Quotidien de couple

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-C'EST INJUSTE!!!
-On sait ma chérie... mais on ne peut rien y faire...
-J'AI ÉTÉ LA SEULE BLESSÉE DANS CETTE HISTOIRE! JE N'AI JAMAIS RÉPLIQUÉ À AUCUNE DE LEURS ATTAQUES! POURQUOI JE DOIS ÊTRE EXCLUE MOI AUSSI?!
-Ce n'est que pour un petit mois...
-MAIS JE N'AI RIEN FAIT DE MAL!!! C'EST MOI LA VICTIME!!! C'EST MOI QUI SUIS ALLER A L'HOSTO A CAUSE DE CETTE CINGLEE QUI A VOULU ME TUER!!! C'ETAIT UNE TENTATIVE DE MEURTRE!!!
-Tu sais qu'on a fait tout ce qu'on pouvait ma chérie... Mais il n'y a aucun témoin pour plaider en ta faveur. On a obtenu l'effet inverse en portant plainte. Ils se sont tous ligués contre toi et il aurait pu faire de toi la cinglée de l'histoire.

Les points de suture que j'avais sur l'arcade sourcilière me brûlait comme si le ciseau s'abattait à l'infini sur mon sourcil. Je ne parvenais pas à rester calme.
Je n'arrivais plus à rester dans le silence.
Je n'y arrivais plus.
Il fallait que je hurle ma douleur.
Que je hurle à pleins poumons pour toutes les fois où je m'étais tue.
Le silence me faisait mal.
Il me faisait souffrir au plus profond de mon âme.
Il FALLAIT que je hurle.
Que ça sorte.
J'étais si en colère.
J'avais la rage.
Elle bouillonnait en moi comme la lave d'un volcan en fusion.
Pendant des jours entiers, je ne suis pas parvenue à dormir tant la haine me tenait par la gorge.
C'était le surlendemain que mon état d'esprit était passé de la colère noire à l'inquiétude.
Que serais-je devenue si mon cousin et ses coéquipiers n'étaient pas intervenus?
La peur commença à me gagner petit à petit.
Elle me tordait l'estomac...
Me mettait le cerveau en vrac...
Et mon esprit combatif en miettes.

J'étais terrorisée.
Terrorisée à l'idée que la vérité n'ai pas vu le jour et que ces filles capable de me faire autant de mal sans aucun remord, ne soient pas puni.
Pire encore, elles étaient les victimes.
La peur avait une telle emprise sur moi que la simple vue de mes médailles et trophés suffisait à me donner la nausée. Lorsque notre interdiction de pratiquer du judo fut levé, je fus incapable de remettre mon kimono ou de remettre les pieds dans un dojo.
Le fait de voir un quelconque objet ou endroit lié au judo me rendait malade mais pas seulement.
Cela me frustrait.
J'avais enduré tellement de choses pour ce sport, alors pourquoi?
Pourquoi je n'arrivais pas à passer au-dessus de ce blocage?
POURQUOI?!
Il me suffisait de réenfiler mon armure et de combattre comme je l'avais toujours fait.
De me battre en ignorant encore une fois toutes les insultes, tous les coups bas et les mesquineries.
Mais pouvais-je vraiment les ignorer?
Pouvais-je encore subir?
Être encore réduite au silence?

Plutôt mourir.

Pour mon bien, mes parents décidèrent de déménager loin.
À la campagne.
Il fallait que je change d'air.
Pour que je puisse enfin retourner en cours sans rester toute la journée à l'infirmerie.
Pour que j'arrête de me visualiser sautillant dans les couloirs pour aller jusqu'au dojo.
Pour que j'arrête enfin de sauter des repas à cause de ce sentiment d'impuissance qui me nouait l'estomac et m'empêchait de me nourrir à ma faim.
Pour que j'arrête de pleurer tous les soirs jusqu'à épuisement depuis l'incident.

Il fallait que je respire.
Et la campagne était faite pour ça.

Dès mon premier jour dans ce nouveau lycée,

J'y ai fait de très belles rencontres.
Par exemple, un club de volley ensoleillé qui avait pour rêve d'atteindre les nationales.
Un apprenti arbitre revêche et son adorable petit ami.
Un nouveau coach de judo qui m'avait pris sous son aile malgré toutes les rumeurs qui pouvaient encore courir sur moi.
Un jeune volleyeur blond, accro à son casque et qui, d'apparence, était quelqu'un d'assez froid et antipathique, mais au fond, bien au fond de lui, un passionné comme tout le reste de son équipe, qui a fini par me voler mon cœur.

Et éventuellement, leur joie de vivre et leur rage de vaincre m'avaient contaminé.
Les voir se surpasser sur le terrain et se donner à fond pour atteindre leur objectif m'avait poussé à prendre la décision de reprendre le judo.

•Sunny Days•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant