L'éclat émeraude de l'absinthe.

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Des jours passèrent depuis l'événement du bar. Chuuya se noyait sous le travail pour éliminer sa frustration et espérer finir la mission plutôt vite pour s'éloigner de son traitre de partenaire et des émotions nostalgiques qu'il lui faisait ressentir. Dazai, comme à son habitude, en faisait le moins possible tout en arrivant à ses fins. Chuuya appréhendait la partie finale de la mission, en effet, pour l'instant il était possible pour eux de collecter les données séparément, mais il faudra bien se faire à l'idée de faire réellement équipe pour l'accomplir totalement. 

Dazai, d'humeur taquin, proposa sans grande conviction une soirée au bar à son grognon de compagnon. Étonnement, Chuuya accepta. Ils se retrouvèrent après leurs journées dans un bar excentré du centre ville de Yokohama. 

-Pourquoi diable ai-je accepté de sortir avec toi ? soupira Chuuya, tu m'agace déjà. C'est une chance qu'on puisse faire nos recherches chacun de nos côtés, tss.

-Oh, ça ne te plaît pas ? Une petite sortie comme "avant". Et va falloir te détendre on va devoir bosser en duo pour la phase finale de la mission.

-C'était différent, répondit sèchement Chuuya en agitant nerveusement son verre. Tss, on y est pas encore à cette phase.

-Hm. Tu m'en veux encore d'être parti ? Ou alors tu m'en veux d'avoir fait exploser ta caisse a l'époque ?

-Ferme ta gueule.

Dazai haussa les épaules, hilare de faire s'enrager son partenaire. Il se leva et alla commander deux verres. Il revint avec deux petits verres remplit d'un liquide vert emauraude.

-C'est quoi cette merde encore ? jugea Chuuya, je t'ai rien demandé.

-De l'absinthe, je te l'offre, répondit Dazai en faisant glisser le verre sur le comptoir. Tu n'en a jamais bu ?

-Non. C'est pas un truc de poètes français à la rime douteuse ça ?

Il prit à contre cœur le verre et le bu d'une traite. Cette gorgée lui irrita l'œsophage, mais il fit mine de rien, pas la moindre quinte de toux trahissant cette sensation brûlante. Brûlante, comme l'envie terrible qu'il avait de le prendre dans ses bras. Il se perdit à ressentir plus fort encore ce manque qu'il subissait depuis son départ. Chuuya n'avait reçu ni mots, ni excuse. Juste les cendres de sa voiture comme cadeau. Il se fit tirer de ses rêveries par l'agaçante voix de son partenaire.

-Eh ! Pas comme ça malheureux ! Ça se boit lentement. Tss, aucun respect.

-C'est toi qui parle de respect, bouffon ? T'es pas le type le plus saint ici.

-Tu n'es pas un saint non plus, Chuu-yaaa~, dit-il pour le taquiner tout en se permettant de faire avancer ses doigts le long de son bras, du moins pas dans mes souvenirs, ma petite crevette.

-Tsss, c'est pas degueu ta merde, je vais en prendre un autre, râla-t-il en interpellant le serveur, je supporterai mieux ta vieille gueule comme ça.

Dazai ricana en lui rappelant qu'à cause de sa petite taille, il tenait beaucoup moins bien l'alcool que lui. Chuuya ignora totalement sa raillerie et enchaîna deux, trois, quatre verres et comme prévu, il fini la soirée totalement saoul. Dazai était obligé de le soutenir alors qu'ils sortaient du bar.

-Et bien, c'est du propre, c'est pas comme si je t'avais prévenu, crevette.

-OhH tOi, tA GuEULe ! C'EsT de TA fAutE ! tA fAUte A tOi...

-Je t'ai pas forcé à boire.

-T'Es PaRTi, CoMMe çA ! Tu M'As lAiSSÉ tOUt seUl ! Je VoULaiS pAs, mOI. TU mE maNquE ToUt leS joURs, bAtaRd ! mOi jE T'aImAis eT t'Es pARti ! J'ai TouJouRs etÉ qU'uN plaN de SeCOUrs pOur toi eT, Et, ET...

