08.

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« Jupiter et Saturne en feront une peinture, »

Cette phrase tournait sans cesse dans mon esprit tel une musique désagréable en boucle. Elle me restait indéchiffrable, il y'avait une chose que je comprenais pas.

Pourquoi auraient-ils besoin de savoir les couleurs favorites des invités pour un tableau ?

Mon esprit de fausse artiste ne comprenait pas.

Le poème prononcé par la dame aux allures de la nuit semblait se réaliser peu à peu. Le prochain vers était le suivant :

« Or Uranus ne trouvera pas ce qu'il veut, »

Qui pouvait donc être Uranus ? Que cherche-t-il ?

Il était à présent vingt-trois heures passé. L'heure fatidique de minuit approchait à grand pas. Les mots de l'étrange homme qui m'avait emmené danser me revenaient en tête.

« Reste jusqu'à minuit. Une surprise sera là, ma reine. »

Quelle était donc cette surprise ?

Je finissais par laisser mes pensées et ces questions de côté pour me concentrer sur la soirée dans un soupir. Mon regard s'accrocha à celui de Danniel, la seule identité que je connaissais à travers tous ces masques. Celui-ci me regarda avec des yeux brillants. Une étrange idée lui était sûrement passé par la tête.

Eh ma belle ! Ils ont bien dit que les appartements annexés au Nyx étaient compris dans la fête ? Viens on va en explorer !

Je le regardais longuement tout en étudiant cette idée. Cette notion d'exploration m'attirait terriblement, moi et mon esprit de curieuse. Je finissais par céder à sa proposition. Comme on dit, il faut faire des folies la nuit.

D'accord, mais il faut qu'on revienne avant minuit dans le hall. La fin de la soirée à l'air de s'annoncer.. comment dire, spéciale ?

C'est parfait, ça me va !

Sur ces mots, Danniel engagea le chemin jusqu'à un appartement dont des faibles lumières jaunes sortaient des fenêtres. De plus, on pouvait apercevoir à travers les vitres du bâtiment que des tableaux dans le style de la Renaissance étaient accrochés. Je marchais à la suite de Danniel. La porte s'ouvrît à nous sans aucune résistance. À l'intérieur, un long couloir s'étendait devant nous, éclairé à la simple lueur des chandelles. Certaines voix se faisaient entendre comme un écho au loin. Une conversation nous parvenait dans un murmure, nourrissant sans le vouloir l'indiscrétion de notre curiosité.

— Rappelez moi quel est votre nom ?

Un silence en suivit. J'attrapais la manche de Danniel. Celui-ci se retourna vers moi avec un regard qui me semblait interrogateur. En posant mon index sur mes lèvres de porcelaine, je lui indiquais de se faire discret pour écouter cette conversation. Je le vis lever les yeux au ciel. La réponse à la question se fit entendre.

— ... je vous l'ai dit, appelez moi Uranus. Vous ne saurez pas mon vrai nom. Dû moins, pas ce soir.

Un nouveau mystère s'offrait à moi. Ce goût pour les secrets allait un jour causer ma perte. Danniel me regarda avec des yeux accusateurs. On savait pertinemment tout les deux qu'on ne devait pas être là à écouter des secrets, mais ces désirs interdits prenaient bien vite raison de nous. L'attirance envers les choses qui nous appartenaient pas, envers les choses passées, envers le mystère, était l'un des vices complexes de l'Homme. Et nous étions en train de le réaliser avec Danniel. Cet amour du mystère nous appartenait.
Cette même voix reprit un discours qui ne laissait rien paraître.

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