Chapitre 4

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Attention chapitre pour public averti

TW : sexe, abus


« Remembering him comes in flashbacks and echoes

Tell myself, "It's time now, gotta let go"

But moving on from him is impossible

When I still see it all in my head

In burning red »

J'étais en confiance, sur de moi et totalement prête. Mes mains tremblaient légèrement, mon cœur tambourinait et mon cerveau analysait chaque détail. Le matin même mon téléphone affichait la date du jour : samedi 29 avril. C'était le dernier week-end des vacances. On avait décidé de le faire. C'était programmé comme on programme le lave-vaisselle. Rien n'avait été naturel. A l'extérieur j'étais détendue mais mes intestins se tordaient. J'espérais qu'il me rassure.

J'étais un brouillon. Une expérience féminine entre des mains masculines.

La pénombre éclairait sa chambre. Une étrange odeur flottait dans la pièce et des miettes de son dernier goûter étaient éparpillées sur ses draps. On s'est embrassé. Longtemps.

J'ai reculé et mes mollets ont buté contre le matelas, me faisant m'assoir. Tout à coup je n'étais plus trop sûre. J'ai voulu lui en parler mais il s'est agenouillé devant moi. Il a été patient mais quand nous nous sommes retrouvés nus, la précipitation s'est emparée de lui tel un animal affamé.

Tout est encore clair dans ma tête.

La trahison n'a été que plus douloureuse. Le retour au lycée a été le début de ma plus grande désillusion. Sans émotions, il m'a jeté comme une malpropre quelques semaines plus tard. Je suis désormais sûre que mes fiches de révision sont encore gondolées de larmes et que le sel roule sur le papier.

Je pensais mon cœur cicatrisé mais la bile est remontée le long de ma trachée comme pour évacuer toute l'acidité de ma rancœur envers lui. Nous étions jeunes, certes mais cette excuse ne m'a jamais permis de pardonner et le revoir m'a finalement remémoré de mauvais souvenirs. Nous étions le couple le plus envié de tout le lycée, le plus populaire mais la popularité à ses propres démons, ses propres travers. Et je ne souhaite ça à personne.

Quand je suis de nouveau rentrée dans la boutique j'ai ancré mon regard dans celui de Maeva. Je ne lui en veux pas mais j'aurais aimé être préparée à le revoir. J'ai doucement hoché la tête pour lui faire comprendre que ça allait. Eugène n'est jamais revenu me voir pour essayer de discuter. Il est resté derrière le comptoir. Et finalement, c'était la meilleure chose à faire. Il va falloir que l'on crève l'abcès mais pas aujourd'hui.

- Orlane ? ça va ?

Allongée en travers de mon lit, Hugo me surplombe, les cheveux légèrement ébouriffés et son tee-shirt a disparu.

- Oui, excuse-moi je pensais à autre chose.

- Tu es sûre ? Si tu ne veux pas on n'a qu'à se regarder un film, j'ai vu que...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que je crochète son cou et m'aide de mes hanches et de ma jambe droite pour le faire s'allonger sous moi. A califourchon sur son bassin, je pose mes mains sur son bas-ventre le faisant sursauter d'anticipation.

- J'en ai besoin et envie.

- Je sais qu'on ne sera jamais plus qu'un plan cul mais si tu as besoin de parler, je suis là.

Je fais courir mes doigts sur son torse.

- Je sais et je te remercie mais là je ne veux pas en parler.

Midnight RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant