Prologue

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Par une nuit sombre, et glaciale, dans une vaste contrée de Narnia, une reine enfante dans la douleur. La pleine lune brille de son plein gré, le vent souffle avec violence sur les vitres, faisant bouger les bras des arbres dans une mouvement tumultueux. Les cris résonnent dans tout le royaume, des cris qui déchirent les murs alors que la neige se m'est à tomber.

En cette froide nuit d'hiver, la reine aux longs cheveux noirs, au visage crispé par la douleur se tord un peu plus à chaque contraction. Il y a quelques années, elle a déjà enfanté, mais ce soir, quelque chose cloche. La douleur est plus puissante, plus violente. Elle la transperce à chaque poussée. La sueur qui coule sur son front tache sa robe de nuit alors que le Roi, observe cette scène se dérouler devant ses yeux, impuissant.

Elle agrippe sa main dans un énième élan de poussée, pousse un cri encore plus cinglant que les précédents, son visage se tord, rougis sous l'effort alors que la neige dehors teint le sol d'une épaisse couverture blanche. Tout l'inverse des draps, immaculée de taches de sang, rouge, frais.

« Monsieur. »

Le roi lance en regard à sa femme qui, le visage rempli par les larmes acquiesce, épuisée. Celui lâche la main de celle-ci qui retombe mollement sur le lit alors qu'il rejoint le médecin. Quelques chuchotements se passent entre eux, un terrible instant où les cris et les sanglots de la femme redouble de fréquence devant les servantes toute aussi impuissante qui tente de la rassurer.

Elle savait déjà que mettre bas était compliqué, lors de sa première naissance, rien n'avait été plus douloureux. Pourtant aujourd'hui, autre chose l'inquiète, que cet enfant, ne doive faire face à la mort. Bien évidemment, tous sont confrontés à cet instant. Mais confronté trop jeune est une autre histoire. Elle lance des regards autour d'elle, sentant son corps transir de douleur, une décharge parcours son corps.

« Caspian. » souffle celle-ci épuisée.

Le roi se tourne vers elle, le visage pâle, triste et fatigué. Elle inspire profondément, sentant qu'une prochaine contraction arrive.

« Sauvez l'enfant, je vous en prie. Sauvez-le, et emmenez-le loin d'ici. Personne, ne doit savoir. Pas même Caspian. »

Le visage du Roi se crispe alors qu'elle se met à hurler, agrippant les pans des draps. La tête glisse peu à peu alors que le Roi s'approche de sa reine.

« Ne dites pas n'importe quoi vous. »

Pestant, elle agrippe sa main, le corps en feu.

« Sauvez cet enfant ! »

Elle hurle à plein poumons, sentant ses forces disparaitre au même moment. Pris d'un spasme, elle lance un regard à l'homme qui lui tient la main, le visage rempli de larmes.

« Dites à votre fils qu'il est la chose que je chéris le plus sur cette terre, et dites à cet enfant que je l'aimerais tout autant. Je vous en supplie. » lance-celle-ci maintenant pâle comme un linge.

Il hoche la tête, laissant transparaitre pour la première fois la tristesse qui naît sur son visage. Elle lève les yeux vers le ciel, expire, sentant ses dernières forces quitter son corps. Elle ne pourra jamais revoir son fils, ni cet enfant quel a porté durant neuf mois. Mais son amour est si fort pour ces deux petits êtres qu'elle en sourit.

Et une dernière fois elle inspire profondément, agrippe la main de l'homme à côté d'elle, puis pousse en hurlant de toutes ses forces. Cet enfant devra rester cacher. Sa naissance est beaucoup trop dangereuse, trop de monde veut la mort de ceux qu'elle aime. Un cri d'enfant parvient dans la salle. Le médecin lance un regard à une femme qui l'attrape dans un drap, s'approchant du lit alors que celui-ci replonge directement la tête entre les jambes de la reine, tentant de mettre fin à l'hémorragie.

La jeune mère ri, observant la neige tomber à travers la fenêtre. Et alors qu'on lui pose son enfant dans ses bras, elle tourne le regard vers le roi, un sourire sur le bord des lèvres. Elle inspire puis ferme les yeux, sentant tout le reste de son corps la quitter.

Quelques sanglots résonnent dans la pièce malgré le silence qui s'installe entre les murs de pierre. Un silence brisé par les pleurs de l'enfant. Réveillant alors le roi de sa torpeur face au corps de sa femme qui perd vie. Le médecin se racle la gorge, rabattant le drap sur les jambes de la femme.

« Je suis sincèrement navré, mon roi. »

Il baisse les yeux vers l'enfant, le tendant à une femme de chambre. Il passe une main sur le visage de sa chère et tendre, un visage trempé par la sueur qui semble maintenant apaisé. Il laisse un silence planer quelques minutes avant d'annoncer quelque chose.

« Allez réveiller le professeur s'il vous plaît. »

Le garde à qui il vient de s'adresser acquiesce et sort de la pièce sans attendre. Il se lève en douceur, lance un regard à la femme qui tien l'enfant.

« Préparez cet enfant, rapidement. »

Elle acquiesce et disparait à son tour, suivit par plusieurs femmes.

« Pouvez-vous la recoudre ? Et vous, l'arrangez ? J'aimerais qu'elle soit enterrée dignement. Et que mon fils puisse lui faire ses aurevoirs. »

Le médecin et les deux femmes à qui il s'adresse acquiescent en silence avant de se mettre au travail. Il baisse à nouveau les yeux vers le corps se femme, se penche vers celle-ci et y dépose un baiser tendre, mêlé à ses larmes silencieuses. Le vent s'est apaisé. Une femme entre soudainement dans la salle, attirant le regard du roi.

« Souhaitez-vous lui donnez un nom ? »

Il baisse les yeux vers sa femme, relâche sa main tiède en se dirigeant vers la sortie. Un roi ne doit pas montrer ses émotions, le plus dur est de les cacher dans ce genre de situation.

« Donnez-lui le nom de sa mère. »

Elle acquiesce alors qu'il la suit dans le couloir. Croisant sur son chemin le professeur qui a bien évidemment, été mis au courant des évènements. En silence il lève la tête vers les deux gardes.

« Nous annoncerons la nouvelle demain, dès huit heures. Et veillez à annoncer la mort de l'enfant. »

Ils acquiescent et disparaissent dans la noirceur des couloirs.

« Votre cheval est prêt, il vous faudra emmener cet enfant le plus loin possible d'ici, vous connaissez les Narniens mieux que quiconque ici, et assurez-vous qu'ils soient de bons parents. »

Le vieil homme acquiesce.

Et par cette nuit d'hiver glacial, un cheval galope dans la forêt interdite, celle tant redouté par les Telmarins depuis des années, celle qui accueille les légendes. Les Narniens, espèce censée être disparus depuis mille trois cent ans, qui, ce soir laisseront passer le professeur en silence, sans l'en empêcher. Détenant dans ses mains, un couffin bleu, dans lequel le second enfant royal du Roi Caspian IV s'est endormi vers six heures du matin.

Personne n'entendra un jour parler de cet enfant.

La vie royale est trop risquée.

Et tous s'en sont rendu compte lorsque le Roi Caspian IV mourut un jour dans son sommeil de causes étranges. Laissant alors derrière lui, un terrible secret.

Mille Et Une NuitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant