Un renouveau

123 12 0
                                    

Louisa

La boule au ventre, je remets les clés de nos maisons au Bêta Rayane. Il me remercie, le regard compatissant. Que pourrait-il bien dire d'autre ? Désolé ? Bon vent ?

Sandro et Angelo préfèrent partir sans regarder en arrière, parce que c'est une immense page de leur vie qui se tourne sans qu'ils ne l'aient demandé. Donc, je préfère m'occuper de la remise des clés. Les camions de déménagement nous ont précédé et ma famille attend dans la voiture devant la maison de la meute.

Alpha James sort finalement de son bureau :

"Bonjour Louisa, Lisandro n'est pas avec toi ?

- Il... Il accuse le coup. C'est dur pour lui, il préfère rester discret et partir sans cérémonie.

- Je comprends. Je vais tout de même aller le saluer."

Je me doutais que James ne nous laisserais pas partir de cette façon. C'est un homme bon. Il a endossé cette responsabilité, il a assumé son rôle d'Alpha, on ne peut pas lui en vouloir. Nous nous dirigeons vers la voiture. Sandro en sort, pour aller à la rencontre de James. Ils se serrent la main solennellement, et James prend la parôle:

"Ce n'est pas sans mal que j'ai pris cette décision, Lisandro, j'espère que tu le sais. Je n'ai jamais souhaité nuire à votre famille, je ne fais que mon devoir.

- J'en ai conscience. Je pars le cœur lourd de quitter le foyer que j'ai toujours connu, mais sans aucune rancune. Il faut accepter et avancer, aujourd'hui, je veux juste ce qu'il y a de mieux pour ma famille, et pour mon fils. Merci, Alpha James, tu auras toujours mon respect.

- Pareillement. Je vous souhaite à tous de trouver le bonheur et la sérénité."

Bêta Rayane nous salue également, puis nous partons. Au moment où on franchit les limites de la meute, nous ressentons tous la rupture du lien. Ce pincement au cœur et à l'âme, qui nous donne à tous un goût amer et une tristesse qui va s'installer au moins pour quelques jours.

Les filles se mettent à pleurer sans savoir pourquoi, on les console comme on peut sur le trajet. Zak se sent encore coupable, même si Sandro et moi l'avons beaucoup rassuré.

Dans notre malheur, nous avons eu de la chance. J'ai négocié dur avec la mairie pour racheter les bureaux administratifs qui se trouvaient au-dessus du restaurant. J'ai fait jouer de mes anciennes relations, et ç'a marché. Je n'envisageais pas aller ailleurs. Le resto et le Drift sont nos repaires, et ceux de nos amis. On y passe tellement de temps que les enfants ont grandi en partie dans ces établissements.

Les travaux sont en cours pour créer notre duplex. J'ai voulu que les pièces communes soient grandes et aérées. En contrepartie, les enfants n'auront pas chacun leur chambre, il y aura la chambre des garçons, et la chambre des filles, mais je pense que ça ne va pas tant les gêner que ça. Les loups aiment vivre en groupe.

Nous avons obtenu l'autorisation des Gardiens de la lune du Bois des Saules, pour que mes parents nous hébergent pour l'été, en attendant la fin des travaux.


Zakarya


C'est dimanche après-midi. Nous débarrassons les tables qui ont servi pour le brunch ce midi. Toutes les tables en fait, car c'est la réunion préférée de beaucoup de monde depuis longtemps.

Mes parents travaillent à l'unisson, en symbiose totale, et mon grand-père Angelo nettoie le sol.

"Nonno... Tu veux bien me parler de ta meute, celle que tu avais, avant ?

- Bien sûr mio tesoro.

C'était la meute de mon père, la Mezzaluna, la meute de la demi-lune.

Mes parents sont morts très jeunes, ensemble, lors d'un rassemblement d'Alphas pour défendre notre espèce, j'avais à peine seize ans.

Destins liés, 2. Alpha sans meuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant