Chapitre 3: Seule

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Après cela, vous pensez certainement que le monde aurait changé autour de moi. Et bien pas du tout. Mon père vient de partir au travail, et moi, je suis sur le chemin pour déposer ma sœur à l'école. Un lundi normal, comme si une entité ne me traquait pas. La seule chose qui change, c'est que je n'irais pas à l'école.


- Tu resteras en sécurité le temps que la police trouve un moyen de te débarrasser de ce truc, avait dit mon père.


Je lui ai menti en lui promettant que je resterais à la maison, seule. Il est absolument hors de question que je reste sans personne, je me suis rendu compte qu'il n'était encore jamais apparu lorsqu'il y avait des gens autour de moi. Donc j'ai prévu un trajet dans tous les endroits avec plein de monde de la ville. Un trajet que je parcourrais tous les jours pendants, j'espère, maximum une semaines. Je suis sans arrêt terrifiée, je n'ai encore pas dormi de la nuit. J'entendais des bruits, mais pour être honnête, je ne sais même pas si c'était des hallucinations à cause de la peur ou si l'alterné était réellement à ma porte. Il chuchotait des choses sur ma mère, comme le policier l'avait dit. Il me disait que si je serais rentrée à la maison quelques minutes plus tôt, elle serait sauve. Le pire dans tout cela, c'est qu'il a raison. Je salue ma sœur qui me serre dans ses bras comme si je la voyais pour la dernière fois. Je vais dans un café pas loin de l'école, je mets mes écouteurs et je m'endors.


Après qu'une dame m'ait crié de partir du restaurant dans lequel je m'étais posé pour dormir à nouveau, je regarde l'heure, 16 h 17, ma sœur vient de finir les cours et doit sûrement m'attendre à la sortie. Nous entamons donc notre chemin de retour, elle me parle d'une grande maquette de système solaire qu'elle a fait dans la journée. Je ne l'écoute que d'une oreille et pense à mes rêves étranges dans le café, je voyais un homme avec un visage assez long. Je veux dire, pas autant que celui de mon alterné, celui ci avait une tête dans la norme de ce que l'on peut considérer comme « humain ». L'homme que j'ai vu souriait diaboliquement, peut-être, était-ce aussi un alterné, je n'en sais rien.


- Nalani, dit ma sœur en criant !


Je pense qu'elle voit aussi un alterné alors je lui demande ce qu'il y a totalement paniquée.


- Tu ne m'écoutes pas ! Je t'ai posé une question !


Je lui lance un regard ahuri qu'elle fasse une crise pour ça alors que des monstres traînent dehors.


- Chut, il y a des gens autour, calme toi. Désolée, qu'est-ce qu'il y a ?


- Je voulais savoir si la madame est revenue te voir ?


- Quelle madame ?


- Tu sais, elle s'approche de moi comme pour me dire un secret, ton alterné.


Après toutes les questions de ma sœur auxquelles je répondais vaguement pour ne pas l'effrayer, on finit enfin par arrivé chez nous.


- Papa qu'est ce que tu fais, dit Maïna en rentrant dans sa chambre ?


« Il est déjà rentré ? » , ai-je pensé en approchant de la pièce. Je le vois ranger brutalement ses vêtements dans une valise. Mes sourcils se froncent et Maïna me regarde, inquiète.


- Est-ce qu'on s'en va quelque part, papa ?


Il me regarde et rebaisse la tête en reprenant son activité.


- Est-ce que TU t'en vas quelque part ?


- Oui. Enfin, moi et Maïna, répondit-il honteux.


Je m'approche avec un regard mélangé d'interrogation et de dégoût.


- Quoi ?!


- La police dit qu'il faut isoler les personnes ayant un alterné.


- Tu veux m'abandonner ?


Il ne répond rien. Il ne daigne même pas me donner un regard. Je lâche un faux rire moqueur et cris :


- Dit à tes policiers qu'il est normal qu'on se suicide si on se retrouve seuls ! Tu préfères les écouter plutôt que ta propre fille, tu te fou de moi ?


Toujours aucun regard, il jette ses vêtements dans la valise machinalement.


- Mais je veux rester avec elle moi, dit Maïna en sanglotant.


- Tu vois, même elle veut rester, tu ne vas pas trahir tes deux filles ? Tu n'es pas un enfoiré au point de nous laisser toutes les deux seules hein ? Regarde-moi !


- Nalani, je ne veux pas partir ! Tu comprends ça ?! Tu penses vraiment que je voudrais abandonner ma propre fille de mon plein gré ?!


Il marque une pause avant d'ajouter :


- Mais juste deux secondes, mets-toi l'idée dans ta tête qu'il réussisse à te pousser à bout, qu'il réussisse à te pousser au suicide. Et imagine qu'après toi, il s'attaque à Maïna, je ne pourrais pas supporter la perte de mes deux filles.


Je ne peux que comprendre ce qu'il dit, mais l'idée de rester seule jusqu'à la fin de mes jours me terrifie.


- Je ne peux pas, je ne vais pas réussir à tenir seule, s'il te plaît trouve une autre solution.

Il me regarde en pleurant.


- Je t'aime, Nalani, au revoir.


Il prend Maïna par le bras et la tire avec lui pendant qu'elle pleure et se débat dans le salon. Mais mon père la tiens assez fort, j'entends la voiture démarrer, je suis seule.


MANDELA CATALOGUE (ABANDON)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant