Fragments d'une vie.

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C'est la rentrée, je suis en 4ème et Ziyad entre en seconde. Septembre se passe bien, la routine s'installe, et tout semble normal. Mais en octobre, le début de l'enfer s'annonce. Un lycéen, inconnu, commence à me suivre. Il me fait comprendre qu'il attend de moi des choses impensables. C'est le début de la fin de mon insouciance. Comme un vol silencieux, il emporte avec lui une partie de mon innocence, cette part de moi que je ne voulais pas perdre.

Novembre arrive, et lui, il disparaît. Mais le répit est de courte durée. En décembre, les choses empirent. Ce ne sont plus seulement des regards, mais des actions de la part de deux autres garçons, plus âgés, du lycée voisin. Au départ, ils sont deux...

Je ne m'en rends pas compte immédiatement, mais chaque fois que je sors du collège, je ressens ce poids. Cette silhouette qui me suit, qui emprunte les mêmes chemins que moi, jour après jour. Petit à petit, ils apprennent à connaître mon emploi du temps, les trajets que j'emprunte, les coins isolés. Je sais qu'ils me veulent du mal, mais en parler est au-delà de mes forces. Ils m'arrêtent à plusieurs reprises, me menacent. Ils me forcent à faire des choses que je ne veux pas, des choses qui arrachent peu à peu mon âme d'enfant...

En parallèle, je garde contact avec Ziyad. On s'appelle souvent, on se voit parfois, mais nous parlons peu de nos ressentis. Une distance silencieuse s'installe. Je ne lui ai jamais parlé de ce que je vivais. Je savais que je n'allais pas bien, mais il m'était impossible de lui confier mes tourments.

Les vacances approchent, mais ce cercle vicieux ne cesse de s'agrandir. Pendant ces deux semaines, je savais que je ne pourrais pas le voir. Mon état se dégrade chaque jour un peu plus. Les harceleurs continuent de m'atteindre même par messages. Chaque journée s'étire, interminable, alors que j'espère désespérément que quelqu'un viendra à mon secours.

Un jour, alors que j'étais dehors, je l'aperçois. Ziyad, avec un de ses amis. Ce visage ne m'est pas inconnu. Le soir, en rentrant chez moi, je fais le lien. Mon cœur se brise en mille morceaux lorsque je réalise. Ce jour-là, Ziyad était avec l'un des garçons qui m'a fait du mal...

Ce soir-là, comme à mon habitude, je continue à écrire ces lettres qui lui sont destinées. Les mots se déversent sur le papier, reflets de ma douleur et de mon espoir. Mais le matin, je me réveille dans un gouffre. Mon cœur semble vouloir cesser de battre. J'espère, je prie pour qu'il m'aide, même si tout ce qui m'arrive, personne ne le sait. Personne, à part moi.

Mais ne vous inquiétez pas, ça va aller...
Du moins, c'est ce que je pensais...