-Je n'ai pas à me justifier auprès de toi. J'ai eu mes raisons à l'époque et tu le sais très bien même si tu ne veux pas l'entendre, expliqua calmement Dazai. Mais je suis ravi d'apprendre que tu m'aimes. Moi aussi, je t'aime.

Ces paroles, qu'elles eut été sincères ou non, eurent un effet de dégrisement radical et le fit descendre de son nuage d'ivresse. Chuuya se libéra brutalement du soutient que Dazai lui apportait.

-Pas comme moi ! On était... Tsss. Laisse tombé, je rentre. 

Chuuya tourna les talons et commença à avancer en essayant péniblement de s'allumer une cigarette, il tremblait tellement qu'il l'a fit tomber plusieurs fois au sol.

-Huhuhu... C'est pas évident, huh. Ce que tu ressens, du moins, j'imagine.

-Qu'est-ce que tu cherches à faire, sérieux ?  lui retorqua-t-il sans prendre la peine de se retourner. Tu t'es cassés, tu as déglingué ma caisse, et là ? Tu reviens la bouche en cœur comme si de rien n'était ? T'as un problème.

-Oh, tu veux une nouvelle voiture ?

-Arrête ça, bordel ! C'est pas le sujet.

Dazai avança vers lui et l'enlaça doucement par derrière. Il colla sa tête dans le creux de sa nuque et lui murmura :

-Je pensais que détruire ta belle voiture te ferai me détester et la pilule serait mieux passé. Je constate que non, malgré ta petite colère, je sens que tu t'accroche toujours à mon ombre. Je me trompe ?

Le souffle de son partenaire dans sa nuque le fit frissonner et ses pensées se gelèrent un bref instant. Chuuya se senti étrangement apaisé, mais sa rancune l'empêchait de s'y abandonner. Il tourna légèrement son visage, lui faisant à présent face.

-Je...

-Pas la peine de le cacher. Tu sais très bien que je lis en toi comme dans un livre ouvert.

-T'en sais rien... T'as jamais su ce que je ressentais pour...

-Oooh mais si, Chuuya, je ne suis pas dupe, sinon ce que l'on était avant ne rime à rien.

Dazai se rapprocha suffisamment pour faire s'effleurer leurs lèvres et recula d'un pas en souriant, ce qui fit enrager son partenaire de plus belle. Dazai semblait avoir un malin plaisir à jouer avec lui comme si c'était son pantin, va savoir, Dazai avait cette fâcheuse tendance à cacher ses émotions, probablement pour se protéger lui-même. Mais il ne s'arrêtait pas à cela, il s'amusait aussi avec les sentiments des autres. Chuuya n'était malheureusement pas une exception à ce petit manège qui avait plutôt des airs de tortures.

-Breeef, tu voulais rentrer, crevette ?  ajouta Dazai, tout à fait hilare de la situation. Tu rentres seul ou je te raccompagne ?

-Osamu, sale con ! (En Français dans le texte)

-Je rêve ou tu viens de m'appeler par mon prénom ? Et tu m'as insulté en français aussi, là, non ?

-Tsss, ça m'a échappé, expliqua Chuuya en rougissant. Raccompagne moi, et porte moi sur ton dos, tant qu'à faire.

-OKAY ! trépigna Dazai. Je te raccompagne ! Tu me payera un verre chez toi ?

-Problème de liche ou pique assiette, j'sais pas, mais wow, c'est bien un truc qui a pas changé !

-Mais non, c'est une excuse pour passer un peu plus de temps avec toi ♡

Chuuya soupira, un fond d'agacement en lui. Leurs deux silhouettes s'enfoncèrent dans la nuit sous le faible éclairage des rues de Yokohama, rejoignant le chemin vers l'appartement de Chuuya quelques rues plus loin.


A suivre.

Note de Kagome : Je fais parti de ces gens qui ne boivent pas d'alcool. J'en ai cependant déjà bu par le passé et j'aimais beaucoup le goût de l'absinthe, tout comme les histoires qui gravitent autour. Alors je voulais donner une petite place à cet alcool dans cette histoire. Et bien évidement, l'alcool est à consommer avec Modération (c'est une cousine à Parcimonie), votre foie et votre dignité vous remercie par avance, he he.

See ya'

[ SOUKOKU ] Les revenants ne restent pas.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant