Chapitre 3

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 Vers dix-huit heures, Iris rejoignit Aloïs au café du Chat Noir et ils prirent la direction du centre commercial qui n'était qu'à quinze minutes à pied environ.

— Tu préfères voir quel genre de film ? demanda le jeune homme. Une comédie, une romance, de l'action ?

Iris désigna le mur sur lequel on pouvait voir les différentes affiches des films du moment.

— Un film d'horreur, murmura-t-elle.

Elle adorait les films d'épouvante. Plus c'était gore et sanguinolent, plus elle appréciait. Aloïs pâlit légèrement, mais ne la contredit pas.

— Va pour un film d'horreur.

Ils commandèrent des friandises et des boissons, achetèrent leurs places, et se dirigèrent vers la salle de projection. Celle-ci était déjà plongée dans la pénombre et comme pour parfaire l'ambiance, l'air semblait s'être rafraîchi. Ils s'installèrent juste à temps et les dernières lumières s'éteignirent. Dès le plan d'ouverture, l'ambiance était sombre et violente.

— Génial ! se tortilla Iris dans son fauteuil. J'ai lu les critiques et celui-ci promet d'être super flippant. Tu aimes ce genre de film ?

Le jeune homme but une gorgée de son soda et faillit s'étrangler.

— Pas vraiment...

— Oh. Tu aurais dû me le dire ! On aurait choisi autre chose.

— C'est bon. Ça avait l'air de te faire plaisir alors...

Une porte claqua à l'écran et le fit sursauter.

— Ça... Ça va aller, conclut-il en s'enfonçant davantage dans son siège.

Ils se retournèrent tous deux vers l'écran. Les scènes s'enchaînèrent sans laisser de répit aux spectateurs. Au bout de trente minutes, Aloïs avait saisi la main d'Iris. Ce geste aurait pu paraître romantique, s'il ne lui avait pas littéralement broyé les doigts. Après une heure de stress, d'angoisse et de petits cris de terreur, Iris, qui ne sentait plus ses extrémités, se pencha vers le jeune homme.

— Ça va ? chuchota-t-elle.

Aloïs était blême et gardait les yeux grands ouverts. Sa lèvre inférieure tremblotait. Il avait perdu sa splendeur d'Apollon, mais sa sensibilité le rendait plus accessible. Il avait un petit côté attachant et mignon. Iris posa alors sa tête sur son épaule pour le rassurer. Le jeune homme sursauta à son contact. Elle distingua dans la pénombre ses grands yeux bleus tournés vers elle. La lycéenne retint sa respiration durant de longues secondes. Son regard se posa sur sa bouche qu'il mordillait nerveusement. Les larmes au bord des yeux, terrorisé, il était magnifique. Elle se sentit rougir et espéra qu'il ne le remarque pas. Ses lèvres étaient fines et bien dessinées. Elles semblaient si douces. Iris laissa échapper un petit gémissement d'impatience et s'humecta inconsciemment les commissures. Les yeux clos, elle secoua la tête pour reprendre ses esprits et se redressa légèrement. Elle ouvrit soudainement les paupières en sentant la main libre du jeune homme sur sa joue.

— Aloïs... entama-t-elle.

Pour toute réponse, il se pencha pour l'embrasser. Son baiser était doux. Il se rapprocha pour réduire la distance qui les séparait, lâcha sa main et prit son visage en coupe. Iris accueillit cette initiative avec plaisir. Elle entrouvrit légèrement la bouche et les dents du garçon éraflèrent doucement ses lèvres au goût sucré de fraise. La sorcière capta une sensation gourmande, mais ne s'en formalisa pas. Finalement, Aloïs n'était pas un sociopathe et pouvait, comme tout le monde, ressentir des émotions. Après quelques minutes passionnées, ils reprirent leur souffle. Iris rompit le silence.

Iris Silverstorm - Le Crépuscule de TriquetraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant