjà pris une décision que vous regrettiez ? Enfin... Quelle question étrange, tout le monde a déjà regretté une décision. Peut être que j'aurais dû la regretter plus tôt... C'est tout. Car maintenant c'est trop tard. Vive la prison, vive le prisonnier. Ma prison c'est ma chambre, c'est vrai... Il y a pire. Mais croyez-moi, la fenêtre peut très rapidement prendre des allures geôlier lorsque le petit matin se lève, narquois, et nous défit d'aller le voir. Comme un geôlier c'est, paradoxalement, cette seule chaleur qui nous sauve de la folie, mais aussi celle qui nous prives de toute les autres. Il ne nous reste alors que cette vitre, contre laquelle nous ne pouvons que poser notre tête, résigné, à observer les uniformes marcher au pas. Un ennuie presque aussi absurde que le miens...

Bon. C'est vrai, c'était peut-être osé de m'y glisser comme ça, la nuit, en sachant pertinemment que jamais père n'aurait laissé faire ça. Mais c'est que l'image de ces hommes... Bin je n'arrivait pas à m'en défaire. Qu'étaient-ils devenus ? Que pensaient-ils en faisant ça ? Savaient-ils, en se levant ce jour-là, que ça serait leurs derniers jours d'homme libre ? Cette détermination me déroutait. Je voulais juste... comprendre ?

Ce soir-là, je me sentais bien. J'avais été gardé en observation mais je savais que mes membres étaient opérationnels. C'était, je pense, la peur de mon état mental. Ils redoutaient que cette explosion ou cette rencontre impromptu avec ce presque mort rapidement finis n'ai fait naitre chez moi je ne sais quel délire traumatique.

Ce soir-là donc, j'avais veillé à ne pas m'endormir. Je ne pouvais ni lire, ni écrire, la lumière aurait attiré l'attention. J'étais resté silencieuse dans la pénombre, attendant minuit avec, pour seule divertissement, la préparation d'un plan que je savais foireux d'avance. Mais bon... Peut être que cette bombe avait finalement fait naitre quelques-uns de ces délires traumatiques... Passons.

J'ai patiemment attendu que les aiguilles ne s'alignent sur minuit pour enfin me glisser hors du lit. Un coup d'œil prudent à l'extérieur et me voilà déjà dehors, en chemise de nuit malgré le frais courant d'air, à déambuler dans les coulisses de l'infirmerie. Je me suis caché à plusieurs reprise d'un ou deux soldats ivres qui regagnaient ses quartier – celui-ci se trouvant à l'étage au-dessus du couloirs des blessés – mais ce ne fut pas le plus technique, en soi. J'atteins en effet plutôt facilement le garage et, je dois avouer que l'excitation procuré par ce franchissement d'interdit avait quelque chose d'enivrant.

Alors j'ai ouvert la porte dans un élan de courage fou. Tout doucement, ne pas attirer l'attention, et je me suis glissée dans le garage, garage qui tenait en réalité plus du hangar avec cet entassement de blindé... Se faufiler entre les véhicule de trois fois ma taille fut un jeu d'enfant, un cache-cache avec, pour seule différence, la variable ennemie un peu trop opaque. Je ne savais pas non plus ou aller. Je me souvenais que les hommes de pères venaient ici lorsqu'ils devaient converser avec nos jeunes amis révolutionnaires, mais du reste tout restait flou. J'avais beau être la fille du Général, ça n'était pas mes affaires.

Le manque d'objectif précis finis par me faire errer à moitié. J'en étais presque à me résigner à partir lorsque les mécanismes des lourds battants du garage s'activèrent. Les pans en métal, 2 mètres de ferraille blindé qui se levèrent dans un même chant criard, laissaient peu à peu passer un monstre de fer tout vomissant de son familier nuage de fumée. Je tirai mon T-shirt pour me couvrir le visage, maigre protection face à ce brouillard nauséabond.

Le journal de PaulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant