TERRE-NOIRE (Nsi-Mpiti)

CHAP I

- Enfin!!!

J'attendai cette nuit avec impatience, la lune bien ronde, fût dans sa plus belle forme. Elle illumina la soirée. Le son des tambours accompagna avec un rythme effréné les danseurs, qui eux sembla être en transe comme pris de frénésie. Je pouvai sentir la mélodie des MBUHULA* s'imprégner dans mon être.

Un grand feu s'agitait au milieu de nous devant lequel le MBIKUDI* prononça des incantations avec
ferveur, ce fut le LUTANUNI, un grand rituel de protection par lequel chaque guerrier de mon village devait passer avant d'aller en guerre ou dans notre cas d'enclencher une mission qui peut s'avérer périlleuse.

Après qu'il ait fini ses prières, le MBIKUDI prit entre ses mains un bol à moitié rempli d'une substance
dont lui seul avait le secret, le MBOLO, et le leva vers le ciel.

- Que ta puissance soit déverser dans cette potion... S'écria t-il le regard tourné vers la lune.

Il déposa le bol à ses pieds, s'agenouilla, puis il prit sa magnifique dague dont le manche était orné de cisulure en or. Il s'entailla la main, laissa couler quelques gouttes de sang dans le bol en marmonnant. Après avoir fini il s'avança vers nous, mes frères BUNUANI* et moi, le bol entre ses mains, il se stoppa devant Mâlonga.

- bois, dit il fermement en lui tendant le bol, puis donne le à ton frère.

Mâlonga fit ce que l'homme lui ordonna. Après avoir pris une gorgée du breuvage, il passa le bol à son compagnon qui en fit de même jusqu'à ce que ce fut mon tour. Nous fûment à peine cinq à participer au rituel. Il fut un temps où ce n'était pas le cas, depuis l'arrivée de ces MOUDÉLÉS des demons à la peau blanche sur nos terres, mon peuple n'a pas cessé de souffrir, condamner à la fuite perpétuelle pour notre survie, les affrontements incessantes entre nos deux tribus causa la mort de bon nombre de nos guerriers.

Je pris le bol et bu aussi une gorgée, je fit une petite grimace sur mon visage. Ce breuvage était fort. Que pouvait-il bien contenir ?

- Bien! s'exclama le MBIKUDI d'une voix forte, mes enfants vous êtes des guerriers fort et vaillant, poursuivit l'homme, vous n'avez pas peur de la mort encore moins des Moudélés, ces hommes blancs qui souillent notre terre. Vous avez en vous le sang de vos ancêtres qui coulent dans vos veines, et vous possédez la sagesse de vos aînés. Où vous vous rendez est un endroit périlleux et plein de séduction. Prennez garde, Que vos cœurs ne se corrompent point et que vos esprits restent éveillés, grâce au MBOLO vous êtes protègés de tout danger. Soyez unie. Allez avec assurance combattre l'ennemie, afin de protéger votre peuple, faite le avec fierté et honneur.

Dès l'instant que fut terminée son discour, je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine, on aurait dit qu'il se comprimait , la douleur fut immense. Je tombai au sol en me pliant en deux, la main sur mon pectoral, je poussai un cri de douleur. D'un coup tout autour de moi vacillaient, j'eus l'impression que ma tête se fit secouer dans tous les sens. Je fermai les yeux en espérant que la douleur s'estomperait. Mais au contraire, elle sembla ne pas vouloir me quitter. J'ouvris les yeux tentant de comprendre ce qui se passait et je vis que tous mes compagnons fussent dans le même état que moi.

- N'est pas peur Nzazi ce sont les esprits qui vous donnent leur protection, me dit le MBIKUDI d'un ton serein.

Ses paroles me rassurèrent et tout doucement, je me calmai. La pression que je ressentai dans ma poitrine sembla s'estomper. Me relévant tant bien que mal, je murmurai en tentant de me tenir droit et fier.

-Je suis prêt, dis je.

- C'est bien mon fils, certainement vous l'êtes tous, dit le MBIKUDI en encrant son regard dans le mien.