Chapitre 12

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Auterive

En arrivant devant la maison des parents de Maëlle, je fus surprise de la voir déjà dehors. Elle qui était si frileuse… Je sortis de ma voiture, et en la voyant, un grand sourire aux lèvres, je n’avais qu’une envie : embrasser ce sourire. En réalisant ça, mon ventre se tordit. Tu es en couple, Nelly : avec Maëlle, ça ne sera que du charnel. 

_ Tu es arrivée, déclara-t-elle en s’approchant de moi. 

_ Oui, désolée… On y va ? 

Comme tous les matins et tous les soirs depuis une semaine, Maëlle s’installa dans ma voiture. 

_ Tu m’amènes où ? 

_ Dans mon endroit préféré ! 

_ Oh, je suis curieuse de voir ce que c’est…

Je fondis en voyant du coin de l'œil son sourire taquin et joueur. Bon sang, qu’elle était belle. Le trajet ne dura qu’une dizaine de minutes, avant qu’on arrive au Bois notre dame. C’était une petite forêt magnifique, avec un lac et de grands arbres. J’adorais m’y promener, me sentant bien à proximité de la nature. 

_ J’ignorais qu’il y avait un bois près d’Auterive…

_ Eh beh, tu ne bouges pas beaucoup ! Ça te plait ? 

Pour la première fois, l’informaticienne se confia sur sa vie : 

_ En réalité, je ne suis arrivée dans la région Toulousaine que durant le collège. Avant, je vivais vers Montluçon dans le centre de la France, et tous les dimanches, j’allais à la Forêt de Troncais. J’adorais ça. 

Je l’écoutais parler, buvant ses paroles en contemplant davantage son sourire nostalgique que le bois qui m’entourait. Pour la première fois depuis maintenant plusieurs mois, je me sentais apaisée, à ma place. Maëlle me parla de sa grande sœur, maintenant ingénieur en environnement dans le Jura, de ses neveux car sa sœur a plus de 10 ans qu’elle, de ses parents qui sont retraités car ils l’ont eu à 40 ans… Je découvrais une Maëlle bavarde, et qu’elle se livre ainsi me combla de bonheur. 

***

Sans même nous en rendre compte, la promenade fut très longue. Au bout de deux heures à discuter de nos vies, de nos coming-out respectifs, de ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas…. nous nous retrouvâmes devant ma voiture, que je venais de garer à une rue de chez Maëlle. Un grand sourire sur les lèvres, elle me remercia : 

_ J’ai adoré visiter le coin avec toi ! Merci beaucoup, Nelly. 

_ C’est avec plaisir. Moi aussi j’ai aimé… passer du temps avec toi. 

Dire cette phrase me donna l’impression d’être coupable, si bien que j’enfonçai la tête dans mes épaules. Mais coupable de quoi, au juste ? 

_ Moi aussi j’aime ça, être avec toi. 

Je relevai la tête vers mon amie, et mon cœur accéléra subitement. Elle était magnifique. Ses cheveux en pagaille attachés dans un chignon mal fait, son manteau bien trop grand pour elle, son écharpe qui se défaisait, ses chaussures légèrement sales après cette promenade… Elle était simple, naturelle, et jamais quelqu’un m’avait autant attiré. On se fixait droit dans les yeux, et lorsque le regard de Maëlle se posa une seconde sur mes lèvres, mon corps entier se consuma. N’écoutant que mon cœur, et j’avoue, mon désir, je m’approchai d’elle. 

Très doucement, nos visages s'effleurèrent. Son souffle si près de moi me donna chaud, très chaud. Mon coeur tambourinait. Je fermai les yeux, et alors que je pensais enfin goûter ces lèvres qui me narguaient depuis une semaine, je sentis une main sur le bas de mon visage. J’ouvris les yeux, intriguée. Maëlle avait placé sa main sur ma bouche, et son regard était empli de désir, mais aussi de tristesse. 

_ On ne s’embrassera pas, Nelly. 

_ Mais, tu es célibaitaire et… J’avais l’impression… que tu avais envie aussi…

Elle me fixa un instant, avant de dire. 

_ Mais toi, tu es en couple. 

_ C’est vrai, mais j’ai le droit de…

Maëlle me coupa en faisant un petit pas en arrière. Cet éloignement me brisa le cœur. 

_ Oui, tu as le droit de coucher avec une femme. Mais ce n’est pas ça que je veux moi, Nelly…

_ Qu’est-ce que tu entends par là ? 

J’avais un drôle de sentiment en moi, mélange d’espoir, de crainte…. 

_ Tu me plais, Nelly. Sérieusement. Pas juste pour un coup d’un soir. Si on doit s’embrasser un jour, ce sera car tu le veux vraiment et car tu veux vivre avec moi une vraie histoire, pas juste une nuit ou deux… 

J’écarquillai les yeux, choquée. Je plaisais à Maëlle. Elle avait envie… de sortir avec moi ? Je me sentis stupide, vraiment très stupide. 

_ Bon, je rentre. Merci pour la balade, c’était chouette. A demain. 

Et sans un mot de plus, Maëlle s’en alla. Je n'osais même pas la rattraper ou quoi que ce soit. Je venais de me rendre compte qu’avec mon comportement, je l’avais blessé. Et je m’en voulais terriblement… 

Covoiturage (Histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant