Alors que le clan Kvasir semblait s'échapper des griffes de Zaachar, le terrible ouragan qui causait tout ce tort, le clan Njör, lui, peinait à survivre sur les eaux gelées de l'océan. Cette mer qui s'étendait à perte de vue, plus Marsy et ses compagnons avançaient, plus la glace semblait aller loin. Et tous ralentissaient, laissant les vents chaud rattraper, et dissolvant le sol sur lequel ils reposaient, ainsi, chacun sautillait de morceaux en morceaux, se laissant parfois dériver sur des barques de glace. Puis les morceaux se firent de plus en plus fins et de plus en plus fragiles, craquelant sous les pas des hommes. Et, finalement l'inévitable arriva, Marsy et ses hommes furent engloutis par les eaux, coulant tel des statues de pierre, sombrant au fond de l'océan. Et tout naturellement, pour ces guerriers qui vivaient dans les terres profondes depuis longtemps, l'eau était un grand ennemi, et aucun d'eux ne savaient l'affronter, ne savaient nager, et donc ils se noyèrent, s'asphyxiant, mourant à petit feu, leur vision se troublait peu à peu, les vaisseaux sanguins de leurs iris éclataient les uns après les autres sous la pression, injectant ainsi un flot inarrêtable de sang dans leurs yeux. Chacun d'entre eux étaient sur le point de perdre la vue, quand soudainement, au fond de l'océan, parmi les poissons, se tenait, en position de méditation, un homme, à la chevelure d'or, les muscles saillant, une mâchoire carrée, un nez fin, en trompette, les pommettes saillantes, les sourcils froncés. Il était tout juste vêtu d'un pagne, et semblait parfaitement acclimaté à la vie aquatique. Marsy lui fit alors plusieurs signes, s'agitant désespérément, utilisant ses dernières forces pour émettre des cris, attirer l'attention de ce mystérieux homme. Et alors qu'il pensait que tout était fini, qu'il n'aurait pas d'aide, l'homme ouvrit les yeux, et fixa fortement Marsy, plongeant ses yeux dans les siens. Et puis, brusquement, Marsy vit sa vision redevenir normale, il sentit ses poumons se remplir d'air, son corps se réchauffer, son esprit recouvrer la raison, et surtout, l'espoir. Il semblait se passer la même chose pour ses compagnons, comme si, cet être venu des profondeurs de l'océan, avait, par quelconque magie, fait un grand miracle. Ils étaient tous vivants, et tous réussissaient à se mouvoir tel des raies mantas et des agnathes. Alors, avec une vivacité surprenante, ils commencèrent la nouvelle étape de leur voyage, trajet qui devenait alors féerique. Menés par la divinité, le clan Njör nagea à toute vitesse à travers les océans et les mers, se laissant parfois dériver au gré des courants et des marées, si bien, que, sans même d'escale, en à peine une journée, la route fut bouclée. Et alors que la glace avait disparu depuis longtemps, l'eau fut remplacée par des bout de terre qui annonçait un nouveau continent, un nouvel habitat, un nouvel espoir. Marsy et ses compagnons sortirent vite de la mer, se précipitant sur le sable chaud, courant à toute vitesse vers les prairies fleuries qui se présentait à eux. L'air était bon, le ciel un légèrement nuageux, le vent bercer tranquillement les feuilles des arbres parsemés sur les plaines, des arbres fruitiers, remplis d'orange, d'olive, de goyaves et de citron. L'homme du fond de l'océan était toujours là, après avoir cueilli quelques fruits, il s'assit en plein milieu d'un champ de fleur, joignit ses mains et leva la tête vers les autres, leurs demandant d'un petit geste de la main de venir autour de lui, de venir l'écouter. Il offrit les fruits à Marsy, et prit la parole :
Oh toi, Chef des Njör, moi Sharda, je t'offre les fruits de la création, ils permettront à toi et tes hommes d'être toujours substanté, de ne pas connaître l'angoisse de la faim. Je t'offre l'orange, le soleil de ces prairies, qui éclairera vos esprits lorsque l'astre solaire sera descendu, de sa peau vous ferez du feu, de sa chair vous tirerez votre énergie.
Marsy prit l'orange, ses hommes firent de même et cueillirent des oranges, et imitant Sharda, tous ensemble, dans la communion la plus totale, ils mangèrent l'orange.
Puis Sharda continua :
Voici l'olive, tu en feras de l'huile, elle te servira et comblera tous tes besoins. Associée à l'orange, tu auras le feu éternel, l'énergie suprême.
Alors tous prirent des olives des arbres, les pressèrent et suivant les gestes de Sharda, ils firent couler l'huile sur leur peau, se badigeonnant le corps avec.
Je te donne maintenant la goyave, mange-la avant de t'unir avec ta femme, elle te donnera la puissance et la joie dont tu as besoin. De cette union, de multiples enfants tu obtiendras, ils grandiront très vite et deviendront fort.
Sharda offrit, comme précédemment, le fruit à Marsy et invita ses hommes à en cueillir, il le porta à sa bouche, ferma les yeux, les hommes l'imitèrent, mais il ne mangea pas, regardant plutôt les autres le faire. Tous eurent alors une irrésistible envie de blottir l'un contre l'autre et de fusionner l'un dans l'autre. Une fois fini, toutes les femmes du clan, même les plus vieilles se sentirent très mal, elles souffraient le martyr, puis soudainement elles furent remplies d'une nouvelle énergie, d'une nouvelle joie, leur ventre se gonfla, elles étaient toutes enceintes.
Sharda se délectait du spectacle, se léchant les babines, riant, il regardait avec amusement les visages stupéfaits des Njör. Puis il enchaîna de nouveau :
Et enfin, prend ce citron, coupe le en deux, plante la moitié et arrose le avec l'autre, en faisant cela, tu obtiendra un citronnier, coupe le et utilise en le bois pour tes fins ouvrages. De ce travail, tu auras plus de valeur que n'importe lequel des chevaux ou des chiens que tu as perdu. Mais vends le avec parcimonie, son bois est rare, et ainsi tu feras ton peuple, un peuple élu.
Marsy l'écouta, et prit le citron qui lui était tendu, il fit ce que le dieu venait d'énoncer, ses hommes aussi, et alors, la prairie se remplissait instantanément de citronnier en âge d'être coupé. Sharda avait fini de distribuer les fruits, alors il se leva, et pendant que tous étaient affairés à couper les arbres, à manger les fruits, à s'unir, ou créer sous la lumière orangée, il partit, seul, marchant tranquillement vers les lointaines montagnes qui peuplaient l'horizon. Il disparut vite, sans laisser la moindre trace. Après des cycles et des cycles, même les Njor n'était plus sûr de son existence, beaucoup pensaient que cela n'était qu'un songe, une histoire que leurs parents leur contaient le soir, pour les endormir.
Le clan Njör était sauvé des vents de Zaachar, là où ils étaient, le climat était doux, et la nature riche. Ils s'installèrent donc, quittant leur mode de vie nomade pour accepter la sédentarité. Et tous les cycles, ils fêtaient la Marsyn, en l'honneur de cette traversée légendaire, qui devenait alors métaphore des passages de la vie, celui de l'enfant à l'adulte, de la vie à la mort, de la fouge à la sagesse, etc.
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De l'Aube au Crépuscule
FantasyUn récit fantastique racontant l'épopée de deux tribus fuyant une grande catastrophe climatique, le tout dans un univers fantastique, tel un récit mythologique. Mais est ce que ces deux tribus vont-elles réussir à s'en sortir ?? Vous le saurez en li...