Les anges se cachent pour tuer

Chapitre 4

Rose

– Maman ?

Ma mère est devant moi, mais elle ne se retourne pas. Alors je cours après, mais plus je m'avance et plus elle s'éloigne.

– Maman... c'est pas drôle là, reviens ! 

J'ai froid, je sens de l'air frais sur mes jambes, mais pourtant il y a un grand soleil. 

BAM !

Aïe ! Quelque chose m'a cognée !

– La femme est là, chef. On l'a attachée. S la réveille à sa façon.

– Bien.

J'ouvre les yeux mais je ne vois rien, j'ai l'impression qu'on a foutu un sac sur ma tête. J'entrevois la lumière mais les personnes autour de moi ne sont que des silhouettes. Je les entends parler entre eux, leur chef est apparemment présent. Il est temps pour moi de mettre en pratique ce que Sacha m'a appris. Ne parle pas, réfléchis. N'agis pas, encaisse. 

– Bonjour madame Davis, votre époux m'a quelque peu énervé. Alors vous allez en payer les conséquences. Vous m'en verrez navré. 

Si il croit que je vais lui répondre, il se fout le doigt dans l'œil. 

– Vous avez décidé de garder le silence ? Très bien. Je ne vais pas dire que j'ai tout mon temps car c'est faux, mais mes compagnons ont tout le temps qu'il faudra jusqu'à ce que vous vous décidiez de parler.

– ...

– Madame n'est pas décidée. S, occupe toi d'elle. 

Qu'est-ce qu'il raconte ? Et pourquoi je garde ce putain de sac sur la tête ? J'étouffe ici ! 

J'entends comme un bruit de métal résonner dans la pièce froide et à l'odeur d'éther. On dirait que je suis dans un hôpital. 

– Toujours silencieuse ? 

– ...

Je sens quelque chose de froid glisser le long de ma main... PUTAIN DE MERDE ! 

– AAAAAAHHHHH ! crie-je

Il m'a pété un doigt ce gros connard ! Ca fait un mal de chien ! 

– Vous comprendrez qu'à chaque fois que je vous poserai une question et que vous ne répondrez pas, vous perdrez un doigt ou vous aurez un autre supplice. 

– Va te faire foutre... dis-je à bout de souffle.

– Charmant. Je n'enlèverai pas le sac, si c'est à ça que vous pensez. 

Il doit surement m'entendre suffoquer, j'en peux plus de ce sac. Mais je ne peux pas lui parler de quoi que ce soit, j'ai bien trop peur des représailles. 

J'entends une personne venir vers moi, un bruit de chaines l'accompagne. Quelque chose vient me serrer la gorge, j'ai de plus en plus de mal a respirer, il est en train de m'étrangler avec une chaine. Le froid du métal appuie sur ma gorge. J'essaie de me débattre tant bien que mal, mais plus je bouge et moins j'ai d'oxygène. Encore une fois ce soir, je me retrouve au bord de la mort. L'homme serre de plus en plus sa poigne, je vois de moins en moins la lumière, je sens une aiguille me rentrer dans le bras. Je deviens faible, à leur merci, jusqu'à ce que je ne sente plus rien, comme si la lumière s'était éteinte. 

***

Je me réveille dans ce qui semble être une cave, on m'a enfin enlevé le sac que j'avais sur la tête mais j'ai mal partout. Ma robe a été retirée, je suis entièrement nue dans cette pièce où il fait extrêmement froid. Je constate que j'ai du sang aux cuisses. Non, c'est pas possible... ils ont abusé de moi. Je me sens salie, déshonorée. Je m'effondre, qu'est ce qui a pu se passer pour que j'en arrive là ? Qu'est ce que j'ai fait pour avoir cette vie de merde ? Autant crever, mon frère ne se démènera pas pour me récupérer, je vais moisir ici dans cette cave pourrie, et Kai s'inquiètera peut-être mais il ne me retrouvera pas... Je constate que j'ai de multiples ecchymoses et des plaies ressemblant à des brûlures de cigarette, j'ai un doigt cassé, et une douleur atroce à l'arrière de mon crâne.

J'entends une lourde porte s'ouvrir, ils vont revenir me violer et là je serai consciente de ce qu'il se passera. Qu'ils m'achèvent avant, j'ai pas envie de vivre ça, une seconde fois...

J'essaie de cacher mon intimité du mieux que je peux, mais sans aucun tissu la tâche est plus difficile.

– Salut ma belle, me dit une femme aux cheveux ondulés roux qui a l'air d'avoir mon âge.

– Vous êtes qui ? je suis où ? pourquoi ils m'ont fait ça ?

– Je suis Liv, je...

– N'approchez pas de moi ! Me touchez pas !

– Je veux juste soigner tes plaies... je suis désolée pour ce qu'ils t'ont fait, c'est des brutes mais le Malin les laisse jouer avec les victimes qu'ils ramènent ici..

Liv avance vers moi en essayant de ne pas me brusquer, elle s'accroupit à côté de moi et commence à sortir du matériel infirmier. Elle se met à désinfecter les plaies qui recouvrent mon corps. 

Je ne suis pas la première à être venue dans cet enfer. Ils n'en sont pas à leur premier coup. 

– Les garçons sont un peu...  fous quand il y a une femme autre que celles présentes ici. Le chef leur a laissé libre choix de faire ce qu'ils veulent de toi à ce que je vois. 

– Ton connard de patron va le regretter, il m'a salie, brutalisée !

– Oh non il ne t'a pas touchée, ce n'est pas dans ses habitudes !

Oh je vais lui pardonner alors peut-être... qu'il aille se faire voir ! 

– Mon f... mon mari va lui tomber dessus et l'abattre, ainsi que toute sa bande de gros dégueulasses !

Liv finit de s'occuper de moi et commence à se relever.

– Me laissez pas ici toute seule... dis-je à Liv en la suppliant.

– Non, tu vas venir avec moi et on va te préparer pour le diner. Le Malin veut discuter avec toi.

Le diner ? J'ai été inconsciente combien de temps ? 

– Jamais de la vie je lui parlerai !

– Malheureusement c'est les directives que j'ai reçues. Allez lève toi.

Liv me tire par le bras pour m'aider à me relever, j'ai mal partout, mon corps est endolori, je n'ai aucune force. 

– Ma pauvre, ils ne t'ont pas loupée... me dit Liv en me regardant de bas en haut, je t'ai pris une couverture, mets là sur toi. 

Je prends la couverture et essaie de m'enrouler avec. Le tissus frotte sur mes plaies et c'est on ne peut plus désagréable.

Je m'appuie sur Liv et me laisse guider, de toute façon, au point où j'en suis, même si je tombe dans un deuxième piège, peu importe. Qu'on en finisse, qu'on me tue avant de faire quoi que ce soit de moi...

Nous sortons de la cave, l'ambiance est plus chaude, j'ai l'impression d'être dans le sous sol d'un hôtel.

– Bienvenue à l'hôtel du péché, me dit Liv avec un sourire de coin.