Plaqué contre un des autres véhicules, je tentais d'observer la bête par quelques espaces vide entre chaines et carcasse du blindé. A dire vrai, je les entendis d'abord ; C'était vraisemblablement un groupe de militaire. Un retour de mission. Ils ne portaient pas l'uniforme coutumier des hommes de mon père mais, à la place, un costume noir surmonté d'un brassard discret qui arborait les lettres de feu ''US''. Ils trainèrent quelques instants près de leurs véhicules puis se mirent en marche.
Nous évoluions, le groupe et moi-même, comme deux droites parallèles grandissant sur la même abscisse de Jeep numéroté. Je me souviens alors m'être félicité d'être resté pied nu car, si à chaque pas mes ceux cis épousaient la froideur âpre du béton, ils garantissaient une avancé silencieuse. D'ailleurs les hommes eux même cherchait cette étrange discrétion. Ils murmuraient dans quelques rire roque, conservant ce ton volontairement bas comme s'ils risquaient de réveiller les véhicules endormis.
Mon regard rivé vers les hommes, mes mains tâtonnaient contre les blindages pour suivre la ligne de vie. L'un d'eux alluma alors sa cigarette, laissant poindre une lueur orangée dans l'obscurité du hangar, facilitant ma filature du petit groupe. Pourtant, ce que je n'avais pas anticipé, c'était la fumée que déploierait cette toute petite tige blanche. Ce n'était pas grand-chose c'est vrai, mais ça suffit à me surprendre ; peu habitué, elle m'irrita la gorge et je du me retenir de tousser, laissant alors échapper un petit hoquet à peine audible mais qui... Dans cette cage de béton vide, suffit à attirer l'attention.
Je m'arrêtai net, retenant ma respiration sitôt au fait de ma misérable erreur.
L'un des hommes s'était lui aussi arrêté. Avait-il pressenti quelques choses ? Il se retourna, glissant son regard brillant sur les véhicules environnant. J'étais cramée. C'était une question de secondes avant qu'il ne repère le blindé exact, qu'il ne me trouve.
Maintenant qu'il était face à moi, le temps comme suspendu, je pouvais enfin véritablement le voir. Mon futur bourreau était un garçon à peine plus âgé que moi, un adolescent de 17 tout au plus. Détail absurde, révélant une délicatesse incongrue ; une petite fleur fanée dépassait de la poche de son costume de croquemort.
Il allait alors pour ouvrir la bouche mais... Je fus temporairement sauvé par le râle des condamnés. Je les avait donc enfin trouvé...
Il n'y avait que quelques pas à faire. Je me glissais facilement jusqu'au véhicule le plus proche et m'accroupis au niveau des chenilles. Un coup d'œil entre les rouages et je pus enfin croiser le regard de cet homme, celui qui avait gémit. Il était si misérable que mon premier réflexe fut de détourner le regard. L'homme était attaché à une canalisation comme un simple chien, forcé de rester debout, les bras pendus à ces fichus tuyaux, du sang séché qui se mêlait à du sang neuf fuyant de quelques plais dans un entrelacement de sillons rouge, son visage était boursoufflé par les coups et ses vêtements étaient éventrés par la violence de ses interrogateurs. L'homme était seul, ou était passé les autres ? Il était seul face à ce petit groupe de gentleman, son regard rivé vers moi comme un appel de détresse.
Mais je n'étais pas un très bon compagnon d'infortune, peut être aussi parce que nos infortunes étaient alors de nature différente. Ce n'est peut-être pas une excuse, mais j'étais terrifiée que ces hommes ne me voient ainsi assister à ça. Je me rendais ainsi bien comptes qu'ils n'avaient aucun intérêt à montrer cette mascarade. Ce genre de chose se devait de rester secrète, ça faisait partie de cet autre côté de l'histoire que le peuple ne connaitra pas.
J'ai regardé longtemps ce drôle de manège sans pouvoir m'en détacher, mais lorsque mon esprit compris enfin que j'en avais assez vu, je me suis laissé glisser contre le sol pour camoufler toute trace de ma présence. Ainsi tapis contre le tank, je n'avais plus qu'a attendre.
Mais que c'est long d'attendre qu'un homme finisse de souffrir.
Mais je n'eus pas à attendre bien longtemps, car les coups se turent en ne laissant qu'un orchestre dissonant de gémissement. Les croquemorts avaient fini leur journée, ils allaient maintenant rentrer chez eux.J'étais sauvé, mais j'ai encore attendu, je voulais m'assurer que ce soit bien la fin, que je ne risque pas de les croiser en sortant de cette cage de béton.
Je n'avais plus qu'à attendre encore un tout petit peu, attendre d'entendre leurs pas s'éloigner.
Mais très rapidement les pas se sont arrêtés.
Et je retenais encore ma respiration lorsque deux bras puissants me jetaient hors de ma cachette
12 octobre 2092
09h23
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Le journal de Paul
Random4 ans après la Grande révolution républicaine la RFO est toujours secoué par de nombreux attentat, vestiges de la guerre civil. Pauline, 13 ans et fille d'un des hommes les plus influant de ce nouveau régime, est victime de l'un d'eux et se met alo...