Gavin & Milo

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Milo

Putain. Ce maudit dauphin ne va jamais rentrer !

Dépité, je regarde le coffre plein à craquer. Nous ne partons que pour les vacances d'été et j'ai pourtant l'impression que chacun emporte sa vie entière.

— Belle ! Ton dauphin gonflable initialement prévu pour les enfants, c'est une obligation ?

La tête brune de ma sœur passe le seuil de ma porte. D'un élégant geste du poignet, elle tapote sa cigarette et la cendre file, évaporée dans la brise de l'été.

— Tu peux m'expliquer ta logique ?

— Ma logique ?

Elle me fixe de ses yeux bleus de nuit devant lesquels plient les trois quarts de ses collègues, ce qu'elle le sait pertinemment.

— Oui, je suis curieuse. Explique-moi ce qui t'amène à la conclusion que ce dauphin gonflable initialement prévu pour les enfants est à moi.

Elle porte la cigarette à ses lèvres sans cesser de me dévisager, et la teneur de mon erreur m'explose à la figure au moment où Tim, notre frère aîné, surgit une valise dans chaque main.

— C'est le mien, et je l'embarque chaque été.

— C'est le genre de merde qui traine dans la piscine toute la journée, qui amuse cinq minutes et qui ensuite occupe trop de place vu son peu d'utilité.

— Gavin l'adore.

— Même réponse, mais remplace le mot « merde » par humain, et tu obtiens la définition de Gavin.

Le rire de Belinda éclate dans la rue. Adossée contre le chambranle de la porte d'entrée du domicile de nos parents, elle se contente de nous observer Tim et moi, nous embourber dans notre fatras.

— Arrête, tu adores Gavin. (Tim finit par claquer le coffre). Et c'est réciproque.

Il se frotte les mains, amusé de voir une grimace de dépit naître sur mon visage.

— Je le tolère, parce que c'est ton meilleur ami.

— Si par tolérer tu veux dire coller comme une sangsue et pleurer parce qu'on voulait passer une aprem sans toi, alors oui, soit, tu le tolères.

— J'avais onze ans !

J'adresse un sale regard à Belinda qui continue de rire, à mes dépends cette fois. Je dois bien lui reconnaître qu'elle est bon public. Elle rit de tout le monde sans exception.

— Pourquoi tu ris, toi ? T'étais amoureuse de lui, non ?

Tim se redresse depuis l'intérieur côté passager, manquant de percuter son crâne.

— Quoi ? Sérieusement ?

Belinda hausse les épaules. Elle maintient son kimono de soie blanche contre elle, une main calée contre sa hanche opposée ; dans l'autre, sa cigarette continue de s'épandre.

— Pas vraiment. J'avais un petit faible parce que je le trouvais rigolo. De là à dire amoureuse...

— J'espère bien, c'est comme un frère pour moi, déclare Tim.

— C'est vrai qu'un frère, tu n'en as pas.

Je ne sais pas pourquoi je balance ça comme ça. Je n'ai rien contre Tim ni même contre Gavin. Belle a raison, c'est un mec rigolo... Quand il ne s'entête pas à être sacrément lourd.

— Ce que tu peux être susceptible, Milo. On va prier le dieu de l'été pour qu'il adoucisse ta petite tête de surdoué.

Pour souligner ses mots, Tim secoue la masse châtain de mes cheveux. Je ne bronche pas, ayant appris il y a bien longtemps que les mauvaises plaisanteries passent plus vite si je les laisse faire, plutôt que me débattre. Je déteste qu'on touche à mes cheveux.

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⏰ Dernière mise à jour : May 02, 2023 ⏰

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