golden tears - kavehtham

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Kaveh avait toujours été quelqu'un avec beaucoup de goût. Il avait toujours eu le sens de l'esthétisme et du style. D'ailleurs, le magnifique palais d'Alcazarzaray qu'il avait lui-même construit était la fierté de Sumeru, et la sienne. Même si cela l'avait ruiné, au fond, il ne regrettait pas.

Ce matin-là, il descendit dans la cuisine après avoir tourné et viré dans sa chambre, silencieuse et calme comme toutes les autres pièces de la maison. Il regarda l'heure sur l'horloge kitsch qui trônait sur le mur hideux. 10h15. Il soupira longuement. Alhaitham était donc un lève-tard. Il en avait, de la chance. Les cernes de l'architecte en disait long sur son sommeil.

Kaveh commença à préparer un petit-déjeuner digne de ce nom ( enfin, d'après ses compétences culinaires ) et léger comme il était assez tard et laissa une tasse de café pour son colocataire, ayant deviné qu'il aimait ça en vu de la quantité de sachets qu'il avait trouvé dans les placards. Il but timidement - et rapidement - son thé à la menthe sucré avec du lait, et fit une rapide inspection de la cuisine, accoudé contre le plan de travail. Quel désastre. Cet intérieur est vraiment horrible. 

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas qu'un nouvel individu avait rejoint la pièce et sursauta. Derrière ses lunettes noires, Al Haitham le toisa, l'air curieux, dévisageant la nourriture posée sur la table. Des rougeurs apparurent sur le visage du blond, qui se sentit aussitôt mal à l'aise.

- J'étais levé alors...

Sans un mot, le scribe attrapa la tasse de café fumante, et la porta à ses lèvres. Malgré lui, Kaveh guettait sa réaction. Et si c'est pas bon ? Je suis bon pour la porte...

- C'est correct.

L'architecte leva les yeux au ciel, buvant à son tour dans sa tasse, les yeux rivés sur le fond de celle-ci. Un silence un peu gênant s'installa entre eux. Si je voulais en profiter pour m'excuser pour notre dispute qui date de l'Académie, c'est raté... Comment on pourrait repartir sur de bonnes bases comme ça ? Kaveh aurait voulu parler, sincèrement. Simplement les mots ne sortaient pas de sa bouche. Au fond, il était redevable à Al Haitham. Il ne pouvait pas se permettre de le contrarier... Et pourtant, ce dernier ne s'en empêchait pas. Et souvent, leurs discussions finissaient en disputes. Nous sommes trop différents l'un de l'autre.

- Depuis quand tu bois du thé, mamie ?

L'air moqueur du grisâtre énerva immédiatement le blond qui le fusilla du regard. Et c'est reparti...

- Arrête, tu ne vaux pas mieux. Qui aime sérieusement le goût du café ? C'est amer ! Avoue-le, tu veux simplement te la péter.
- Certainement pas devant toi, premièrement. Deuxièmement, aimer le goût prononcé d'aliments qu'on détestait avant, c'est ça qu'on appelle être adulte, Kaveh.

L'architecte manqua de s'étouffer avec sa boisson chaude. La colère bouillonnant dans son esprit, il posa vivement sa tasse dans l'évier avant de se tourner de nouveau vers son colocataire.

- Tu te fous de moi ?! J'ai deux ans de plus que toi ! Deux ans d'expérience en plus ! Et si c'était ça, être adulte, alors ce serait tellement plus simple !
- Désolé, je ne t'écoutais pas. Tu disais ?
- Argh- espèce de-
- Désolé encore.

Furieux, Kaveh s'activa à ranger son bazar, pour calmer un peu sa colère. Il avait toujours détesté le fait qu'Al Haitham, qui avait des appareils anti-bruits, s'en serve pour le faire tourner en bourrique. À cause de ses longues mèches grises camouflant ses oreilles, il ne savait pas quand est-ce qu'il l'écoutait ou non.