Un éclair, puis la nuit

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La nuit était particulièrement douce pour un mois de mars, trop douce par rapport aux jours précédents, alors inéluctablement, l'orage a éclaté.

Et nous ce qu'on a fait c'est qu'on a pris la voiture, à la poursuite de l'orage.

L'oreille tendue, à l'affût du prochain grondement de tonnerre. Quand l'attente se prolonge l'adrénaline monte, et c'était le dernier ? Et puis soudain l'éclair, furtif, inattendu. Il s'imprime dans la rétine et pendant quelques secondes il nous rend aveugles, mais fais monter l'excitation, comme deux enfants le soir de Noël. Alors on roule dans sa direction, on cherche un spot tranquille et dégagé, on s'arrête, on ouvre les fenêtres et on allume une cigarette. Postées comme ça, la musique en arrière plan qui ne compte pas vraiment parce que l'oreille est tendue pour entendre la puissance de Zeus. Les minutes s'égrènent, le silence se fait entendre dans la voiture, la pleine lune essaye de percer à travers les nuages, les dernières effluves de tabac rentrent dans la voiture.

Et puis la pluie tombe, d'un coup. Et aussi furtivement qu'elle est venue, elle repart. On continue d'attendre mais le dernier éclair date d'il y a vingt minutes, alors on repart, on fait deux mètres et l'orage gronde de nouveau, il nous dit de rester. Nouvel éclair, les deux sont rapprochés, on est au milieu de l'orage, alors on part en direction de la lumière. On passe dans un bois, la silhouette des arbres se découpe à chaque fois qu'un éclair frappe le sol.

On arrive, on trouve un nouveau spot. Il tombe des trombe d'eau, un véritable déluge mais l'air est toujours doux. Les grondements sont plus timides, les éclairs sont repartis. L'orage s'en va.

Et nous on reste là, sous la pluie battante. On ne parle pas, on laisse le silence remplir l'espace, on écoute cette pluie, régulière et violente. Toutes les vitres sont pleines de condensation. On fait un morpion sur le pare-brise, la pluie cesse finalement. La réalité s'impose en même temps que les goutes arrêtent de tomber, ça fait deux heures qu'on est dans cette voiture.

Alors on rebrousse chemin, on rentre à la maison en retraversant ces décors qui, finalement, n'ont rien de spécial. 

Emois d'une âme sensibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant