La fin, la fine, la leur, la fleur

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Le clan Kvasir lui aussi, se rendait en terre inconnue, suivant les sillons des vents Danéens. Leur guide, Danaé, avait d’ailleurs pressé le pas, ou plutôt le coup d’aile, car elle s’était affuté durant le périple, de magnifique ailes d’un alliage métallique d’or et de cuivre, ainsi sa crinière, qui descendait sur ses plumes, s’y confondaient et les rayons étincelants de de l’ensemble éclairait la troupe, perçant la pénombre de la nuit, nuit qu’ils avaient rattraper, abandonnant le soleil et sa chaleur, retrouvant pour peu de temps, mais depuis longtemps, la fraîcheur nocturne, puis la rosée matinale qui arrose doucement la peau, faisant perler quelques gouttes qui descendaient le long des joues, imitant les larmes, pour finalement se croiser en une fine source d’ivresse et de joie. Sans même s’en rendre compte, Epikrates et ses compagnons atteignirent une chaîne de montagne, Danaé descendit alors en altitude, tous la suivèrent, et elle se posa tranquillement en contrebas des falaises rocailleuse, dans le plis de la vallée, près d’un torrent d’où sautillait quelques poissons, des truites et des chevesne, qui tentaient désespérément de remonter le cours d’eau, afin d'atteindre les hauteurs divines, de s’élever vers les cieux. Le temps était bon, un léger vent soufflait, faisant danser les longs cheveux des guerriers. Danaé s’approcha de la roche, la toucha, la caressa, et de sa petite main, de ses petits doigts, elle arracha un morceau de pierre et s’écria :

De cette roche vous bâtirez vos maisons

Et elle lança la pierre au sol, pierre qui devint roc, roc qui devint mur, et mur qui devint demeure, la première des bâtisses. Puis Danaé se tourna vers l’eau bruyante du torrent qui s’écoulait avec fracas, elle en prit dans ses mains, le porta à sa bouche, puis cracha vers les cieux, faisant alors tomber une pluie soudaine, une pluie brève mais intense. Chaque goutte qui touchait le sol, l’herbe, les hommes, les arbres, les purifiait, les nettoyait, et donnait naissance à la vie, les fleurs, les fruits, les enfants. Danaé prit la parole à nouveau :

Chaque jour qu’une courte mais intense pluie, qu'une averse semblable au déluge dans son débit, mais pareil à un battement de paupière en durée, se déversera, elle vous donnera tout ce dont vous aurez besoin, la nourriture. Et elle montra les fruits des arbres, les animaux qui venaient se repaître des herbes tout justes sortis de terres. Elle vous donnera une descendance, elle désigna les femmes enceintes qui se tenaient le ventre, la mine jouasse. Elle vous lavera, autant physiquement que moralement. Et enfin, de ses riches vertues vos obtiendrait votre richesse, son pouvoir est si grand, qu’elle seule peut faire fleurir les cerisiers qui vous entoure, ses sublimes arbres qui donnent des fleurs si roses, si blanches, qu’avec vous pourrez coloré toutes les pierres, toutes les tuniques et toutes vos peaux. Faites de ce teint, votre emblème et votre force. Ici prend fin votre voyage, c’est la fin, et de la fine fleur, de vôtre leurre, vous prendrez fin. Quand vous sentirez la mort venir, manger l’écorce du cerisier, manger son fruit, et sa fleur, alors la mort vous paraîtra douce, et vous accéderez aux songes de l’immortalité, et de vôtre fin, naîtra des milliers de fleurs, et ainsi le cycle pourra se perpétuer, indéfiniment vers la fin.

Tous se tournèrent alors vers les cerisiers qui fleurissaient les uns après les autres, leurs fleurs balayées par le vent venaient couvrir le visage des héros, accaparant leur attention. Danaé profita alors de ce moment pour s’éclipser. Comme si elle n’avait jamais été là, elle parti sans rien dire, sans rien laisser si ce n’est ses précédentes paroles. Depuis, chaque cycle, les Kvasir fêtent l’Epikranne, lors de floraison des cerisiers, ce moment qui annonce autant le commencement que la fin, la vie que la mort, etc.

Fin

De l'Aube au CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant