Chapitre 2

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Nasha malen'kaya kiska delayet svoy vkhod ! crie Aleksei, un des frères Krovopousk.

Ce pauvre con ne sait toujours pas que j'ai appris le russe. Je vais éviter de chauffer l'ambiance pour l'instant et lui répondre par mon sourire niais. 

Aleksei, Vassili, Ivan, dit mon frère en faisant un signe de tête aux membres du clan Krovopousk.

Comment va mon cher ami ? Et comment va ta belle femme ? demande Vassili.

Parfaitement bien. Je vous ai conviés afin d'inaugurer mon nouveau club, je l'ai baptisé le Rose, comme mon épouse.

Comment ça il l'a appelé comme moi ? Mon frère aurait une pensée pour moi finalement ? Non, c'est pas possible, c'est juste pour attirer la galerie, mon frère ne se sert de moi qu'à des fins professionnels. Il serait capable de me vendre si il y avait un pactole à la fin ou un morceau du territoire qu'il recherche.

Jace et ses compères discutent de leurs trafics, des armes qu'ils ont reçues et des femmes qui viennent d'arriver dans l'hôtel que mon frère gère à l'autre bout de la ville. Ces pauvres femmes... quand elles arrivent à l'hôtel, on leur promet une vie tranquille, on leur dit qu'elles pourront choisir les hommes qui pourront les toucher, qu'elles seront gracieusement payées si elles acceptaient certaines choses particulières. Puis on leur fait signer le contrat et tout change. Des hommes - et parfois même des femmes - avec des penchants morbides leur font réaliser leurs plus grands fantasmes, elles sont battues, parfois même droguées pour assouvir les besoins de ces horribles personnages. Plusieurs fois elles sont venues dans le bureau de mon frère en pleurant, en le suppliant qu'elles voulaient arrêter. Mais mon frère leur rappelle les petites lignes du contrat : si elles démissionnent, leurs familles et leurs proches seront abattus. 

Les heures passent et se ressemblent. Ca fait 2 heures qu'on est installés sur ces sofas et j'en ai ma claque. En plus de ça, ma perruque me gratte. 

Il faut que j'aille aux toilettes, dis-je dans l'oreille de Jace.

Attends encore un peu, je dois parler avec le chien du Malin

Mon frère pose sa main sur ma cuisse d'un air de dire que j'ai pas intérêt de bouger. Bon, je vais me retenir et supporter cette affreuse perruque blonde qui cache mes cheveux ébène. Ca se voit que je ne suis pas blonde... mais ça fait plaisir à Jace et apparemment ça entretient mon anonymat. Qui pourrait me reconnaître alors que je ne sors jamais ? 

Les portes de la salle vip s'ouvrent. Un homme, grand et bien taillé, fait son entrée, suivi de 3 autres qui lui ressemble. Un silence soudain règne, je regarde Jace du coin de l'œil, sa mâchoire est crispée, ses joues deviennent rouges. Généralement, c'est mauvais signe. Ce mec qui vient d'entrer, c'est pas son ami.

Monsieur Davis, dit l'étranger, je viens de la part du Malin.

Pourquoi a-t-il amener un de ses toutous cette fois ci ? demande Jace.

L'homme soulève légèrement sa veste pour y montrer l'arme rangée dans son holster. Comment a-t-il pu entrer avec son flingue ? 

Je ne vais pas y passer par quatre chemins. Vous avez eu plusieurs fois l'occasion de faire affaire avec mon patron, nous sommes venus plusieurs fois en bonne et due forme. Nous venons vous donner le dernier avertissement. Si nous venons encore une fois, vous pourrez dire adieu à vos hommes de main, à votre territoire et à votre petite vie tranquille.

Jace se lève en affichant une certaine décontraction que je connais si bien. Le calme avant la tempête. Je jette un regard à Sacha qui est situé derrière la porte d'entrée, il me fait signe de venir vers lui. Mon frère a dû lui donner des consignes si ça commençait à prendre une mauvaise tournure. Alors que je me lève pour le rejoindre, je suis interceptée par un des inconnus. 

Toi, tu ne bouges pas de là. Tu attends qu'on termine notre conversation, compris sale traînée ?

Wow, c'est direct ça.

Je pourrai faire un geste de self defense comme m'a appris Sacha, mais j'ai vraiment peur que ça tourne mal et qu'il sorte son flingue. Puis, même si j'essaie, je sais que je vais me retrouver à terre. Mon petit poids ne pourra pas m'aider.

Lâche-là, ordonne Jace, personne ne touche à MA femme !

Votre femme ? Vraiment ? 

Jace s'avance vers nous, me prend la main et me tire vers lui. De l'autre côté, un des hommes du Malin me tient fermement le bras gauche. J'ai l'impression qu'avec la force des deux hommes, je pourrai me faire démembrer à tout moment.

L'homme me tire contre lui d'un coup sec, dégaine son arme et la pose durement sur ma tempe. 

Vous savez quoi monsieur Davis, afin que vous compreniez mieux le message, je vais vous expliquer ce qu'il va se passer. 

Je regarde mon frère qui affiche toujours un visage neutre, sans émotion. 

J'suis en train de limite me pisser dessus car j'ai un putain de revolver collé à deux centimètres de mes yeux et lui ne bouge pas d'un pouce ?!

– Votre femme va nous suivre. Notre chef sera ravi d'avoir une nouvelle jeune recrue parmi ses nombreuses employées. Si vous ne voulez pas répondre à nos propositions, c'est comme ça que ça va se dérouler. Faites encore un geste de plus, j'appuie sur la détente, votre sol sera repeint du sang de votre chère et tendre et les hommes derrière moi se chargeront de tuer les vôtres. 

Va crever sale merde, reprend Jace, comment tu oses me menacer chez moi ? Dans MON club, en pointant ton putain de calibre sur le crâne de ma femme ?! 

L'homme presse le chien de son arme, le froid de l'acier s'appuie sur ma tempe. 

Alors c'est comme ça que je vais mourir ? Parce que mon frère a trop de fierté ? 

Je ferme les yeux, récitant une prière que j'ai appris quand j'allais à l'église avec ma mère, j'y connais rien, je mélange les mots. Et puis merde, fait chier, je suis même pas capable de retenir quelque chose de toute façon. Je vais crever et Kai ne saura pas ce qu'il m'est arrivé car il ne sait rien de ma vie. Tout ce que j'ai pu lui raconter c'était des conneries, ou alors c'était une réalité que j'ai embellie. Depuis 5 ans, ma vie est partie en couilles. Tout a changé, la petite Rose n'est plus la jeune ado qui faisait tout pour rendre fière ses parents. Je ne pleure pas, je ne ressens rien, juste de la culpabilité envers Kai. Je vais l'abandonner car mon frère ne sait pas mettre de côté ses putains d'affaires. Il ne sait pas protéger sa propre sœur, car il préfère son argent à elle. Je n'ai même pas pu dire à Kai que je l'aime, il ne le saura jamais, car personne d'autre ne sait que je lui parle.

En ouvrant les yeux, un silence de mort règne dans la pièce jusqu'à ce qu'une balle se fasse entendre. 

Les anges se cachent pour tuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant