Les punitions de l'amour [EN PAUSE]

Dans le noir...

Peintre

Il y a 1 an...

L'annonce était faite, le prince est promis à la princesse. Ca aurait pu s'arrêter là. Le prince charmant épouse la princesse, la méchante reine est vaincue, le dragon est tué, la belle est ressuscitée d'un baiser d'amour.

 Pourtant, ça n'a rien d'un compte de fée quand le prince est un monstre avide de pouvoir et quand la princesse est amoureuse d'un autre. D'une autre. De la peintre engagée pour réaliser le tableau de la scène sans joie.

 La Cène de la sincérité .

 Le dernier repas de l'amour.

Le roi, Gregory V, prononça son discours louant les mérites du prince qui, en se mariant à sa fille, accède directement au trône. Ce dernier affiche un sourire humble et reconnaissant.

 Un sourire de façade. Un sourire pâle. Qui ressort en rictus félin et mauvais. 

Avide de pouvoir.

Sordide victoire. 

Je suis peintre, mon métier est de capturer les émotions du visage et les paroles des yeux. C'est mon métier de lire les mauvaises intentions de cet homme. 

Cette princesse n'est pas honorée.  Elle est condamnée. 

 A la mort ou au désespoir. Seul le temps en répondra. 

Je me force à dessiner mes croquis du bal. Cet argent pourrait déterminer mon avenir. Si je récolte assez d'argent avec ce tableau, je pourrait enfin quitter cette ville.

Ville d'hypocrites.   Ville de faux-semblants.

 Ville de cauchemars.  Ville de morts.

Mes sombres pensées sont chassées par l'entrée de quelqu'un dans la salle. Prête à assister à l'entre d'un dirigeant soporifique, je lève les yeux. Puis me fige.

Mes yeux s'écarquillent lentement. Ma bouche s'entrouvre. Une chaleur inconnue s'installe dans mon ventre. Ma poitrine pulse les battements de mon cœur.   

Une femme. 

Une princesse. 

Une déesse.

Princesse

Au même moment...

Ça y est ...

Derrière ces portes, ce trouve mon mari. Pfff... mon mari ? Non, mon maître. Mes parents me croyait vraiment stupide et innocente au point de ne pas savoir que mon futur époux était un roi maléfique et haineux ? Tout le personnel en parlait depuis des mois, répandant rumeurs et informations à foison. Je ne l'avait encore jamais vu mais j'en savait déjà assez. On le surnomme "créature du mal" aux quartiers des serviteurs et "Attila sanguinaire" dans les cuisines.

Chut... Respire...

Pourtant j'avais tout fait pour reculer l'évènement mais mon père avait fini par cessé de m'écouter et inviter le prince à un bal pour annoncer publiquement leurs fiançailles. Ma mère avait tout fait pour me rassurer: elle m'avait promis que le prince serait bon et doux, qu'il me traiterait comme sa femme. Ha ! "Comme sa femme" c'est bien ça le problème ! Un homme ne traite jamais bien sa femme. Il la bat, l'abuse ou ,dans le meilleur des cas, l'ignore complètement et s'en sert pour avoir un héritier mâle. Ils sont tous les mêmes, y compris mon père qui a utilisé ma mère pour étendre son territoire et obtenir un héritier. Mon frère, le prince héritier, mène une campagne. Je n'ai jamais droit au moindre petit morceau d'attention de la part du "Grand Roi Gregory". Et puis soudain, l'oncle de mon mari veux une alliance avec notre famille. Ha ! C'est la que mon père s'est subitement souvenue qu'il avait une fille cadette sous la main. Et me voila ! Devant cette grande porte en chêne orné de l'emblème de la famille royale. A attendre de rentrer dans la salle de bal sous le regard brûlant de 1000 convives plus hypocrites les uns que les autres.

Chut... Respire...

J'arrange rapidement ma robe bleu pervenche. Les gardes poussent les lourdes portes.

Chut... Respire...

La lumière plus puissante ici, m'agresse les yeux. Je n'en laisse rien paraitre et utilise les longues leçons de mon enfance, l'élégance et la grâce. Waouh, vraiment utile d'ailleurs !

Je lève mes paupières délicatement. Pose mes bras sur mes nombreux jupons. Et me fige.

Un regard.

Une étincelle.

Un amour.