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                                                                               [Aaron]





Angleterre, Londres, 17h37.

-Grey, l'adjoint t'appelle.


Ces mots me firent froncer les sourcils. Je fixai la source de cette voix intensément. Pour qui il se prenait à m'appeler par mon nom de famille ? Je suis sûr que c'est à cause d'Aylan. Ce gars est beaucoup trop à l'aise... mais bon, je m'occuperai de son cas plus tard. Pour l'instant, j'avais en face de moi quelqu'un qui avait réussi à me mettre sur les nerfs en seulement trois mots.

Je voyais bien la gêne se dessiner sur son visage à mesure que le silence se prolongeait. Et je crois bien qu'il avait compris qu'il venait de faire une énorme erreur. Laquelle ? Pas sûr qu'il le sache lui-même. Il était limite sur le point de se pisser dessus.

Pourtant, mes yeux ne bougeaient pas. Mon regard était ancré dans ses iris grises et, à la façon dont il déglutissait, il était clair qu'il était anxieux. Mais j'en avais franchement rien à foutre. Même assis, il était évident que, par ma posture, je dominai la situation.

Du dégoût.

Voilà ce que je ressentais à l'entente de ce nom. Ma haine et mon mépris étaient aujourd'hui dirigés vers cet homme, mais demain, qui sait sur qui cela tombera ? Pour briser ce silence devenu pesant, je répondis le plus froidement possible :

— J'arrive.

D'un ton sec, je mis fin à l'échange en détournant enfin le regard. Mes jambes suivirent immédiatement mes paroles et je me levai presque trop vite. Je contournai mon bureau en foulant le sol recouvert d'un tapis gris aussi vieux que ce bâtiment. Mon épaule heurta volontairement celle de l'officier. Il ne broncha pas. Qui oserait réprimander son supérieur ?

En avançant dans les couloirs étroits, je sentais des dizaines de regards peser sur moi.

Putain, je déteste être convoqué par ce chien. Et le fait que tout le poste connaisse l'existence de notre lien n'arrangeait rien.

En arrivant devant sa porte, mon regard s'arrêta sur le seul nom capable de me répugner au point de me donner la nausée. Le même nom que moi.

En lisant ce qui était inscrit en gros sur la porte vitrée, mon cœur se mit à battre trop rapidement.

"Commissaire divisionnaire : Isaac GREY"

(NDA : À la base, le terme exact est "Chief Superintendent", mais dans la police nationale française, l'équivalent est bien "Commissaire divisionnaire").

Je hais ressentir cela, car c'était lui donner de l'importance. Je posai ma main sur la poignée, pris une grande inspiration et compta intérieurement jusqu'à trois.

1

2

3...

La porte s'ouvrit, et ce furent ses yeux émeraudes que je trouvai en premier. Sûrement une des seules choses que nous avions en commun. Seulement, les siens étaient froids, avides de toute émotion, si ce n'était cette soif de pouvoir et de domination qui y brillait en permanence. Aucune chaleur n'avait jamais animé son regard. Pas une seule fois.

Et au fond de moi, j'espérais être différent de lui.

Son regard resta de marbre face au mien, empreint de la même nonchalance habituelle. Toujours aussi dur.

The Hate Between UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant