07.

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Un doux rire s'échappa de mes lèvres.

Je le savais. C'était tellement sûr.

Nous continuâmes à valser. J'en profitais notamment pour regarder son costume plus en détail. Celui-ci avait un collier où un pendentif représentant une épée ensanglanté. Mon regard se porta à nouveau sur le sien, se plongeant dans ce puit noir sans fin. Ses yeux paraissaient presque éteint, mais les lumières de la fête arrivaient tout de même à procurer des étincelles à l'intérieur. Il me fixait intensément, comme si il pouvait lire à travers mon âme. Il semblait qu'il pouvait observer le plus profond de mes pensées.

Quel homme particulier.

Confirmant mes réflexions, celui-ci demanda :

— Eh bien ma reine ? Mon nom vous fait-il perdre la parole ? disait l'homme alors que je pouvais sentir son sourire à travers le masque.

Ma reine ? Je venais de passer de sa dame à sa reine là.

Mon esprit ne s'attarda pas sur ce détail.

— Oui effectivement, vous avez mis la prophétie à réalisation.

Sa main qui enlaçait la mienne quelques secondes auparavant venait doucement se diriger vers mon visage. Celle-ci glissait lentement le long de mon bras avant de rejoindre mon épaule. Elle continuait son chemin en passant sur mon cou dénudé. Ce contact vrai me provoqua un frisson.

Cet homme était réel, il n'était pas un rêve même si il en avait le goût.

L'homme sous le nom de Mars ne laissait pas le temps à mes pensées intrusives de venir se former. Sa main avait fini son chemin sur ma joue, celle-ci pourtant recouverte du masque en porcelaine.

Avec seulement un contact, il m'avait perdu. Je ne comprenais pas, je ne comprenais plus.

Pourquoi voulait-il me faire sentir comme la reine de la soirée ?
Pourquoi agissait-il ainsi ?
Pourquoi voulait-il me procurer de tels sentiments ?
Pourquoi est-il si proche de moi à cet instant ?

Danniel.

Regarde moi et dis moi que tu n'aimes pas ce que tu vois.

Il me faisait perdre mes moyens et je détestais ça. Je détestais être aussi vulnérable.

— Allons, ma chère je vous fais de l'effet ? dit-il en voyant mon corps tendu.

Et ce fut la goutte de trop.

Un rire s'arracha de mes lèvres alors que ma tête s'abaissait doucement vers le sol. Ma main libre montait dangereusement vers son cou alors que l'autre était toujours sur son épaule. Mes doigts glissaient à l'arrière de sa nuque, venait enrouler quelques unes de ses douces mèches autour de ceux-ci. Je sentais que sous mon touché, il se crispait, ne s'attendant sûrement pas à ce que je prenne autant d'initiative. J'empoignais par la suite une partie de sa chevelure, tirant d'un coup sec, forçant mon cavalier à basculer sa tête en arrière. Mon geste fit un certain effet, vu que celui-ci laissait doucement sa main tomber dans le vide.

Je relevais lentement la tête en sa direction, un sourire en coin alors qu'il perdait lentement le sien. Ses yeux reflétaient une surprise assez étrange, presque plaisante à voir.

Mon corps s'approcha du sien, celui-ci à présent figer, il bien calme tout un coup. Je venais doucement prononcer quelques mots à son oreille, mon visage en porcelaine présent à côté du sien.

— Allons mon cher, tu n'es pas le seul à faire de l'effet, Mars.

Ce tutoiement soudain lui arracha un rire, chose non prévue à la base. J'avais prononcé son faux nom comme une insulte. La musique s'arrêta lentement, amenant la fin de cette valse. Je détachais mes mains de mon cavalier. Je lui fis une légère révérence avant de me retourner.

Revolver. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant