22- Ma petite douceur...

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Ezio

Assis dans mon bureau, un verre à la main et son carnet dans l'autre, je lis les pages couvertes d'encre qui racontent son histoire...

"Encore un jour où je n'ai pas vu le soleil, c'est triste n'est-ce pas ?
Les hommes du petit ami de maman m'ont encore fait du mal... Ils m'ont battue si fort que j'ai toussé du sang.
Et elle les a laissés faire, en me regardant pleurer de douleur.
J'ai peur qu'il recommence à me faire du mal. Quand elle demande à Ethan de m'injecter ce produit transparent à l'aide d'une seringue et qu'il l'enfonce dans mon bras en me répétant que ça va me détendre, j'ai l'impression que ma vie va s'arrêter...
Je ne ressens plus rien mais je n'ai aucune idée de ce qu'ils me font.
Tout le monde ici dit que c'est de la drogue mais c'est pas possible, je n'ai que 10 ans... et puis maman ne les laisserait pas me faire ça... Si ?
D'ailleurs pour mon anniversaire j'ai eu un cadeau offert par mon oncle... un ensemble en dentelle noire, il souhaite que je le mette la prochaine fois que je le vois mais je n'aime pas... il me dit souvent que je dois passer par là pour devenir une femme mais c'est tellement douloureux...
J'ai tellement mal..."

Son écriture est tremblante. Le papier est froissé comme si elle avait besoin de l'abîmer pour oublier. Mais sait-elle que cela ne sert à rien ?

Elle vit un putain d'enfer et je me rends compte que je suis en train d'y contribuer.

Elle doit avoir tellement honte de moi là-haut...

Je pose ma tête entre mes mains et essaie d'avoir les idées claires afin de trouver une solution.

J'ai tellement de choses à penser que ma tête bouillonne. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Je ne devrais même pas avoir ce comportement, je suis un chef qui se doit d'être respecté et donc qui ne doit pas montrer ses faiblesses mais là, ce passage en particulier me fait remonter tellement de souvenirs...

J'attrape la bouteille posée à côté de moi et commence à boire sans modération. Le liquide qui s'écoule dans ma gorge me brûle mais à la fois, il m'apaise.

Je suis un monstre, putain.

Je referme le carnet et le remets à sa place. Je m'affale sur ma chaise et continue de boire jusqu'à ne plus avoir aucune pensée, aucune conscience. J'ouvre la boîte qui se trouve sur mon bureau et en sors une pilule blanche. Je commence à l'écraser avec la paume de ma main avant de la mettre dans mon joint.

Oui, je suis l'une de ces rares personnes à fumer du LSD.

La beuh classique ne me fait plus rien, alors je passe à plus fort. Je dois m'adapter.
C'est l'une des seules choses qui me permet de la revoir.

La première bouffée qui descend dans mes poumons me rappelle à quel point le monde dans lequel on vit est noir. Et je ne parle pas nécessairement du mien.

Cette drogue dissipe petit à petit mes pensées et l'alcool les fait oublier le temps d'un instant.

Des coups sur la porte me font relever la tête.
Je me lève en titubant, la bouteille à la main, et je me dirige tant bien que mal vers cette dernière.

— Oui ? Dis-je avec difficulté.

— Ezio ?

Laurie ouvre la porte et moi, je plisse les yeux comme si la lumière allait me brûler la rétine.

— Putain, ne me dis pas que tu t'es remis à fumer !?

Je hoche la tête négativement.
Ce n'est pas parce que je fume un joint que je suis retombé dedans, si ?

Pourrais-je te sauver ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant