Chapitre 8

4 1 0
                                    

Le 23 mai 1996.

Harry ne comptait plus les corvées que sa tante lui demandait. Sa baguette était bien cachée dans son placard, et son séjour à Poudlard semblait si lointain qu'il avait l'impression d'avoir tout imaginé par moment. Surtout quand on lui répétait à longueur de journée que la magie n'existait pas.

Il prit dans sa main droite l'éponge et frotta fortement les tâches de nourriture laissées par Dudley sur le sol de la cuisine. Son ventre émettait quelques bruits de temps à autres, mais ce n'était pas suffisant pour émouvoir son oncle vautré sur le canapé à quelques mètres de lui. Il ne comprenait pas pourquoi les travaux à Poudlard prenait autant de temps, cela faisait bien deux mois qu'il était revenu dans sa famille, et il désespérait de quitter cet endroit ne serait-ce que pour quelques jours.

Le 01 juin 1996

Severus Snape n'était pas un homme qu'on ignorait, peu de personnes possédait ce courage ou cette inconscience. Pourtant, le directeur de Poudlard semblait imperméable à toutes ses remarques.

Ce fut la raison de la présence non-annoncée de Severus dans le bureau directorial :

« Albus, ça suffit ! Nous avons besoin de discuter à propos de Harry Potter ! »

Le concerné lui jeta un regard pétillant derrière ses lunettes et ne put s'empêcher de rétorquer :

« Allons, allons... Vous me semblez bien inquiet pour cet élève. Je vous rappelle que vous étiez le premier à revendiquer une erreur du choixpeau en début d'année concernant ce même élève Severus.

- Albus, ce n'est pas la question. Les élèves ont repris les cours depuis un mois à présent, et nous n'avons toujours aucunes nouvelles de sa famille. Je ne permettrai à aucun élève de ma maison de procrastiner chez lui en attendant que Merlin lui serve les connaissances nécessaires à son apprentissage sur un plateau d'argent !

- Vous semblez ignorer une partie de la missive que j'ai communiquée aux parents. Ils ont la possibilité de renvoyer les élèves à Poudlard selon leur bon vouloir pour le moment. Dois-je vous remémorer que la reconstruction de Poudlard sera véritablement finie la semaine prochaine ? Une fois, les travaux terminés je renverrais une missive à tous les élèves manquants et pas seulement à Harry Potter.

Le 10 juin 1996

Harry ne sortait plus de son placard, il n'en avait tout simplement pas la force. Son visage était émacié, il flottait littéralement dans l'ancien tee-shirt de son cousin, et sa vision, même avec ses lunettes restait floue. Ses oreilles fonctionnaient parfaitement, et c'est pourquoi il entendit parfaitement les grognements furieux d'oncle Vernon :

« C'est déjà, la dixième lettre que l'on reçoit ! Elles sont emmenées par ces saletés d'hiboux ! Les voisins vont vraiment finir par trouver ça bizarre... hors de question que ce vaurien cause plus de problèmes ! Je dois te rappeler le nombre de lettres reçues en septembre ? »

Oncle Vernon commençait à parler de plus en plus fort. Et Harry se rappelait parfaitement qu'ils avaient été envahis par les lettres lors de son inscription à Poudlard.

Une voix plus aiguë se fit entendre :

« J'en ai marre de l'avoir dans les pattes. Chaque fois que je le vois, il me rappelle qu'il n'est pas normal... »

Le 16 juin 1996

Les Dursley malgré leur souhait de rendre Harry aux siens, ne possédaient pas la volonté suffisante pour l'emmener au quai 9 3/4. Ce fut la raison pour laquelle, ils entendirent des coups frappés à la porte, le lundi 16 juin.

Harry ne pouvait rien entendre depuis son placard, tout ce qu'il arriva à comprendre, c'était qu'une autre personne avait fait irruption chez sa famille. La poignée de son placard s'affaissa, et il vit un homme qu'il n'aurait jamais pensé voir dans ce contexte. Ses forces étaient trop faibles, pour ne serait-ce qu'interpréter le regard de l'homme.

- Visiblement Potter, vous êtes vraiment un aimant à emmerdes.

Harry ne connut pas la suite de l'histoire, mais un homme âgé d'une trentaine d'années fuit rapidement le bureau d'un vieil ami. Sa fureur était telle qu'il ne se regarda pas dans le miroir qui ornait le couloir de cet étage. Même si ce n'était pas dans ses habitudes, mais s'il avait jeté, ne serait-ce qu'un coup d'œil, il aurait aperçu une violente couleur rouge qui prenait place sur son visage. Un quelconque individu le rencontrant pour la première s'inquiéterait d'une possible allergie ou maladie, mais lui connaissait parfaitement son allergie. Les manigances d'Albus auraient sa peau. Il ne pouvait en croire ses oreilles, le marmot tenait à peine debout et reprenait des forces à l'infirmerie. Severus ne pouvait pas décemment laisser ce pauvre enfant retourner dans une famille maltraitante. Soi-disant que personne ne serait apte à l'accueillir pendant l'été, parce que « Voyons Severus, le gamin n'a pas d'ami, sa seule famille restante est les Dursley, son parrain est introuvable... Et j'espère que vous n'envisagez pas de prendre cet enfant chez vous Severus. Enfin, vous avez déjà du mal à ne pas étriper un élève durant une heure de cours, comment faire avec un enfant seul chez vous ? »

Albus ne sut pas qu'il venait d'éteindre le petit espoir de Severus de récupérer ce petit être chez lui, quelque chose se brisa en lui, il ne sut que des années plus tard ce que c'était.

Finalement, l'ancien mangemort assista à la descente aux enfers de Harry petit à petit, année après année. Il observait chaque année l'enfant repartir chaque été dans sa prison, impuissant. Le gamin était trop effrayé par sa présence pour ne serait-ce que penser à se détendre et se confier à lui. Ses amis étaient les livres qu'il lisait. Enfin, cette routine s'installa jusqu'à un évènement en sixième année, ce jour-là, tout changea. 

Ophique (fanfiction hp)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant