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La mer se présente face à moi, je continue d'avancer, les mains dans les poches et je regarde les rares enfants en train de jouer sur la plage. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas été sur une plage. Je ne sais d'ailleurs pas ce que je fais à Biarritz pour étudier. Certainement parce que je me faisais chier à Lyon... Tellement d'écoles m'ont réclamé et pourtant je suis venu ici. Certainement pour l'ambiance que dégage cette ville balnéaire. Teuf tous les soirs, surfeur, resto, vacances je trouve ça kiffant. Dommage, je vais pas profiter comme un dingue de tout ça cette année. Au moins, je suis en médecine. Les cours vont commencer dans quelques minutes, je ferais mieux de me dépêcher. Être en retard pour le premier cours ça serait vraiment la grosse merde pour moi après. J'accélère alors le pas mais je ne peux pas m'empêcher de regarder la mer. Une dizaine de surfeurs arpente déjà l'eau et attendent impatiemment une vague. Seul l'un d'entre eux attire mon regard puisqu'il sort de l'eau comme un fou et s'empresse d'aller dans le sens opposé. Il pose sa planche de surf à côté d'un garçon, met ensuite une chemise blanche qu'il ne prend pas le temps de fermer, enfile un pantalon plutôt oversize d'un joli bleu puis écrase son sac à dos sur son dos. Je ne m'attarde pas plus sur ce garçon et continue ma route vers ma nouvelle fac. Je regarde ensuite ma montre et aperçois que je suis bien plus en retard que je le pense: sept-heures-cinquante. J'augmente une nouvelle fois la cadence de mes pas et trace au bahut.  L'école  de médecine commence petit à petit apparaître en face de moi. J'arrive enfin devant les portes de la faq et je me dis "J'y suis !". Je regarde l'immense verrière que prend toute la façade du bâtiment puis décide enfin de pousser la porte de l'école. Un léger courant d'air ramène une dernière fois l'odeur de la mer alors que les portes se ferment. Des centaines d'élèves se présentent à moi. Je regarde ma montre et vois que je suis pile à l'heure.

Nickel, dis-je doucement.

Un peu plus loin, un homme monte sur une estrade avec difficulté. Il doit avoir l'âge d'être un retraité et pourtant il n'en est pas un... Casse toi pas la pipe papi, je veux avoir cours moi. Il arrive enfin devant le micro. C'est parti, c'est le moment et je peux sentir une légère excitation monter en moi. L'homme tape sur le micro pour vérifier que le son marche bien puis il finit par dire:

-Vous y êtes, vous êtes enfin arrivé en première année. Ca sera une des plus longues et une des plus intensives que vous connaîtrez, commence-t-il, sauf si vous allez en internat de chirurgie ce qui ne risque pas d'arriver bande d'ivrogne, marmonne-t-il, en tout cas retenait bien, deux pourcents d'entre vous finira médecin alors vous avez intérêt à bosser et d'ailleurs, ça commence maintenant le travail alors épilez-vous le poils qui pousse dans votre mains, arrêtez les teufs comme vous dites et faites sortir vos vers du cu, fini le vieil homme.

Il descend de l'estrade et se dirige vers les portes du côté gauche du hall qu'il pousse sans plus attendre. Chacun des étudiants entrent doucement dans la pièce et prennent place dans l'amphithéâtre. Tous ont des étoiles dans les yeux, surtout un groupe de tn-lacoste. Bande de teubé, jamais vous finirez médecin ou alors bichette les patients. Je compte pas jouer dans leur cours moi. Je compte être le meilleur. J'entre parmi les derniers et me m'assois tout au fond de l'amphithéâtre. Je regarde ensuite vaguement les étudiants, la concurrence, et je meurs d'excitation de voir qui sera le meilleur même si je sais que ce sera moi. Je tourne ma tête dans ma rangée et un élève marque mon attention. Chemise blanche, celle-ci en lin, pantalon bleu oversize je crois que ça me dit quelque chose... Mais oui ! C'était le garçon de tout à l'heure ! Celui sur la plage ! Je peux maintenant voir plus en détail son visage. Il a la mâchoire carré, les cheveux blonds et les yeux bleus. La peau déjà bronzée et une coupe de surfeur. En gros il a la raie au milieu et les cheveux sur les côtés. Un collier pend de son cou et des bracelets ornent son poignet. Lui aussi regarde les autres étudiants à côté de lui, mais, plutôt avec détermination. Il est un peu plus loin que moi, deux trois personnes nous séparent. Il tourne ensuite sa tête dans ma direction et nos yeux entrent en contact. Je peux grâce à cela voir le magnifique vert de ses iris. Je tourne ensuite rapidement la tête car le vieil homme reprit:

Première annéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant