Je sens encore la violence de leurs poings me bruler les bras. Mais ce qui me brule encore plus, c'est l'absurdité de cette brutalité. Était-ce vraiment nécessaire ? C'est chez moi ici, je n'allais pas fuir ma propre maison ! Et quand bien même ils ne m'auraient pas reconnue, n'avaient-ils pas vu cet effroi dans mon regard ? De cette peur qui nous paralyse, nous enracine au sol de ce putain de garage. J'étais incapable de partir, et leurs coups finirent de me sonner complétement. Et... Pas tant physiquement que mentalement, car c'était bien l'incompréhension qui me retint de dire quoi que ce soit. Car je n'ai rien pu dire, et pourtant... Dieux sait que si j'avais pu donner mon nom, toute cette violence se serait arrêtée aussi sec. Mais aucun son ne sortait et après, c'était déjà trop tard. Ils trainèrent mon corps ahuri jusqu'au bureau de mon père sans trop que je ne m'en rende compte.
Jeté face à lui, je ressentais un douloureux mélange de culpabilité, d'humiliation et d'incompréhension, mais rien de comparable à celle qui grandit en moi en voyant cette fureur dans son regard. L'histoire d'un instant, j'ai cru qu'il me renverrait dans cet entrepôt, qu'il leur ordonnerait de refermer la porte, me laisser moisir là-bas avec ces deux hommes. Mais il n'en fit rien, à la place, il renvoya la milice dans leur quartier pour m'imposer son terrible silence. Une arme redoutable... Je brulais de honte et de terreur. Comment pouvais-je en arriver là avec mon propre père ?
Il finira par me renvoyer dans sa chambre. Il ne s'incombera pas du moindre coup, du moindre mot réconfortant ou bien d'un ton plus élevé. Pas même une claque, il n'avait d'ailleurs jamais levé la main sur moi et s'était bien quelque chose que je devais reconnaitre, mais il devait surtout penser que le passage des militaires eu suffi...
Alors il m'abandonna à moi-même dans cette chambre silencieuse. Elle me paraissait soudainement si froide... Et bien que je n'y fusse pas retournée depuis l'attentat, je savais au fond de moi que ce n'était qu'une impression.
C'est ainsi que je me glissai dans mes draps soyeux, maigre réconfort, pour rapidement me laisser sombrer dans un étrange mélange de rêve et de cauchemar où s'emmêlait homme en noir, visage boursouflé, monstre de fer et, au milieu de tout ça, mon père, calme comme toujours, mais d'une froideur que je ne lui connaissais plus.
12 octobre 2092
11h52
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Le journal de Paul
Random4 ans après la Grande révolution républicaine la RFO est toujours secoué par de nombreux attentat, vestiges de la guerre civil. Pauline, 13 ans et fille d'un des hommes les plus influant de ce nouveau régime, est victime de l'un d'eux et se met alo...